ZDnet.fr - 30.06.2014
par Louis Adam
Sécurité : C’était une promesse d’Obama faite en juin 2013, les services de renseignement américains allaient devoir faire la lumière sur le maximum de leurs activités. Autant dire que le rapport était attendu de longue date, même si on en apprend finalement plus en lisant le Guardiann.
Le mal est fait, mais l’effort est louable. En 2013, Edward Snowden tapait un grand coup de pied dans la fourmilière du renseignement américain et révélait les activités de la NSA, l’organe américain d’espionnage des communications qui avait lentement mais surement truffé l’internet mondial de ses mouchards. Face à ce coup de théâtre, le président Barack Obama promettait une attitude plus vertueuse et plus transparente pour l’agence, sans pour autant remettre en question les programmes d’interceptions de communication mis en place.
« Publie-le sur Tumblr, ça passera mieux »
Un an plus tard, l’ODNI, le bureau des renseignements américain publie donc son premier rapport officiel détaillant ses activités d’interceptions des communications. Première surprise qui n’a pas manqué de susciter quelques interrogations : le rapport a été publié dans un premier temps sur le tumblr de l’ODNI, une plateforme que l’on utilise plus généralement pour partager des gifs de chatons que pour diffuser des rapports sur la surveillance de masse.
Mais soit, le rapport offre tout de même un rapide aperçu de l’activité du renseignement américain au sens large au cours de l’année 2013. Ce rapport étant le premier du genre, difficile de comparer avec les années précédentes, mais on peut relever plusieurs chiffres qui donnent une idée de l’ampleur des écoutes pratiquées par la NSA.
La cible, une notion très floue
Une idée seulement, car le rapport reste volontairement très évasif sur les chiffres exacts. Le texte donne ainsi le nombre de « cibles » visées par l’arsenal d’interception de la NSA, mais précise que ces « cibles » peuvent signifier autant un individu en particulier qu’une organisation, un groupe, un business ou même une puissance étrangère.
Donc quand le rapport annonce que les écoutes hors sol US comptent pour l’année 2013 un total de 1144 « cibles » (rassemblées sous la dénomination FISA orders), il est très difficile d’évaluer ce que cela représente réellement. De la même manière, on ne peut que tiquer à la mention de la ligne « section 702 » de la liste, qui touche 89.000 « cibles » et peut représenter en réalité un nombre bien plus important d’individus dans le collimateur de la NSA. Le programme Prism, qui avait été révélé l’année dernière par Edward Snowden, fait notamment partie des outils employés dans le cadre de cette « section 702. »
Les douces missives de la NSA
Le rapport est en revanche plus loquace sur les lettres et requêtes d’informations adressées aux entreprises dans le cadre des enquêtes du FBI. Si Google et consorts luttent fréquemment dans les tribunaux pour obtenir le simple droit de communiquer sur ces requêtes, l’ODNI ne voit aucun problème à diffuser le chiffre global : en 2013, 19.212 lettres ont donc été envoyées pour un total de 38.832 requêtes d’information. La différence est subtile, mais une lettre peut en effet recouvrer un certain nombre d’informations différentes et permettre à l’agence de renseignement de récupérer par exemple plusieurs adresses e-mail ou numéros de téléphone pour une seule demande.
Au terme du rapport, on n'est finalement pas plus avancés. Il dévoile, certes, certains chiffres intéressants qui, une fois recoupés avec ceux publiés par Google et consorts, permet d’avoir une idée de l’influence de la NSA sur les entreprises américaines. Mais il ne nous apprend rien de très neuf et reste extrêmement évasif sur la réalité et l’impact de la surveillance. Un premier pas vers la transparence, plaide Google, mais un pas timide et mesuré, il faut bien l’avouer.
(http://www.zdnet.fr/actualites/le-1er-rapport-officiel-sur-les-activites-de-la-nsa-ne-brille-pas-par-sa-transparence-39803161.htm)