Le nouveau phénomène inquiétant, qui prend, en Algérie, des dimensions de plus en plus considérables, est celui du vol de l'électricité et de l'eau par les usagers particuliers mais aussi par les entreprises.
Toute honte bue, ces délinquants d'un nouveau genre, qui appartiennent à toutes les couches sociales, selon les indications fournies ici ou là par les enquêteurs, parviennent à shunter leur alimentation en électricité ou en eau de telle sorte que les index de leurs compteurs donnent toujours des consommations très inférieures à la réalité.
Or, en l'occurrence, les ingénieurs de Sonelgaz, l'entreprise qui produit l'électricité, sont très bien placés pour savoir que les transformateurs sont poussés très souvent à leurs limites maximales, la demande d'énergie restant constamment croissante partout. Et, par conséquent, si un quartier desservi par un transformateur donné accuse une consommation bien en-deçà de la puissance nominale fournie, une enquête est automatiquement déclenchée, qui permet de vérifier l'une après l'autre les connexions suspectes.
Aussi, les fraudeurs se font-ils très vite choper et sont aussitôt lourdement sanctionnés par des amendes ou même traduits en justice, où ils risquent la prison en cas de récidive.
Ils ne comprennent surtout pas que les pertes ainsi infligées à Sonelgaz se retournent fatalement contre l'ensemble des usagers, puisque cette entreprise ne trouve d'autre solution pour récupérer ses fonds que dans le rehaussement des tarifs exigibles de ses abonnés. Ainsi, pour ne citer que la région de Chlef, à l'ouest de la capitale, près de 6000 affaires de ce type ont été traitées entre 2005 et 2009. Elles portaient sur une perte globale de 173 milliards, indique une correspondance publiée par le journal El-Watan d'aujourd'hui.
Malheureusement, ce phénomène concerne aussi la distribution de l'eau, suite, semble-t-il, à son renchérissement notable de ces dernières années. Ici, les déviations faites par les fraudeurs sont encore moins décelables et plus faciles à enterrer. Comme, de plus, il n'y a pas de compteurs intermédiaires entre les abonnés et la source de pompage, il est encore beaucoup plus difficile de situer les segments soumis à la fraude.
Le résultat au final est que les bons payeurs paient pour les mauvais, faute de vigilance ou de contrôle régulier par les entreprises concernées et surtout de civisme le plus élémentaire des la part des usagers.