Il est temps pour Bouteflika de se retirer

Des informations concordantes et récurrentes accréditent un état de santé de plus en plus délabré de Bouteflika.

A le voir simplement, en effet, se lisent dans la démarche et sur le visage des signes qui ne trompent pas de la grande lassitude qui se confond avec le dépérissement rapide du chef de l'Etat algérien. A observer encore l'extrême fatigue de ses yeux, l'on n'éprouve alors aucune peine à comprendre qu'il est profondément usé, que la maladie, loin de s'estomper, reste toujours omniprésente chez lui, qu'elle le ronge en dedans à petit feu sans doute mais sûrement.

Aussi, quand certains journalistes, comme c'est le cas aujourd'hui du conseil des ministres qu'il semble avoir plutôt conduit avec approximation hier, se surprennent à constater chez lui une présence de plus en plus relâchée à ses fonctions, ils omettent en réalité de lier cet abandon principalement à son état de santé déclinant.

De plus, et ceux qui l'ont approché le confirment toujours, Bouteflika n'a jamais été un bosseur au sens plein du terme. Cédant davantage au farniente et aux plaisirs de la vie que se sont toujours offerts à lui dans une succession de responsabilités plus ou moins bien dominées sinon méritées, le président algérien, à dire vrai, n'a jamais brillé par quelque ouvrage personnel qui eût justifié une quelconque célébrité. Des mauvaises langues lui attribuent d'ailleurs un bien piètre rôle que celui de signer, ces temps derniers, une foule de préfaces pour des ouvrages historiques qu'il aurait fait écrire par des négriers grenouillant à ses côtés.

Incapable d'écrire le moindre texte en français comme en arabe, dit-on, il n'a jamais été, que l'on sache, signataire à tout le moins d'un quelconque article de presse, fût-il politique ou littéraire, qui soit vraiment de son cru.

Il doit tout à la politique et surtout au meilleur choix de ses amis qui, dès le début, l'ont propulsé très jeune encore à des fonctions aussi élevées qu'inespérées. In fine, il termine une carrière assez singulière, celle de battre peut-être le record de longévité à la tête de l'Etat algérien, s'il parvient à obtenir et à mener jusqu'à son terme le troisième mandat qui le fait tant courir aujourd'hui.

Un article publié hier dans http://toutsurlalgerie.com tombe à point nommé pour confirmer cette propension de Bouteflika, que Benchicou n'a pas manqué du reste de relever dans l'ouvrage qu'il lui a consacré, à faire un grand usage du verbe pour épater ses auditeurs. D'ailleurs, rappelons-nous ses attitudes théâtrales qui présidaient à chacune de ses apparitions publiques tout au début de son premier quinquennat : il se disait alors à même de maîtriser l'imparfait du subjonctif et ne s'empêchait pas d'utiliser des mots extravagants devant les journalistes. Le plus singulier, que je garde toujours en mémoire, est celui de "cucul*" qu'il avait alors adressé à ces derniers, regroupés au fond de la salle. Le sens du mot ayant sans doute échappé à la plupart d'entre eux, les publicistes, dans un bel unanimisme singulier, s'étaient alors bêtement contentés d'exploser de rire.

Pour revenir à l'article de TSA, voici son contenu :
*************************************************************************

Abdelaziz Bouteflika vient de s’adjoindre les services d’une jeune et brillante diplomée d’une prestigieuse école française. Attachée à la présidence, celle-ci est principalement chargée…de lui préparer des notes sur des ouvrages des grands auteurs classiques et des essais à la mode.

Et pour le président, ces petites fiches cartonnées qui regorgent de citations historiques servent à nourrir ses conversations avec ses homologues et à garnir ses discours. De quoi apparaître en homme lettré qui sied à sa fonction. Ou comment gagner de la hauteur de vue, s’inspirer des leçons du passé, le tout grâce…à la lectrice miracle.

--------------
(*) cucul : niais, un peu ridicule, selon Robert. Larousse donne une définition plus complète : Qui est niais, sot et naïf ou qui est démodé, un peu ridicule

Parce que Benchicou, l'ex directeur du quotidien Le Matin a inséré, sur son site, le même article publié par toutsurlalgerie et l'a fait suivre d'un commentaire de son cru, il s'est trouvé un grand nombre de lecteurs pour lui dénier le droit de dire ce qu'il pense de "son" bourreau.

Mais, à l'analyse de leurs écrits, l'on s'aperçoit bien, en vérité, qu'ils viennent tous des mêmes sources sensiblement, sous des pseudonymes différents.

Cela m'a poussé à écrire à mon tour un petit commentaire que j'ai rajouté à la suite de l'article ci-dessus d'Ouchen pour insérer le tout dans le même site du Matin. Le voici :

« Cela dit, les thuriféraires et autres gens de la claque qui ont défilé ici devraient se rendre sur Google, demander André Savelli et lire la lettre adressée en décembre dernier par ce professeur agrégé à Bouteflika, ainsi que les mille commentaires qui l'ont suivie pour se faire une idée plus précise de l'estime dans laquelle l'Algérie est tenue, tout particulièrement du côté de ses anciens colonisateurs. Devrait-on leur donner raison pour reconnaître bel et bien que l'Algérie, conduite de longue date déjà par des corrompus, des rapaces, des ignares et autres tarés, cause principale de sa décadence, se fût mieux portée si elle eût gardé son statut colonial ? Nous savons tous que c'est hors de question. Mais, alors, que faisons-nous pour la délivrer de cette engeance qui insulte à la mémoire des centaines de milliers d'hommes et de femmes morts pour sa libération ? »

Selon El-Watan d'aujourd'hui, dont l'un des journalistes, M.A.O., a couvert la conférence organisée, hier, au Palais des Nations, Bouteflika n'était guère en état simplement de lire son discours. "L'entrain et la vitalité", habituels chez lui, n'étaient pas cette fois au rendez-vous, a observé le publiciste.

Greffée sur un homme qui commence à ressentir le poids des ans, la maladie transparaît très clairement sur le visage du président algérien. Un simple coup d'oeil sur la photo inséréé plus haut montre, au demeurant, la grande fatigue lisible sur les yeux, tout particulièrement.

C'est là tout le problème du prochain mandat qui reste totalement hypothétique. Même s'il se trouve une petite frange de thuriféraires, notamment dans les centres de décision, disposée à soutenir sa candidature, une autre frange plus large et surtout un peu plus lucide préfère plutôt attendre, espérant en fin de compte que le temps lui-même règle le problème dans le fond.