A l’heure où les Occidentaux, par leur G8, affichent leur satisfaction d’avoir abouti à des résultats concrets, à propos de l’aide programmée d’un commun accord en direction de l’Afrique, l’ONU, de son côté, considère comme insuffisants leurs efforts. D’ici à 2015, les pays africains ont très peu de chances d’atteindre les objectifs de développement retenus par les Nations Unies, écrit-elle, avant d'ajouter que le volume des subventions à ce continent n’a pratiquement pas changé depuis 2004.
Même en prévoyant l’annulation progressive de la dette africaine à hauteur de 60 milliards de dollars, en augmentant les allocations annuelles de 25 milliards d’ici 2010 et en promettant 60 autres milliards destinés à la lutte contre les maladies infectieuses, le G8 ne parviendra pas, en effet, en enrayer la pauvreté, les maladies, les famines et les conflits interethniques qui se développent en Afrique.
C’est, d’abord, dans les pays considérés comme peu engagés sur la voie démocratique ou réfractaires à toute évolution sérieuse, donc ne pouvant aspirer à toute forme de subvention occidentale, que ces phénomènes sont les plus courants.
Ensuite, par leur aide liée, les occidentaux sont de loin distancés par un nouvel acteur de la scène politique qui prend place durablement en Afrique. C’est la Chine, avec ses besoins énormes de produits miniers les plus divers, son souci d’occuper une très nombreuse main-d’œuvre hors de ses propres frontières.
Fondant toute sa politique sur ces considérations bien compréhensibles, la Chine s’impose, au plan africain, par son aide devenue substantielle et irremplaçable. Ainsi, à lui seul "le volume de ses investissements directs en Afrique dépasse de loin celui de l’ensemble des anciennes puissances coloniales", affirme le président de la Banque africaine pour le développement, Donal Karebuka, cité par Ria Novosti. Ils se montent, d’après la Banque centrale chinoise, à 12 milliards de dollars en 2006, un chiffre appelé à atteindre à 100 milliards à l’horizon 2020. En chiffre d’affaires, le montant des échanges africains avec ce pays a atteint 55.5 milliards en 2006, soit presque le triple du commerce avec la Russie. Enfin, un tiers du pétrole consommé en Chine vient d’Afrique.
C’est un peu pour toutes ces raisons qu’il faut craindre le déplacement en Afrique même du conflit toujours en gestation entre l’Occident et la Chine.