Poutine désigne et fait élire son successeur

Pas moins de quatre partis, totalisant 75 % des voix obtenues aux dernières élections législatives, soit Russie unie, Parti agraire de Russie, Russie juste et Force civique ont soutenu la candidature de Dmitri Medvedev, actuel vice-Premier ministre, à la Présidentielle de 2008. Poutine, bien sûr, n'est pas étranger à ce choix.

Ce choix a d'ailleurs énormément surpris à l'étranger, où l'on s'attendait à voir émerger une personnalité plus ou moins inféodée à Poutine, de sorte à permettre à celui-ci de conserver entières les rênes du pays, le temps d'un nouveau mandat auquel lui-même ne peut constitutionnellement se porter candidat. Or, Medvedev est considéré comme indépendant revendiquant l'entière responsabilité de ses actes. Economiste de grande valeur, il n'est pas non plus homme politique inconnu même au-dehors du pays.

Pour toutes ces raisons, peu étrangères à la préoccupation de Poutine de sauvegarder le capital de réussite engrangé économiquement non sans peine tout au long de ses deux mandats, il est aisé de comprendre pourquoi a-t-il jeté son dévolu sur cet esprit brillant, moderne, ouvert et le plus libéral d'entre ses collègues du Kremlin.

Ce soir, Dimitri Medvedev, 42 ans, a remporté, dès le premier tour, les élections présidentielles en Russie.

Par 67 à 70 % des voix, soit un peu plus des 2/3, le nouveau président russe a donc surclassé l'ensemble de ses concurrents. Ces derniers arrivent derrière dans l'ordre respectif suivant : Guennadi Ziouganov, communiste, 18 % de voix environ, Vladimir Jirinovski, ultranationaliste, 11 % et enfin Andreï Bogdanov, 1,5 %. Ce dernier est le seul qui promettait l'adhésion de son pays à l'Union européenne.

Medvedev remplace donc Poutine, qui vient de clore son deuxième mandat consécutif. Aux termes de la Constitution russe, il est vrai que seulement deux mandats sont autorisés.

Poutine n'a, par conséquent, qu'un peu plus de deux mois pour quitter le Kremlin. Mais l'on s'attend normalement à ce qu'il soit nommé Premier ministre de son ancien dauphin.

Bien sûr, les partisans de Poutine saluent la victoire de Medvedev et espèrent qu'il conduira le pays plus loin encore que ne l'a fait son prédecesseur auquel l'on reconnaît sans conteste le grand mérite d'avoir rétabli la Russie dans la considération et le prestige d'antan, à cette seule différence qu'elle se compare désormais, selon des normes identiques, aux grandes puissances capitalistes. Ses adversaires, en revanche, qui ont sonné la charge bien avant ce scrutin, n'ont d'autre ressource que de maugréer contre le bourrage des urnes, de tempêter à propos des observateurs éconduits des bureaux de vote ou encore des pressions exercées contre des salariés pour se rendre aux urnes, etc. Kasparov, l'opposant déclaré a même estimé que cette élection était une farce...

Le monde, et surtout l'U.E. s'inquiètent en attendant de la tournure que vont prendre désormais les affaires russes, conduites par un jeune et brillant juriste qui a déjà donné la mesure de son talent et de ses capacités à appréhender les questions les plus délicates notamment de matière économique.

D'après la dépêche suivante, tombée il y a un instant, le candidat communiste, autrement dit le deuxième de la liste, se propose d'engager des poursuites judiciaires contre ce qu'il appelle des fraudes.

A mon avis, dans le classement qui est le sien avec 18 % de voix, sa protestation n'aura d'autre effet que celui de créer, essentiellement à l'extérieur du pays, une véritable suspicion négative sur l'ensemble de ce scrutin. Or, c'est une chose qui va vraiment à contre-courant de l'opinion établie en Russie, l'audience de Poutine s'étant incontestablement manifestée dans une grande dimension. Les Russes ne lui doivent pas seulement d'avoir rétabli l'ordre et la discipline qui manquaient tant sous l'ère Elstine, mais aussi d'avoir fait faire un bond qualitatif à l'économie, à la défense, au bien-être enfin des habitants. Quand on compare la pagaille qui entourait Elstine et sa bande de vautours qui gravitaient au sommet de l'Etat avec des pouvoirs aussi excessifs que ridicules, par rapport à l'immense aura qui accompagne aujourd'hui la Russie à travers le monde, à tous points de vue, il y a sans nul doute une très large part de mérite que Poutine est en droit de revendiquer comme fruit de sa seule détermination et de son abnégation.
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Le PC russe ira en justice pour fraude dans la présidentielle

MOSCOU (Reuters) - Guennadi Ziouganov, dirigeant du Parti communiste russe, annonce qu'il va engager une action en justice en raison de fraudes présumées durant l'élection présidentielle de dimanche, rapporte l'agence Itar-Tass.

"Nous sommes en possession de preuves de falsification des élections et nous irons en justice", a-t-il déclaré selon l'agence.
Guy Faulconbridge, version française Philippe Bas-Rabérin