Le Monde | 04.06.2014
Haruko Obokata — ici le 9 avril — Haruko Obokata, la jeune scientifique japonaise au cœur d'une polémique sur une découverte falsifiée dans le domaine cellulaire, a accepté de retirer ses deux communications publiées par la très sérieuse revue scientifique
Nature, a annoncé, mercredi 4 juin, un porte-parole de
Riken, son institut de recherches.
Haruko Obokata, 30 ans, clamait depuis des mois qu'elle avait réussi à créer grâce à une méthode simple des cellules STAP (
stimulus-triggered acquisition of pluripotency) ou cellules pluripotentes ; ce qui aurait constitué une révolution pour la médecine régénérative. Dans
Nature du 10 janvier, elle expliquait comment elle avait obtenu ces cellules pluripotentes — capables de se différencier en diverses lignées cellulaires et créer ensuite différents organes — à partir de cellules déjà différenciées, des lymphocytes (globules blancs) de souris.
RETRAIT DE PUBLICATIONLa chercheuse avait publié deux textes dans
Nature, cosignés par des chercheurs japonais chevronnés et Martin Vacanti, de la faculté de médecine de Harvard. Mais rapidement sa découverte avait été contestée : ceux qui ont tenté de reproduire ses travaux n'y sont pas parvenus.
Un des coauteurs a demandé le retrait de la publication, arguant que les résultats étaient en partie faux.
L'institut de recherches
Riken a alors créé un comité d'enquête qui a conclu à la présence d'irrégularités (contrefaçon d'images) dans la publication des résultats. Le 29 mai dernier, la jeune femme avait finalement accepté de retirer la moins importante de ses deux communications, mais elle avait maintenu celle qui, selon son avocat, attestait la véracité de ses découvertes sur la création des cellules STAP. Mercredi, elle a donc accepté de retirer la seconde. L'institut
Riken indique qu'il discute encore avec le coauteur de l'étude controversée, Charles Vacanti de l'université d'Harvard.
Cette affaire pose la question de la crédibilité des publications dans les revues scientifiques. Directeur scientifique de l'
I-Stem (unité
Inserm 861) au
Génopole d'Évry, Marc Peschanski s'agaçait, dans
le Le Monde du 7 avril, de l'attitude de la revue
Nature : «
La technique proposée est testable en quinze jours. Il n'était donc pas très compliqué de vérifier la solidité de ces résultats, mais Nature a préféré faire un coup médiatique. Les grandes revues comme Nature, Science ou Cell publient des travaux présentés comme des évangiles sans prendre assez de précaution. Quand une publication représente une percée spectaculaire, cela justifie de vérifier deux fois plus. »
(http://www.lemonde.fr/sciences/article/2014/06/04/une-chercheuse-japonaise-soupconnee-de-fraude-scientifique-jette-l-eponge_4431502_1650684.html#xtor=AL-32280515)