Comme dernière empreinte que l'équipe Bush veut ajouter à son ambitieux projet de Grand Moyen Orient, elle tente de préparer, sous sa bannière, le monde arabe du Moyen Orient à un affrontement direct avec l'Iran. L'idée de tailler en pièces le projet cher à ce dernier de rayonner dans cette partie du monde reste, il est vrai, un vieux rêve des roitelets sunnites de la région, que la menace chiite ébranle depuis toujours.
En tout cas, en assemblant ces derniers aux côtés des autres régimes inféodés du Caire et de Bagdad, pour un débat sur l'Iran auquel ont été également associés tous les membres du Conseil de sécurité, y compris l'Allemagne, Washington cache mal des calculs stratégiques dictés par d'autres impératifs.
D'abord, face à une prétendue menace nucléaire iranienne en perspective, il lui est aisé de faire comprendre aux Arabes qu'ils ont plus que jamais besoin aujourd'hui de l'aide des Américains et de leurs alliés. Sans cette aide, ils ne peuvent engager avec succès une attaque en règle contre l'Iran pour lever cette menace devenue plus que jamais pressante.
Profitant ensuite des pétrodollars dont les roitelets arabes sont riches, Washington pourrait en même temps atteindre, sans grand mal, un autre objectif, beaucoup plus prioritaire en vérité, celui d'assurer sans frais la sécurité d'Israël, cet autre allié cher à l'Occident qui joue au gendarme dans la région.
Pareille combinaison offrirait providentiellement pour des décennies encore la possibilité aux coalisés occupant l'Irak d'étendre leur mainmise sur l'ensemble des pays arabes de la région. Le contrôle des gisements pétroliers ne risquerait ainsi d'échoir jamais entre des mains sinon adverses du moins concurrentes, comme celles de la Russie ou de la Chine.
D'autres raisons, beaucoup plus triviales, peuvent opportunément amener les Arabes, ces éternels bouffons, à s'impliquer dans un affrontement direct avec l'Iran pour préserver leur ascendant sur l'islam. Plaçant ce dernier au plus haut niveau de leur préoccupation, en s'en déclarant propriétaires exclusifs, ils pourraient sacrifier jusqu'à leurs champs pétroliers pour défendre le rite sunnite dont ils se réclament.
Les Américains en savent beaucoup, eux qui les ont longuement observés dans les multiples confrontations ayant eu pour théâtre l'Irak. Sunnites et Chiites continuent toujours de s'y entretuer, aux dépens, bien sûr, de la défense de leur propre patrie, offerte, qui plus est, à la conquête du monde judéo-chrétien.
Que les musulmans chiites et sunnites en viennent à s'exterminer dans un conflit beaucoup plus large ne mérite par conséquent que la plus grande attention et le plus grand intérêt pour Washington et ses satellites !
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