Rachida Dati serait-elle sur le départ ?

Des rumeurs persistantes laissent entendre, depuis quelques jours, un limogeage imminent de la ministre de la Justice, la franco-marocaine Rachida Dati, entrée quasiment par effraction dans un ministère de souveraineté au nom de ce que d'aucuns appellent l'ouverture sur le monde beur.

Pas plus tard qu'hier, un animateur de la chaîne iTélé a avancé le nom de Jacques Lang comme possible successeur de la garde des Sceaux.

Aujourd'hui, Arnaud Montebourg, du PS, n'y va pas, lui, par quatre chemins pour demander carrément son renvoi, sans toutefois rien préciser des reproches faits à cette dernière.

Pourtant, la fougueuse Dati, qui manque certes d'expérience dans la gestion d'un département de cette taille, ne semble jusqu'ici qu'appliquer à la lettre les engagements pris par le candidat Sarkozy aux présidentielles de mai dernier. Au risque même d'être chahutée par les siens, juges et autres magistrats notamment touchés par la réorganisation en perspective du milieu judiciaire, elle conduit de pied ferme et tambour battant la rénovation tant vantée par Sarkozy du ministère qu'elle a pour charge de diriger. Elle va au feu sans état d'âme, simplement convaincue d'être sur la bonne voie, sans s'embarrasser aucunement des obstacles dressés devant elle à tort ou à raison.

Il reste maintenant à vérifier, dans les prochains jours, quel crédit accorder à ces rumeurs, si tant est qu'elles reposent sur des considérations justifiables.

Le député André Vallini, du PS et ex président de la Commission d'Outreau, intervenant aujourd'hui sur la chaîne 3 à 13 h, a fait un procès bien en règle de Rachida Dati, à l'occasion de la journée de grève dans le secteur de la justice. Voici ce qu'il pense de la garde des Sceaux :

" Le malaise est profond ; on n'a jamais vu ça. Il y a un vrai problème (à la Justice) : Rachida Dati n'écoûte pas ; elle ne sait pas dialoguer. C'est quelqu'un d'intelligent, d'énergique mais qui n'a pas l'habitude de la politique, au bon sens du terme. En politique, il faut écoûter, il faut dialoguer, il faut concerter. Elle passe en force ; elle est très brutale ; elle n'entend personne..."

Tandis qu'on parle d'elle avec insistance pour une possible mutation vers l'Intérieur, Michèle Aliot-Marie ayant, semble-t-il, montré quelques faiblesses dans la gestion de la crise de Villiers-le-Bel, voilà que resurgissent de sérieuses critiques dans les médias, qui démontrent son incompétence criante non seulement à diriger son département ministériel mais à se frayer simplement un chemin en politique.

Un article de Frédéric Moreau, paru dans Marianne, s'interroge même sur l'étendue frappante de sa nullité ne justifiant en rien sa nomination à un poste aussi élevé. Aussi, a-t-il qualifié de "lamentable sa prestation au grand jury LCI-Le Monde, de calamiteuse son entretien sur France-Inter avec Nicolas Demorand, d'affligeante son interview dans Paris-Match".

Incapable, a-t-on observé, de tenir un discours intelligent et cohérent sur les principales questions de l'heure, Rachida Dati donne d'elle l'impression médiocre d'une fraîche arriviste désirant atteindre les sommets sans autre mérite que celui d'être un fervent soutien de son mentor, le président de la République, à qui elle doit d'ailleurs son ascension fulgurante.

Aussi, se demande-ton, de nouveau, la raison d'être de sa présence aux voyages présidentiels en Chine, aux USA et en Algérie, alors que, depuis des lustres, jamais un garde des sceaux ne s'est déplacé en voyage officiel dans les bagages du président.

En se montrant par ailleurs, sous des vêtements de grand luxe habituellement destinés à des mannequins, la ministre de la Justice n'a réussi qu'à effacer le maigre capital de sympathie qu'elle avait engrangé dans quelques rares milieux moins hostiles à son intrusion dans le premier cercle du gouvernement.

Fustigée de toutes parts, aujourd'hui, elle doit théoriquement s'attendre à être carrément balayée du champ politique qu'elle avait investi trop vite sans ne rien connaître au préalable de ses méandres, de ses arcanes et surtout de ses pièges.