Craignant la contagion tunisienne, les autorités algériennes, instruites au plus haut niveau de l'État, prennent hâtivement toutes sortes d'initiatives ayant pour effet d'éloigner le spectre de la révolte populaire susceptible de débarrasser le pays de ses dictateurs.
Ainsi, elles ont d'abord multiplié les commandes de produits alimentaires provenant de l'étranger pour éviter toute espèce de pénurie sur le marché. Elles ont ensuite enjoint aux autorités locales et aux entreprises publiques de dégager le plus possible de postes de travail afin de résorber une part du chômage qui constitue le plus grave danger de soulèvement. Enfin, elles ont ordonné à l'ensemble des communes de nettoyer les villes de tous les pneus usagés pouvant se trouver entre les mains des vulcanisateurs ou ailleurs.
Parallèlement, elles instruisent le syndicat aux ordres, l'UGTA, du soin de constituer des comités de vigilance chargés de veiller sur la préservation des entreprises et de leurs biens en cas d'émeutes.
Pendant ce temps, la capitale est aujourd'hui quadrillée par de puissantes forces anti-émeutes chargées de surveiller et de réprimer au besoin toute espèce de regroupement, comme l'exemple en a été donné il y a quelques jours place du 1er mai.
L'Algérie étant d'ores et déjà le pays où au moins cinq personnes ont tenté de se donner la mort ces derniers jours, dans le sillage de la révolution tunisienne, le dictateur Bouteflika, qui ne peut plus compter désormais sur ses soutiens occidentaux, craint en effet que les forces de sécurité ne puissent utiliser, aussi aisément qu'auparavant, leurs armes pour venir à bout d'un soulèvement qui risque de les emporter, lui et sa bande de mafieux.