L'Algérie a trop d'argent à ne savoir à quoi le dépenser

Pour apprendre ce qui se passe chez eux, les Algériens ont coutume de se brancher en permanence sur l'étranger, les chaînes télévisées ou les journaux étant généralement plus privilégiés par rapport aux médias nationaux vers lesquels l'information est d'ordinaire distillée au compte-gouttes.

Aussi, ne sont-ils pas surpris d'apprendre, aujourd'hui seulement, par le canal du journal espagnol El Pais que leur gouvernement a lancé, au cours de l'été dernier, un appel d'offres international ayant pour objet la mise en place d'une "barrière électronique" qui doit longer les frontières du pays sur 6500 km.

Par cette parade, les dirigeants d'Alger croient pouvoir interdire aux terroristes venant de l'étranger de traverser les frontières du pays aussi librement qu'ils le font jusqu'ici.

Cet ouvrage gigantesque, dont il est permis d'ores et déjà de prévoir les résultats négatifs, coûterait la bagatelle de quelques milliards d'euros. Exprimée en dinars, un tel gaspillage équivaudrait à quelques centaines de milliers de logements.

Nous disons gaspillage, non sans raison, les terroristes vivant au sein même de la population, circulant sinon en toute quiétude du moins sans trop de difficultés sur les routes, vaquant même à leurs occupations quotidiennes comme de simples citoyens entourés des leurs.

Mais comme les sous provenant du pétrole sont placés sous le contrôle exclusif du chef, qui en dispose comme il l'entend, il n'y a naturellement rien à redire. C'est aussi cela l'irresponsabilité des électeurs qui s'apprêtent même à lui confier un troisième mandat.

L'Algérie, selon Tout sur l'Algérie, projette l'achat de frégates pour sa marine. Dans cette optique, elle serait déjà entrée en pourparlers avec des chantiers navals français, espagnols et anglais.

Doté jusqu'ici de matériel exclusivement russe, le pays semble ainsi amorcer une ouverture vers l'Occident. Mais cette ouverture n'est pas tout à fait en contradiction avec ses principes, malgré les récentes déclarations de Bouteflika soulignant l'excellence des rapports solidement et de longue date noués avec la Russie, dans le domaine particulièrement militaire. Car, Alger, désormais lié par un accord de partenariat avec l'OTAN, semble avoir précisément jeté cette fois son dévolu sur le matériel européen, pour répondre justement aux nécessités qu'impose l'harmonisation des communications de l'armement algérien avec celui de l'OTAN, notamment lors de manoeuvres conjointes.

Tout sur l'Algérie croit devoir ajouter que le choix de l'Algérie se fonde sur la qualité insuffisante qu'offrent les constructeurs russes, par référence au grave accident survenu sur le sous-marin Koursk, dans la mer de Barentz, en 2000 et qui avait coûté la vie à près de 120 marins.

Ce qui chagrine, plutôt, dans cette affaire, ce n'est pas tant le choix du fournisseur, occidental ou russe, mais l'énorme gâchis que fait l'Algérie de son argent gagné non pas à la force de ses poignets mais en appauvrissant ses réserves de pétrole. Autrement dit, loin de penser à tout le moins au sort des générations à venir qui trouveront demain les caisses vides et le sol vidé de ses ressources, le pouvoir algérien n'est intéressé que par la façade, aujourd'hui. Et le dicton fataliste bien arabe trouve bien sa raison d'être ici, qui dit grosso modo : "Nourris-moi aujourd'hui et tue-moi demain". C'est une autre manière de dire qu'il importe peu de se préoccuper de l'avenir, l'essentiel étant de vivre au présent.

Le pays a déjà contracté pour quinze milliards de dollars d'achats d'armement en 2006 avec Moscou, et tout indique que ce nouvel achat d'équipements pour la marine coûtera au bas mot cinq à dix milliards de dollars. Les joujoux aussi chèrement acquis feront donc la joie des militaires, sans doute, mais, par leur durée de vie nécessairement courte quand on prend en considération la vitesse de rotation de l'armement militaire aujourd'hui, ils finiront au plus tard dans dix ans par être frappés d'obsolescence. Et tout le mal est justement là, parce que c'est autant de milliards de dollars de gâchés qui manqueront cruellement à la relance de l'économie et à la formation des générations montantes.

Ce type de fantaisie sera bien sûr décrié le jour où il ne restera plus d'argent dans les caisses, mais ce sera hélàs bien trop tard, hélas !

L'hebdomadaire français Le Point lève le voile sur l'achat, négocié puis annulé vers la fin 2006, par l'Algérie, auprès de l'industriel Eurocopter, de huit hélicoptères, pour un coût de 250 millions d'euros et destinés à la marine nationale, soit "quatre Caracal devant être affectés aux recherches et sauvetages en mer et quatre Panther pour la lutte anti-navires".

Le journal ajoute : "L'hélicoptériste italo-britannique Agusta Westland a récemment signé avec les généraux algériens un contrat portant sur la livraison de dix hélicoptères : six EH101 Merlin et quatre Lynx MK 300, pour 575 millions d'euros."

"Une facture plus que doublée pour des appareils effectuant sensiblement les mêmes missions... Curieux", conclut Le Point.

Il est clair qu'il y a sans doute là quelque magouille dont le pauvre peuple paiera l'addition, comme toujours...

toutsurlalgerie.com, encore lui puisqu'il est apparemment le seul organe à pouvoir accéder aux secrets de l'administration algérienne, annonce, dans une dépêche de ce soir, la réception par la marine, en 2009, d'un nouveau submersible de fabrication russe. Des élèves mariniers seraient même partis à St-Pétersbourg afin d'y recevoir la formation nécessaire pour l'acheminement de ce sous-marin vers les côtes algériennes.

Ce sous-marin viendra donc s'ajouter aux deux autres fournis par la Russie, avant qu'un quatrième, livrable en 2010, et quatre frégates, attendues vraisemblablement d'Allemagne, viennent compléter l'équipement de la marine nationale.

Le Maroc, ajoute toutsurlalgerie.com, s'est employé de son côté à commander quatre sous-marins pour ses propres besoins mais bute, semble-t-il, sur la question de leur financement.

Au nom de l'on ne sait quelle stratégie ou quels objectifs Bouteflika, cédant à des pressions incongrues de ses généraux, dans l'unique et égoïste dessein d'obtenir sans doute leur soutien à son maintien au pouvoir pour un troisième mandat, se laisse aller à une telle dilapidation de deniers publics qui n'apporte rien dans la marmite des millions de chômeurs qui pullulent dans le pays.

Une délégation militaire ukrainienne conduite par le ministre de la Défense vient d'être reçue, d'abord, au ministère algérien de la Défense nationale par le général Gaïd Salah, chef d'état-major de l'ANP. Elle fait suite à la vite rendue par ce dernier aux autorités ukrainiennes en décembre dernier, indique le communiqué distribué par le ministère algérien de la Défense nationale.

Il a été procédé à cette occasion, ajoute le communiqué, à des "discussions d'intérêt commun" et à l'examen des "perspectives de développement de la coopération bilatérale".

Dans un second temps, le ministre ukrainien a été reçu avec sa délégation par le président Bouteflika avec lequel les deux parties ont évoqué également les mêmes perspectives de développement notamment dans le domaine militaire.

L'Algérie pourrait acheter à l'Ukraine des chasseurs de combat, des hélicoptères (Mi-24), des tanks T 72, des MiG-29, enfin des véhicules blindés du type BMP-2, indiquent les observateurs.

En plus de son énorme arsenal existant et des différentes commandes récemment lancées ici ou là pour soi-disant moderniser son armée, Alger se découvre donc un nouveau fournisseur capable de lui fourguer d'autres équipements qui viendront pourrir encore dans ses hangars avant d'être tout simplement réformés dans dix ou quinze ans au plus. Voilà à quoi sert l'argent du pétrole !