Le Figaro - 20.12.20120
par Pauline Fréour
Les maladies chroniques liées à la vieillesse et au mode de vie tuent désormais davantage que les maladies transmissibles ou la malnutrition, selon une vaste étude portant sur 50 pays.
L'homme vit de plus en plus longtemps mais passe aussi une partie croissante de sa vie en mauvaise santé. C'est la conclusion de l'étude sur la santé dans le monde, «Global Burden of disease», qui a comparé les données sanitaires d'une cinquantaine de pays entre 1970, 1990 et 2010. Un travail d'une ampleur unique, qui met en avant d'importants progrès - la baisse drastique de la mortalité infantile, l'allongement de la durée de vie presque partout - et de moins bonnes nouvelles - la hausse généralisée des cancers et des maladies cardiovasculaires, le retard de l'Afrique subsaharienne.
La « plus vaste étude sur la santé humaine dans l'histoire de la médecine », selon l'éditorial de la revue The Lancet où elle a été publiée la semaine dernière, a mobilisé un réseau de près de 500 spécialistes dans le monde. Elle a permis de calculer que les hommes ont gagné en moyenne 11,1 ans d'espérance de vie en 40 ans, et les femmes 12,1 ans. Ce sont les Japonaises et les Islandais qui détiennent le record de longévité - respectivement 85,9 et 80 ans. Les Haïtiens, conséquence du séisme de 2010, détiennent à l'inverse le triste record de la vie la plus courte - 32,5 ans pour les hommes et 43,6 ans pour les femmes.
Des enfants en meilleure santé
L'une des raisons de cet allongement de vie quasi-global est la baisse réjouissante de la mortalité infantile, qui a reculé de 60% chez les enfants de moins de 5 ans, y compris dans des pays comme le Bangladesh (- 66%), la Sierra Leone (- 68,3%), le Malawi (- 56,5%) ou le Nicaragua (- 61,9%). En cause, le recul de la malnutrition, l'amélioration des soins médicaux apportés à la mère et l'enfant et une meilleure protection contre les maladies transmissibles (tuberculose, diarrhée, pneumonie, tétanos). Davantage qu'une élévation du niveau de vie, les spécialistes y voient l'impact des campagnes de vaccination, de l'éducation des femmes et de mesures sanitaires simples comme l'utilisation de moustiquaires ou de toilettes. Seule l'Afrique subsaharienne, durement touchée par le sida et la malnutrition infantile, reste à l'écart de ces progrès et enregistre même un recul de l'espérance de vie.
Le poids des maladies chroniques
Le changement le plus frappant enregistré ces vingt dernières années réside dans le poids croissant des maladies chroniques liées au vieillissement et à l'évolution du mode de vie. Le grand âge, l'inactivité, l'alimentation trop riche, l'alcool et le tabagisme sont sources de cancers, diabète et maladies cardio-vasculaires. Ces pathologies, qui réduisent la qualité de vie sur le long terme, sont désormais responsables des deux tiers des décès prématurés, devant les maladies transmissibles qui les supplantaient en 1990. Le seul surpoids cause aujourd'hui trois fois plus de morts que la malnutrition.
Reste que tout le monde ne bénéficie pas à part égale de ces changements. L'écart de longévité entre les pays où l'on vit le plus vieux et ceux où l'on meurt le plus tôt n'a pas évolué. Le nombre de décès chez les jeunes adultes de 15 à 49 ans a augmenté de 44% en 40 ans, sous l'effet de la hausse des homicides, accidents de la route et du sida. Lequel reste responsable d'1,5 million de décès chaque année.
(http://sante.lefigaro.fr/actualite/2012/12/20/19612-lobesite-plus-meurtriere-dans-monde-que-malnutrition)