|
| Mais pourquoi les Etats-Unis préservent-ils l’un des pires secrets des Saoudiens ? | |
| | Auteur | Message |
---|
Faïza
Nombre de messages : 265 Date d'inscription : 12/05/2007
| Sujet: Mais pourquoi les Etats-Unis préservent-ils l’un des pires secrets des Saoudiens ? Lun 31 Mar - 19:18 | |
| Atlantico.fr - 30.03.2014 Entretien avec Haoues Seniguer, Dr en sciences politiques et enseignant à l'IEP de Lyon.
Le département des Affaires étrangères du gouvernement américain souhaite attirer l'attention sur le contenu des manuels scolaires en Arabie Saoudite, qui stigmatiserait notamment les "infidèles" en des termes particulièrement humiliants. La situation jette un froid au moment même où Barack Obama effectue une visite officielle dans le pays.
Atlantico - Alors que le président Obama s'est rendu aujourd'hui en Arabie Saoudite, plusieurs responsables du "State Department" (affaires étrangères) militent pour diffuser une étude restée secrète à propos des livres scolaires du royaume, d'aucuns les qualifiant de rétrogrades et d'ultra-discriminants. Ce "secret noir" de Riyadh, la plupart des textes incriminés étant inaccessibles au public, peut-il envenimer les relations entre la famille Saoud et Washington. Dans quelles proportions ?
Haoues Seniguer - Avant de répondre directement à votre question, il importe de faire un focus historique même très schématique. Depuis le Pacte de Quincy scellé le 14 février 1945 entre les États-Unis d’Amérique de Roosevelt et le roi Saoud, fondateur de la monarchie saoudienne, les relations de partenariat et de coopération stratégiques entre les deux pays n’ont jamais été dénoncées par l’une ou l’autre des parties, tant elles ont longtemps paru mutuellement fécondes. C’est pourquoi, en 2005, George W. Bush, pourtant en pleine « guerre globale contre la terreur », et ce, depuis les attentats du 11 septembre 2001, renouvellera cet accord de coopération vieux de plus d’un demi-siècle. Ce pacte était notamment basé sur la nécessité d’assurer la stabilité de l’Arabie Saoudite, laquelle participe, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, des « intérêts vitaux » de la puissance américaine, en premier lieu en matière énergétique. C’est pourquoi, celle-ci a tant veillé au rayonnement régional de la monarchie ou, en tout cas, à la préservation de son intégrité territoriale. De ce point de vue, les États-Unis apportent au royaume une protection inconditionnelle contre d’éventuels agresseurs.
Néanmoins,le pacte en question est assis sur un immense paradoxe sinon contradiction qui, au fond, est en phase avec le réalisme étasunien en ce qui concerne les relations internationales, mais qui fonctionne de moins en moins depuis l’avènement des soulèvements populaires dans le monde arabe : une alliance entre un régime démocratique, libéral et un régime autoritaire, au sein duquel la version la plus rigoriste de l’islam fait office de religion d’État. Il faut également ajouter une autre contradiction à la fois plus récente et on ne peut plus significative : alors que quinze des dix-neuf commanditaires des attentats du 11 septembre 2001 étaient de nationalité saoudienne, et que l’Arabie Saoudite est connue pour être le principal berceau du salafisme mondial, au nom de la coopération sans failles entre le régime des Al Saoud et les administrations américaines successives, c’est ainsi que l’Afghanistan et l’Irak furent pris pour cibles par l’armée américaine en lieu et place de l’Arabie Saoudite.
En outre, la plupart des chercheurs et observateurs sérieux du monde majoritairement musulman sont au courant depuis bien des années de la vision rigoriste, anxiogène et violente de l’islam diffusée par le magistère sunnite saoudien. Aussi, aux informations que vous pointez, je serais tenté de répondre en paraphrasant l’Écclésiaste : « Rien de nouveau sous le Soleil ». Toutefois, il est vrai que si ces révélations devaient émaner du département d’État américain, cela jetterait un froid dans les relations diplomatiques entre les deux pays, d’autant plus que suivant le pacte de Quincy, précisément, les États-Unis s’engageaient à ne pas se mêler des affaires intérieures saoudiennes.
Par ailleurs, Washington ne découvre pas la réalité sociale du royaume ; il la connaissait parfaitement. À mon sens, mais je peux me tromper, si les services des Affaires étrangères américains venaient à rendre publique cette note, il faudrait sans doute y lire en creux deux choses : d’une part, cela annoncerait ouvertement une espèce de changement d’alliances des États-Unis dans la région, en optant pour un rapprochement plus grand avec l’Iran, qui est l’ennemi juré de l’Arabie Saoudite et réciproquement.
D’autre part, le secteur énergétique des États-Unis connaît depuis ces dernières années des transformations majeures qui pourraient avoir des répercussions quant à sa politique étrangère dans le Golfe et le Moyen Orient. En effet, depuis un peu moins de dix ans, les États-Unis auraient réduit le niveau de dépendance au pétrole de façon générale, et leurs importations en ce domaine en particulier, grâce notamment à la production intérieure des hydrocarbures (pétrole et gaz de schiste), avec un fait marquant : à l’horizon de 2020, les États-Unis seraient susceptibles de devenir le premier producteur mondial de pétrole devant l’Arabie Saoudite.
Atlantico - Comparant les "infidèles" (juifs et chrétiens) à des animaux, certains de ses textes prônent une vision très absolutiste et exclusive du monde musulman. Cette vision du monde est-elle intrinsèquement liée à la doctrine wahhabite du royaume ou illustre t-elle plutôt une "fanatisation" des clercs saoudiens sur ces dernières années ?
H. S. - Les clercs saoudiens, ou au moins une partie importante d’entre eux, cultivent très clairement une vision extrêmement péjorative ou dévaluative non seulement de ce qui n’appartient pas à l’islam, mais également de ce qui ne correspond pas, expressis verbis, à la doctrine salafiste ou « wahhabite ».
Atlantico - L'Arabie Saoudite affirme qu'elle est prête à des évolution sur ces sujets. Est-on dans une bonne volonté de façade ou une réelle réforme du système éducatif est-elle à attendre ?
H. S. - Attendons, observons et analysons. Pour l’heure, il s’agit de déclarations d’intention qui seront suivies ou non d’effet. Enfin, n’oublions pas qu’un système éducatif se construit ou se reconstruit sur du très long terme. Or, force est d’admettre que la doctrine religieuse officielle du royaume saoudien est structurelle et qu’elle domine très largement les savoirs profanes qui en dépendent.
Atlantico - Plusieurs Saoudiens pourraient être tentés de dénoncer une ingérence culturelle de la part des États-Unis. Qu'en est-il concrètement ?
En règle générale, que ce soient les « salafistes » ou « néo-salafistes », comme je préfère les appeler, ou les islamistes, ils supportent difficilement, pour ne pas dire refusent, qu’un état critique de leur littérature et déclarations soit établi. Au fond, à leurs yeux, c’est comme si vous remettiez en cause l’édifice entier de l’islam dont ils prétendent être les seuls gardiens. Ce qui tant du point de vue théologique, islamologique que scientifique est bien sûr hautement contestable.
(http://www.atlantico.fr/decryptage/manuels-scolaires-saoudiens-qui-incitent-haine-occident-hanoues-seniguer-1026487.html?page=0,1) | |
| | | Tarascon
Nombre de messages : 225 Date d'inscription : 21/06/2007
| Sujet: Re: Mais pourquoi les Etats-Unis préservent-ils l’un des pires secrets des Saoudiens ? Jeu 3 Avr - 18:31 | |
| Voici un papier assez éclairant d'une Canadienne ayant vécu dans ce pays :
" Savez-vous ce qu’est Aramco [la société pétrolière américano-séoudienne exploitant le pétrole en Arabie] ? Savez-vous où elle est basée ? Savez-vous comment vivent les AméricainEs d’Aramco ? Non ? Aors, comme j’ai eu l’honneur de travailler en Arabie saoudite et de visiter Aramco, je vais vous en parler.
Aramco est un immense « ghetto » dans la région de Dhahran, totalement indépendant de l’autorité saoudienne – comme un État dans un État. Ce village appelé Aramco est entouré d’un très grand rempart qui sépare et isole les Américains des SaoudienNEs.
On y entre avec un passeport et un laissez-passer délivré par la haute sécurité d’Aramco. Personne n’a le droit d`y mettre les pieds sans autorisation, encore moins les SaoudienNEs (pour ne pas dévoiler la vie que mènent les Américains à l’intérieur de ce rempart).
Derrière ce rempart, on retrouve tout ce que le roi d’Arabie saoudite interdit à son peuple et permet aux Occidentaux moyennant leur mutisme sur la condition du peuple saoudien, notamment celle des femmes.
Il y a des « C... » et des « Bush » qui vivent au paradis alors que les SaoudienNEs vivent l`enfer.
Il y a des femmes qui sont respectées alors que leurs sœurs saoudiennes sont méprisées.
Il y a des hommes qui ferment les yeux, profitent du système, bradent leurs principes, leur morale, leur éthique, leur idéologie pour s’assurer l’approbation du roi ainsi que des bénéfices financiers.
Derrière ce rempart, il y a plusieurs « C... » qui gagnent des fortunes en négociant leurs affaires aux dépens de leur conscience.
Le rempart d’Aramco regroupe des centaines de luxueuses villas, des hôpitaux, des écoles américaines, des piscines mixtes.
L’adultère n’y est pas sanctionné par la lapidation et un père ne peut pas être condamné à la peine capitale pour le meurtre de son enfant ou de son épouse.
À Aramco, on vend et on consomme de l’alcool et du porc, ce qui est strictement interdit dans le royaume (celui qui consomme de l’alcool est emprisonné ou fouetté sur la place publique).
À Aramco, les femmes conduisent leurs voitures alors que les Saoudiennes n’ont pas le droit de conduire un vélo.
Derrière ce rempart, les Américaines portent le short, se baignent en bikini et sortent seules, alors que de l’autre côté les femmes saoudiennes se font tabasser par la police religieuse si elles ne portent pas le voile.
Les Saoudiennes ne peuvent sortir seules, elles marchent derrière leur mari et subissent toutes les humiliations infligées par ceux qui cherchent leurs intérêts économiques.
Bien sûr, ce cynisme se pratique en connivence totale avec le roi d’Arabie, appelé « gardien des deux saintes mosquées », qui laisse ces gens vivre et s’enrichir à l’abri du rempart à la condition, qui ferme les yeux sur les injustices sociales, la vie inhumaine des femmes saoudiennes et les aberrations de l’application de la charia.
Parmi les opportunistes d’Aramco, on retrouve donc malheureusement M. Philippe C..., qui n’est d’ailleurs pas plus conscient de la situation des femmes musulmanes au Québec.
À Aramco, M. Couillard a vécu comme un roi et a fermé les yeux sur les voleurs auxquels on coupe la main en public, sur l’injustice, les châtiments et la lapidation infligés aux femmes.
Les femmes paient toujours le prix fort pour que les « C... » du pouvoir s`enrichissent. " --- * "Saudi Aramco, officiellement Saudi Arabian Oil Company, est la compagnie nationale saoudienne d’hydrocarbures (son nom est la contraction d’Arabian American Oil Company). Elle possède la quasi-intégralité des ressources en hydrocarbures du royaume et, du point de vue de ses réserves comme de celui de sa production, est de loin la première compagnie pétrolière mondiale. Son siège se trouve à Dhahran, dans l’est du pays. Son principal gisement pétrolier est Ghawar, le plus grand gisement mondial. "
par Rakia Fourati, membre de l’association Égalité et Parité. | |
| | | | Mais pourquoi les Etats-Unis préservent-ils l’un des pires secrets des Saoudiens ? | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |