Il a suffi que la Chine s’intéresse de près aux besoins économiques de la République démocratique du Congo (ex Zaïre), pour que l’occident s’émeuve de son intrusion dans ce qu’il considérait jusqu’ici comme sa chasse gardée.
Du Zaïre de feu Mobutu, ce pantin, quarante ans placé au pouvoir sur la dépouille mortelle de Lumumba (dont certains lui attribuent même la responsabilité de l’assassinat), il n’est en effet quasiment rien resté, excepté un volume énorme de dettes, des infrastructures désuètes et abandonnées à leur triste sort, un champ minier dilapidé, la faim pour tous, en plus du désordre ambiant qui sévit toujours. C’est pourquoi on retrouve ce pays au 47è rang, donc en avant-dernière position, au plan de la « gouvernance africaine ».
Bravant un tas de difficultés que toute création d’entreprise doit affronter en RDC – il y faut, selon la Banque mondiale, un délai moyen de 155 jours – la Chine accorde à Kinshasa, en échange de concessions minières et des taxes de péage routier et ferroviaire à percevoir sur les infrastructures qu’elle se propose de construire, un prêt de 5 milliards $ (soit 3.6 milliards €). Pékin réalisera également, dans un délai de trois ans, deux universités, plusieurs milliers de logements, la remise à niveau de dizaines d’hôpitaux et d’une centaine de centres de santé, en sus de la réhabilitation des mines.
Cet accord, considéré comme dérangeant, notamment par le FMI qui étudie en ce moment le principe de l’annulation de l’essentiel de la dette extérieure de la RDC, provoque d’un autre côté une levée de boucliers des entreprises minières occidentales intéressées par un retour aux affaires dans ce pays, dont elles exploitaient par le passé des gisements juteux de cuivre et de cobalt du Katanga, avant qu’ils ne fussent confiés à des entreprises d’Etat conduites par suite à la faillite.
Ces entreprises occidentales, qui avaient quasiment fait fi de leurs obligations légales (défaut de paiement notamment des impôts et taxes) durant tout le temps où elles opéraient sur les lieux, sont en fait bien mal placées pour s’opposer au réexamen plus équilibré des contrats souscrits dans le passé par elles. Même si d’aucuns craignent que, sous l’effet de la corruption, certaines sociétés pourront réactiver aux conditions très avantageuses qui étaient les leurs, il n’est pas exclu que l’immixtion de la Chine sur ce terrain ne bouleverse radicalement l’état des lieux.