tsa - 1er.11.2015 |
Par Achira Mammeri | Actualité
La liquidation de Abane Ramdane était « le seul remède », a déclaré Dahou Ould Kablia, président de l’association des anciens du Malg (ministère de l’armement et des liaisons générales), dans un entretien publié ce dimanche 1er novembre par le quotidien arabophone Echourouk.
Ould Kablia défend, justifie et assume pleinement le crime. « Abane Ramdane avait une perception différente de la gestion de la Révolution; il était en total désaccord avec les autres dirigeants militaires », a-t-il ajouté.
L’ancien ministre de l’Intérieur décrit Abane comme étant un homme « orgueilleux » qui, de surcroît, adoptait une attitude « méprisante envers ses compagnons de guerre » ; un comportement qui suscitait à chaque fois une intervention de Ferhat Abass, président du gouvernement provisoire, selon lui.
Abane Ramdane refusait le dialogue et les débats et il n’admettait pas le consensus, poursuit Dahou Ould Kablia, en affirmant que cette vision n’était pas partagée par ses collègues au gouvernement provisoire, ou au sein de l’instance de coordination. En somme Abane « n’avait aucun sympathisant et aucune influence », a-t-il dit. « Le plus dangereux, comme le souligne Ferhat Abbas dans ses mémoires, c’est qu’il traitait ses compagnons de mules », a ajouté Ould Kablia.
Cette tension permanente entre Abane et les dirigeants politiques et militaires de la Révolution, notamment Abdelhafid Boussouf, s’était transformée au fil du temps en une affaire « d’existence et de survie », selon Ould Kablia. Et c'est à ce moment là que la décision de liquider Abane a été prise, a-t-il ajouté.
Dans un autre chapitre, Ould Kablia est revenu sur le rôle politique « important » joué par Boussouf, pendant la Révolution. « Un Homme écouté, respecté et dont les positons étaient déterminantes au sein du GPRA », a-t-il témoigné.
Il a également abordé la crise survenue après le congrès de Tripoli en juin 1962 et les divergences entre le GPRA, l’état-major et Ben Bella qui voulaient geler le gouvernement provisoire et le remplacer par un Bureau politique. Ainsi que la décision de Youcef Benkheda de renoncer à la création d’un gouvernement, évitant ainsi la confrontation avec les dirigeants militaires.
Boudiaf ne faisait pas confiance à Boumediene
Le président de l’association des anciens du Malg parle des ambitions démesurées de certains dirigeants de la Révolution à la veille de l’indépendance du pays. Il cite Ahmed Ben Bella, Rabah Bitat, Mohamed Khider, et au second degré, Houari Boumediene. Ce dernier a d’ailleurs proposé à Mohamed Boudiaf la direction du Bureau politique, sous prétexte que ce poste allait lui ouvrir les porte de la présidence de l’Algérie, mais ce dernier avait refusé, relate Ould Kablia. « Boudiaf n’avait aucune confiance en Boumediene et dans l’état-major, parce qu’il a compris dès la première réunion du Bureau politique, que cette instance a reculé sur ses engagements signés dans les accords d’Evian, en optant notamment pour le parti unique, un choix non démocratique », explique-t-il.
Accords d’Evian
Ould Kablia estime que les Algériens n’ont pas respecté des clauses des accords d'Évian, notamment au chapitre des nationalisations. « Les Algériens avaient la possibilité de nationaliser tout, à condition de prévoir des dédommagements pour l’autre partie. En 1963, ils ont tout pris, sans prévoir le moindre dédommagements », atteste-t-il.
Ould Kablia confie que les anciens du Malg s’étaient mis au service de l’armée algérienne sous les ordres de Boussouf. Enfin, il a annoncé que le Malg a remis ses archives. Plus de 50 tonnes de documents au ministère de la Défense nationale.
(http://www.tsa-algerie.com/20151101/dahou-ould-kablia-defend-et-justifie-lassassinat-de-abane-ramdane/)