La presse algérienne de ce matin publie des chiffres effarants à propos des accidents de la circulation routière recensés durant la première semaine de ce mois de janvier 2008 : 44 morts et dix fois plus de blessés, soit 443 exactement, dans 365 accidents. La capitale, Alger, détient la palme avec 82 accidents, au cours de cette période.
A fin novembre dernier, les statistiques donnent 3118 décès et 38282 blessés : une véritable hécatombe, d'autant plus inexplicable pour les autorités que la loi a été renforcée depuis 2005 pour tenter de freiner semblable hémorragie.
Aussi, se pose-t-on diverses questions ayant trait en particulier à l'efficacité des mesures nouvellement prises, d'un côté, et, de l'autre, à la qualité des pièces de rechange disponibles sur le marché et dont on attribue en grande partie l'origine à Taïwan pour paraphraser les fabricants au noir de ce type de produits d'usage déconseillé dans le domaine automobile. Il semble que plus de 50 % des pièces vendues en Algérie proviennent précisément de ces contrées asiatiques où prolifèrent ces fabrications à moindre coût mais peu sûres.
Pour ma part, je trouve plutôt vain et simpliste de chercher à expliquer autrement les causes de ces drames que nous détenons pourtant dans nos mains. Il suffit d'ailleurs de rouler une demi-heure en ville ou sur autoroute pour s'en convaincre. Les Algériens au volant, d'une façon générale, quels que soient leur âge, leur sexe, leur condition sociale, l'heure et le lieu de circulation, la voiture ou son état se comportent, en vérité, en rebelles traditionnels et invétérés à toute forme de règlementation ou de contrainte.
D'abord, nulle part au monde on double simultanément à gauche et à droite comme c'est devenu quasiment la règle à Alger et ses environs. Et cela se pratique régulièrement à la barbe des flics ou des gendarmes, le plus librement du monde.
Ensuite, il est devenu bien rare de voir un véhicule qui vous précède signaler son intention de doubler ou de changer de direction au prochain carrefour. Pire, quand on est dans une file, le mieux est aujourd'hui d'ouvrir immédiatement le passage à tout véhicule sortant précipitamment de son créneau, sans quoi l'on s'expose aussitôt, de la part de son conducteur, à toutes sortes de quolibets voire d'insultes et de prises de bec se terminant parfois par des empoignades.
La chaussée est bien souvent la propriété exclusive de tout automobiliste s'avisant à tout bout de champ de s'arrêter en son milieu pour changer une roue, s'enquérir d'un défaut suspect de sa machine, sinon pour héler un passant et bavarder avec lui ou entrer dans un magasin, laissant alors la porte ouverte, etc.
Enfin, si les excès de vitesse en ville ou en campagne ont pour effet de menacer la vie des passants ou des automobilistes en circulation, les services d'ordre dont la mission est justement d'interpeller les contrevenants ne sont jamais là que pour installer des barrages bien souvent inutiles et ne concourant qu'au ralentissement de la fluidité de la circulation, engendrant du coup des accidents sinon des blocages qui n'apportent rien de positif à l'Etat comme aux usagers eux-mêmes de la route.
Ce n'est certainement pas, enfin, les retraits ponctuels de permis, qui se font trop souvent à la tête du client, qui contribueront au rétablissement de la sécurité sur les routes. Ce n'est pas non plus la présence statique de flics ou de gendarmes sur des points définis des voies roulantes qui participera de la réduction des accidents. Il y va d'une action concertée, dissuasive, persévérante, affirmée et surtout contrôlée des services d'ordre pour venir à bout de cette hécatombe qui menace tout un chacun exposant tous les jours sa vie sur les routes algériennes.