TSA - 31.03.2012
par Ali Idir
Les armateurs étrangers ne veulent plus facturer [leurs prestations] en dinars algériens. Ils exigent d’être payés en devises et à l’étranger. La mesure, qui a été prise par les plus grands armateurs mondiaux comme CMA CGM (France), MSC (Italie), Mediterranean Shipping Co. (HK) Ltd (Hong Kong), Arkas (Turquie), entrera en vigueur le 15 avril, selon des documents obtenus par TSA.
La raison de cette décision ? Les armateurs n’arrivent pas à transférer leur argent d’Algérie, en raison des difficultés rencontrées notamment avec la Direction générale des douanes (DGD). « La Douane exige depuis janvier 2010 de l’armateur d’encaisser l’argent du fret dans un délai n’excédant pas 90 jours après l’escale du navire pour pouvoir le transférer. Or, souvent, les importateurs ne terminent pas leurs formalités avant cette échéance et les armateurs sont payés au‑delà de ce délai et se retrouvent avec des dinars qu’ils ne peuvent pas transférer », explique un proche du dossier.
La décision des armateurs est également une riposte à une autre mesure de la Douane algérienne, prise en janvier 2010. Depuis cette date, les douaniers vérifient systématiquement toutes les factures des conteneurs transportés en Algérie. Résultat : les armateurs n’arrivent plus à transférer leur argent. CMA CGM attend depuis 2010 des autorisations pour le transfert de 100 millions de dollars. Maersk attend le visa des Douanes pour transférer 80 millions de dollars.
Cette décision des armateurs va durcir davantage les conditions d’importation de marchandises en Algérie. Les importateurs doivent en effet désormais négocier le coût du fret à l’étranger. « L’importateur doit payer d’avance le transport de sa marchandise dans la lettre de crédit qu’il ouvre pour importer sa marchandise. Il ne peut plus négocier les prix du fret en Algérie, en dinars, avec les représentants locaux des armateurs », explique une autre source. Résultat : d’importants surcoûts pour les importateurs algériens.
Déjà élevées, les opérations d’importations risquent de devenir plus chères. Le coût des importations et les prix des produits importés risquent d’augmenter, ce qui affaiblirait davantage le pouvoir d’achat des Algériens. En outre, l’obligation faite aux importateurs de payer leur fret à l’étranger ouvrira la voie à des surfacturations de cette prestation et à des transferts illégaux de devises.