Orascom semble pressée de plier bagages d'Algérie

Pour de multiples raisons, inhérentes d'abord à la détérioration des relations entre l'Algérie et l'Egypte depuis le match de foot du Caire qui a fait tant parler de lui en novembre dernier, ensuite au dispositif légal mis en place en Algérie pour protéger son économie, Orascom, propriétaire égyptienne de la filiale Djezzy opérant dans la téléphonie mobile en Algérie, cherche à vendre sa "poule aux œufs d'or", grâce à laquelle elle a pourtant réussi à se hisser à un niveau mondial dans sa catégorie.

Les autorités algériennes, échaudées par l'énorme profit réalisé sur leur dos par Orascom en revendant au groupe Lafarge des cimenteries achetées à bon compte à l'Etat, ont modifié sensiblement la loi dans le sens où il est désormais interdit pour un investisseur étranger de revendre son entreprise sans autorisation préalable des pouvoirs publics.

Il est vrai qu'Orascom, ramenée dans ses bagages depuis les Emirats par Bouteflika, s'est engraissée sur le dos du contribuable algérien, puisque l'ensemble des investissements réalisés dans le pays par ses soins ont été financés sur les fonds bancaires publics de l'Algérie. Autrement dit, l'entreprise égyptienne, démarchée par l'homme d'affaires Shorafa, un ami personnel de Bouteflika, s'est installée en Algérie sans un sou vaillant.

Aujourd'hui que des responsables au sommet de l'Etat entendent mettre fin au favoritisme consenti par Bouteflika à ses amis de la péninsule arabique, il n'est donc plus question qu'Orascom réalise sa filiale sans consentement préalable de l'Etat algérien, lequel entend d'ailleurs faire prévaloir, conformément à la loi, son droit de préemption.

L'entreprise sud-africaine MTN approchée d'ailleurs par Orascom s'est vu signifier aujourd'hui l'impossibilité pour elle de racheter Djezzy. Mieux, la ministre sud-africaine du Commerce et de l'industrie, de passage à Alger pour défendre le dossier, a été priée d'envisager le partenariat de l'Algérie avec son pays non pas sous forme d'un acte de commerce permettant le transfert de Djezzy à MTN mais par des actes d'investissements durables et pertinents.

Une dépêche de TSA, d'aujourd'hui, annonce qu'Orascom se serait déjà rapprochée des pouvoirs publics d'Alger, pour négocier les conditions de vente éventuelle de sa filiale locale, Djezzy.

Ce contact, grâce auquel l'action de cette entreprise, en bourse du Caire, aurait immédiatement remonté de 10 %, confirme donc que cette dernière cherche bien, en dépit de ses diverses dénégations, à se retirer du pays.

Alger ne cache plus aussi qu'une telle prise de position est en relation directe avec les événements qui ont secoué l'Algérie, à l'occasion du match de football du Caire, en novembre dernier, où les joueurs algériens s'étaient fait agresser par les supporters égyptiens, et qui se sont soldés par la destruction de tous les biens commerciaux de Djezzy en particulier.

Orascom, par la bouche de son porte-parole, Hamid Manal, déclare, ce matin, avoir reçu une réponse positive des pouvoirs publics en vue d'entrer en négociation avec l'Etat algérien pour le rachat de sa filiale Djezzy.

Il ne reste donc pour les deux parties qu'à aborder la phase active des estimations réciproques de cette entreprise et la définition des parts que veut s'octroyer l'Etat en dehors des 3 % du capital déjà réservés à Cevital.

Le vrai fond du problème demeure néanmoins l'approche politique de cette vente. Si les négociateurs algériens s'estiment en droit d'évaluer au plus juste le coût de leur investissement qui pourrait être largement en-dessous des valeurs comptables officiellement déclarées, les responsables politiques au sommet, qui détiennent en sous-main des parts dans cette société, peuvent s'y opposer pour défendre leurs propres intérêts. Aussi, l'offre de rachat négociée auparavant avec MNT, l'opérateur sud-africain, demeurerait-elle, si elle n'est pas déjà connue, un point de référence précieux pour les deux parties.

Les jours prochains nous indiqueront, en tout cas, dans quelle mesure, si les négociations aboutissent, l'Etat aura oui ou non concédé à Orascom un profit surestimé de la vente de sa filiale.