Les Saoudiens ne lésinent toujours pas avec leurs moeurs et leurs traditions séculaires et archaïques ; ils conservent jalousement leur vision étriquée et surtout réductrice de la femme ; fussent-ils aujourd'hui considérés comme décadents, vieillots, voire carrément singuliers et en déphasage total avec l'évolution naturelle du monde. Peu importe que ce dernier les rejette, les abhorre, les condamne ! Ils n'en ont cure.
Passe encore qu'ils interdisent toujours à leurs filles d'étudier dans la mixité, à leur(s) femme(s) de conduire une automobile ou de soigner des hommes dans les hôpitaux et autres dispensaires ou simplement encore de marcher dans la rue, la tête ou les membres découverts. Mais que l'une d'elles affronte les foudres d'une justice déloyale et totalement déconnectée des réalités du 21e siècle, et en ressorte avec un doublement de sa première condamnation à la flagellation, pour avoir osé dévoiler à la presse les causes réelles de son premier procès, interpelle vivement l'humanité entière pour exiger le respect à tout le moins du minimum des droits humains qui sont les siens. Voici en quoi cette jeune femme de 19 ans a, dit-on, failli à un supposé devoir dans son pays.
Ayant rejoint un homme - sans lien avec son mari -, dans une voiture, à l'effet de récupérer une vieille photo d'elle-même, la malheureuse a été arrêtée, violée (par ses geôliers sans doute), et condamnée en octobre 2006 à 90 coups de fouet. S'étant alors ouverte aux médias de sa mésaventure, elle écopa, à l'issue d'un nouveau jugement rendu la semaine dernière, d'une peine de six mois de prison, assortie de 110 coups de fouet supplémentaires, autrement dit 200 coups.
Human Right Watch qui s'est emparé de ce dossier, tout en saluant le courage de cette jeune femme, dont le geste devant les médias n'avait d'autre but que celui d'obtenir justice, dénonce avec véhémence un tel verdict qu'il considère d'autant plus injuste qu'il offre impunité et protection à trois des agresseurs, abusivement soustraits à la justice pour ne pas rendre compte de leur acte criminel. Seuls les quatre autres violeurs ont été jugés par la même occasion et condamnés à des peines de un à cinq ans de prison et de quatre-vingts à mille coups de fouet.
Le procès lui-même n'était pas seulement inéquitable et parodique, mais il avait souffert d'une pression insupportable des juges sur l'inculpée, allant jusqu'à la priver de sa défense.
Le journal
Le Figaro, qui donne cette information, n'a pas manqué de souligner le caractère totalement indécent des relations entretenues par les principaux chefs d'Etat de ce monde avec le régime moyenâgeux d'Arabie saoudite, premier producteur mondial de pétrole et fort regrettablement allié de l'Occident.