Atlantico.fr - 3.06.2014
Lorsque Marine Le Pen était élue au parlement européen, Louis Aliot était son assistant parlementaire pour la modique somme de 5 000 euros bruts par mois pour 19,25 heures par semaine. Et ce alors même que l’enveloppe mise à disposition par le Parlement pour chaque député ne peut pas financer les contrats permettant l’emploi de conjoints des députés ou de leurs partenaires stables non matrimoniaux.
Après François Hollande et son scooter, le magazine people Closer s’est attaqué cette semaine à Marine Le Pen. Le couple qu’elle forme avec Louis Aliot battrait de l’aile. Quoi d’étonnant quand on sait que les terres d’élection (Hénin-Beaumont et Perpignan) de nos deux tourtereaux nationalistes sont séparées de 1037 kilomètres ? Comme nous le dit le dicton populaire, "Loin des yeux, loin du cœur" et c’est sûrement la raison pour laquelle le couple travaillait ensemble au Parlement européen pour résoudre ce petit problème de distance.
Elle était élue au parlement européen, lui, assistant parlementaire de sa compagne pour la modique somme de 5000 euros bruts par mois pour 19,25 heures par semaine. Ce contrat qui les liait a néanmoins posé un petit problème au Parlement européen qui, en 2012, leur avait demandé des explications.
En effet, dans un article paru dans Médiapart en juillet 2013, nous apprenions que "l’article 43 d’un règlement du Parlement européen entré en vigueur en juillet 2009 dispose que l’enveloppe mise à disposition par le Parlement pour chaque député ne peut pas financer les contrats permettant l’emploi ou l’utilisation des services de conjoints des députés ou de leurs partenaires stables non matrimoniaux". La réponse de Marine Le Pen a été très claire : "Je ne suis ni mariée à Louis Aliot, ni liée avec lui par un PACS, (ni par) une déclaration fiscale commune, ni par un quelconque statut reconnu par l’État français". Louis Aliot, quant à lui, annonçait même son intention de porter plainte contre le journal en ligne pour diffamation.
Dans la réponse transmise au Parlement européen en juillet 2012, retweetée par la journaliste Marine Turchi le 30 mai dernier, Marine Le Pen allait jusqu’à affirmer qu’elle refusait de considérer Louis Aliot comme un "conjoint" ou un "partenaire stable non marital"; ce qui lui permettait de ne pas contrevenir à l’article 43 d’un règlement du Parlement européen et de se sortir de cette histoire de conflits d’intérêts la tête haute et les mains propres. Deux ans plus tard, se croyant plus maligne que les autres, Marine Le Pen prenant au pied de la lettre l’article de Closer leur a répondu par un tweet qui a fait le tour de France des réseaux sociaux, mais aussi de la presse plus traditionnelle. C’est la photographie récemment publiée.
Marine Le Pen entre dans le jeu du magazine people, répond que son couple va très bien en embrassant à pleine bouche son conjoint Louis Aliot et diffuse fièrement sur Twitter la photographie de cette preuve d’amour. Mais alors, contrairement aux réponses apportées par Marine Le Pen aux questions du Parlement européen, ce selfie prouve bien que Marine Le Pen et Louis Aliot sont en couple ou, comme le suggère le règlement cité plus haut, peuvent être assimilés à des "partenaires stables non matrimoniaux". Marine Le Pen a donc menti au Parlement européen. Certes, ce n’est pas le plus gros mensonge, ni le sujet le plus grave, mais cela méritait que des députés européens français, c’est mieux; socialistes, encore mieux, demandent à ce que le Parlement européen se saisisse de nouveau de l’affaire.
Il faudra rappeler encore et toujours que la même qui demande à mettre fin à l’assistanat et de condamner les Français qui fraudent et qui trichent, comprenne qu’elle n’est pas au-dessus des lois qu’elle souhaite faire appliquer aux autres mais jamais à soi-même. C’est en cela que l’on se rend compte que Marine Le Pen fait bien partie de cette élite qu’elle ne cesse de dénoncer.
En attendant, Marine Le Pen et Louis Aliot sont tous les deux nouvellement élus députés européens avec les indemnités et l’immunité qui vont avec.
(http://www.atlantico.fr/decryptage/grace-closer-on-sait-que-marine-pen-menti-au-parlement-europeen-jerome-olivier-delb-1597393.html)