Abadou est dans le cirage

L'ONM (Organisation nationale des moudjahidin) remet ça : elle exige de la France qu'elle reconnaisse ses crimes en Algérie et demande pardon à son peuple. C'est en tout cas le sens du message contenu dans la lettre adressée à la veuve de Maurice Audin qui commémorait ce matin la mort de son époux, assassiné par les parachutistes du tandem Massu-Aussaresses, en 1957.

"Peut-on oublier les tortures, les exécutions sommaires, le génocide de centaines de milliers de martyrs, les crimes contre l'humanité ? s'est encore indigné Said Abadou, avant d'ajouter : "Tourner la page, oui ! la déchirer, non !"

Tout indique que l'ONM est restée bien ignorante des développements réservés, il y a juste quelques semaines, à cette idée de repentance, par le président français lui-même. Du reste, tout autour de lui, y compris dans le camp socialiste, il ne s'est trouvé que quelques rares humanistes à avoir osé soutenir, mais du bout des lèvres, pareil acte de contrition. Revigoré par le coup de barre à droite, l'essentiel de l'opinion française a fini par basculer du côté des tortionnaires et autres assassins qui ont fait montre en Indochine comme en Algérie, en Tunisie comme au Maroc de la plus extrême sauvagerie, particulièrement en banalisant la pratique de la torture, tout en cherchant inlassablement à justifier l'injustifiable.

Bien évidemment, ont tort les Abadou et consorts qui feignent encore aujourd'hui d'ignorer que le plus grand mal vécu, durant sa lutte de libération, par le peuple algérien s'est produit sous le règne tout particulier de Guy Mollet et de son gouvernement socialiste, preuve d'ailleurs que les socialistes ont eux-mêmes voté en février 2005, en catimini, la loi scélérate glorifiant le colonialisme. Pire encore, les pouvoirs spéciaux, qui ont donné naissance aux excès les plus bas à cette époque, ont été aussi votés par le parti communiste. Alors ?