TSA - 20.04.2014
par Ali Idir.
Prix Nobel de la paix et militante des droits humains yéménite, Tawakol Karman a qualifié de « burlesque » l’élection présidentielle algérienne du 17 avril. « C’est une comédie et une atteinte à la dignité du pays du million de martyrs », a déclaré Mme Karman, au quotidien égyptien Almasryalyoum de samedi.
Pour l’activiste yéménite, la fraude lors de cette élection avait commencé avec « le faux certificat médical » délivré à Bouteflika, selon lequel le président sortant, « jouit de ses capacités mentales et physiques » pour remplir les conditions exigées par la loi pour briguer un quatrième mandat. « Il n’y a pas plus difficile que de trafiquer un certificat médical d’un homme alors que le monde entier sait qu’il passe son temps dans les salles de réanimation », déplore Mme Karman, première femme arabe à recevoir le prix Nobel de la paix. « Je ne suis pas là pour critiquer Bouteflika parce qu’il est malade, je respecte beaucoup son passé de militant comme l’un des héros de la guerre de libération, mais les révolutions nobles doivent conduire à remettre le pouvoir au peuple et non à le monopoliser par ceux qui ont conduit des révoltes contre les dictatures », a-t-elle poursuivi.
Mme Karman ajoute : « j’ai entendu dire que le peuple algérien avait besoin de Bouteflika alors que c’est ce dernier qui a besoin de quelqu’un pour pousser son fauteuil roulant et l’aider à accomplir ses besoins personnels ». « Le fauteuil roulant me donne de l’espoir. Les militaires ont perdu leur influence en Algérie. Ils n’ont plus de solutions de rechange. Ils ont consommé toutes leurs cartes alors que les forces du changement disposent des choix et de la capacité à prendre des initiatives », explique-t-elle.
La figure emblématique de la révolte populaire au Yémen en 2011, dans le sillage du « Printemps arabe », Tawakol Karman, estime que depuis la chute du président Chadli Benjedid et l’arrêt du processus électoral au début des années 1990, l’Algérie n’a pas fait d’avancées en matière de démocratie.
Membre du mouvement islamiste au Yémen, Mme Karman avait soutenu le président égyptien déchu, Mohamed Morsi, après sa destitution par l’armée le 3 juillet dernier. « Depuis 24 ans, l’Algérie a donné l’exemple que la démocratie est incompatible avec les militaires », conclut Mme Karman.
(http://www.tsa-algerie.com/2014/04/20/tawakol-karman-prix-nobel-de-la-paix-yemenite-qualifie-de-burlesque-la-presidentielle-algerienne/)