Orascom et le pouvoir algérien, qu'y a-t-il derrière ?

Le parti RCD vient d'insérer dans son site un article fort intéressant, qui concerne les investissements en Algérie, d'Orascom, cette firme tentaculaire égyptienne, dont on cite couramment le fils de Mubarek, le président égyptien, comme propriétaire. Le déploiement si considérable de cette entreprise, dans le pays, a de quoi en effet surprendre, dans la mesure où tous les autres investisseurs potentiels se tiennent dans une réserve qu'expliquent en grande partie l'insécurité, d'un côté, et l'attente d'aménagements souhaités au niveau de l'appareil financier, de l'autre. En attendant que la presse nationale s'empare de cette affaire et la commente, il est bon de réfléchir à ses tenants et aboutissants sur lesquels le RCD reste cependant évasif... Voici l'article, dans son intégralité :
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ORASCOM: LA BOMBE A RETARDEMENT
07/03/2008

Le groupe ORASCOM connaît des extensions qui embrassent tous les secteurs d'activités économiques, au moment où les autres opérateurs sont bloqués ou, en tout cas, découragés dans leurs entreprises et projets d'investissement ou de prises de participations dans le processus de privatisation.

Pour ne parler que de la téléphonie, on se surprend à imaginer les conséquences d'une investigation sérieuse sur la façon dont a été livré le marché algérien. La première concession a été cédée pour un montant de 700 millions de dollars qui, du reste, n'ont pas encore été intégralement versés.

Le marché est si juteux et les facilités accordées si généreuses que le groupe transfère 600 millions de dollars par an. A titre de comparaison, le Maroc, qui offre un marché équivalent, a vendu 50% du capital de Maroc Télécom pour la somme de 1,5 milliards d'euros, soit 2,2 milliards de dollars, au groupe Vivendi, avec en prime un siège marocain au conseil d'administration du dit groupe. La comparaison se passe de commentaire.

Faut-il rappeler que les opérations mirobolantes d'ORASCOM n'ont été possibles que par ce que la plupart des actionnaires sont recrutés dans les tout premiers cercles du pouvoir ?

Quand tous les dessous du montage de ces manœuvres seront connus, l'affaire KHALIFA relèvera du fait divers.

Pour l'immédiat, l'article du RCD n'a pas eu un grand écho, les journaux algériens s'étant trouvés, sans doute, bouclés à l'heure de la reprise et de l'insertion de cette information dans Tout sur l'Algérie, un site apparemment très prisé, parce qu'il disposerait de ses entrées particulières dans le secret des affaires locales. Seul, enfin, Le Matin d'Algérie, site de Benchicou, a pu jusqu'ici insérer un commentaire à ce sujet. Et ce dernier pose néanmoins principalement deux importantes questions méritant des réponses précises et claires.

La première a trait au règlement de sa dette par Orascom. L'incapacité de cette entreprise à se libérer en devises du solde de sa dette vis-à-vis de l'Algérie semble bien loin d'expliquer les autorisations, à tout le moins illégales, dont elle aurait disposées pour expatrier en dollars des bénéfices bien plus élevés que le montant de cette dette.

La deuxième concerne ses nouveaux investissements. Faute encore par elle de disposer de fonds propres, nécessairement en devises, pour financer ses projets autres que celui de téléphonie mobile qui, seul, justifie sa présence sur le marché algérien, cet opérateur lèverait des fonds avec une grande facilité au niveau des banques publiques nationales. Et là, non seulement semblable aide accordée à une société étrangère contrevient aux règles de protection de l'économie nationale, mais lèse les intérêts des entreprises nationales privées ou publiques, auxquelles les crédits de cette nature sont généralement distribués avec parcimonie et conditionnés par des montagnes de paperasse, chose dont on a sans nul doute épargné Orascom.

En d'autres termes, nous nous trouvons là devant une véritable dilapidation de deniers publics, au profit de surcroît d'une entreprise étrangère. Et, ce que laisse entendre en filigrane l'article du RCD trouve ici toute sa résonance, quant à de possibles malversations ou manigances impliquant nécessairement des responsables politiques de haut niveau.

Pan ! dans le mille. Orascom vient d'obtenir, à en croire toutsurlalgerie.com, une ligne de crédit de un milliard cent millions d'euros non pas en Egypte ou ailleurs, s'agissant là d'une entreprise étrangère d'origine égyptienne, mais des banques publiques algériennes pilotées par la BEA : BNA, CPA, BDL et CNEP.

Ce crédit est destiné à financer la réalisation d'une unité de fertilisants à Arzew, créée sous le nom de Sorfert Algéria, où Orascom et Sonatrach détiennent respectivement 51 % et 49 % du capital.

L'usine compte démarrer sa production à l'horizon 2010 et devenir exportatrice.

Le fait est enfin qu'Orascom Algérie, qu'on dit entre les mains de certains pontes du pouvoir algérien, transgresse totalement les règlements ayant cours dans le pays. Elle a obtenu en toute illégalité des crédits localement pour édifier à la fois son empire téléphonique, sa cimenterie et, aujourd'hui, son unité de fertilisants.