Un curieux haut fonctionnaire, européen vraisemblablement, anciennement en exercice à Alger, vient de faire au journal italien La Stampa des révélations fracassantes, à propos de l’assassinat des sept trappistes français de Tibhirine, à Médéa, en 1996.
Selon lui, c’est un hélicoptère de l’armée algérienne qui a mitraillé l’abri où se trouvaient détenus les moines enlevés par les terroristes. Les tireurs auraient agi sur instruction des autorités supérieures, lesquelles se trouvaient en contact avec des taupes infiltrées dans les rangs des terroristes.
A cause des corps criblés de balles dont l’autopsie aurait sans doute révélé le type de munitions utilisées et par suite orienté les recherches du côté de l’armée aérienne, l’ANP se serait trouvée acculée à maquiller de façon grotesque cette tuerie collective. Elle aurait décapité les sept moines et enterré le reste de leur corps, pour rendre les traces de balles inaccessibles. En présentant ensuite les têtes seules des malheureux religieux, on offrait en même temps la preuve des monstruosités que l'on imputait aux intégristes.
Sans écarter là, bien sûr, l’hypothèse vraisemblable d’une bavure, que les journaux européens n’ont pas hésité à souligner au premier abord, l’on n’a pas manqué impudemment du coup de rapprocher ce crime odieux de celui commis quelques semaines plus tard contre Mgr Claverie, évêque d’Oran.
De toute évidence, rien ne permet de donner, à travers semblable hypothèse non étayée, quelque poids à l’accusation lancée contre l’armée algérienne pour lui faire endosser la responsabilité de ce crime sordide comme de celui aussi répugnant de Claverie suggéré en filigrane. A la limite, l’on pourrait fort bien admettre qu’il y ait eu bavure, au sens où le mitraillage aurait été mal aiguillé, mais l’on ne saurait soupçonner un instant les services responsables de la mort de Claverie. C’eût été trop bête et surtout sans mobile digne d'être défendu.