La Constitution constipée à Douala mais aussi à Alger

Lambo Sandjo Pierre Roger est le nom de ce chanteur camerounais, auteur de la chanson "Constitution constipée" qu'il entonne pour fustiger le projet de Paul Biya, président en place depuis 26 ans, de tripatouiller la Constitution afin de lui ouvrir l'accès au pouvoir à vie. Une telle dérive de sous-développé en rappelle, en vérité, bien d'autres un peu partout dans le tiers-monde. Le texte fondateur du pays est ainsi manipulé à volonté, ici ou là, avec la complaisance ouverte du parlement croupion local pour permettre au dictateur en place de conserver "légalement" les rênes du pays. La Tunisie, l'Egypte, la Libye et bien d'autres pays ont déjà cédé à ce travers méprisable, tandis qu'au Cameroun ou en Algérie, l'on s'active à suivre indolemment le mouvement.

Pour revenir au malheureux Lambo, il vient d'être jeté en prison sous le fallacieux prétexte, indique sa femme, qu'il aurait poussé les manifestants de la semaine dernière, qui protestaient contre la vie chère, à exercer des violences, notamment à Mbanga, à l'ouest du pays.

Pour mettre un terme aux agissements de quelqu'un qui s'était distingué dans la contestation d'un régime aux allures de dictature, l'on ne pouvait trouver d'autre solution que de l'envoyer derrière les barreaux, manière en même temps d'envoyer un avertissement à toute espèce de protestation à venir.

Y en aurait-il d'ailleurs qu'elle serait vite étouffée dans l'oeuf, l'assemblée nationale camerounaise ayant, hier, officiellement adpoté le projet de loi supprimant la limitation du nombre de ces mandats.[i]