TSA - 21.03.2012
par Merouane Mokdad
Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), a appelé la France à présenter des excuses pour les crimes commis en Algérie durant la période coloniale. « C’est essentiel. Et c’est la moindre des choses que la France devrait faire. Je ne comprends pas comment un pays qui compte des intellectuels, des historiens, des personnes de haut niveau, n’arrive pas à percevoir cette réalité élémentaire. Réalité selon laquelle la France a colonisé d’une manière criminelle un pays avec lequel elle n’avait aucun contentieux. La colonisation est la négation absolue des droits de l’Homme. La France s’est comportée, ici en Algérie, d’une manière odieuse et impardonnable », a‑t‑il déclaré mercredi sur la Chaîne III de la Radio nationale.
« Quelles sont les raisons réelles qui ont poussé la France à venir envahir ce pays et massacrer ses habitants ? Il n’y en a aucune. Je ne comprends pas qu’il y ait encore des gens en France qui tirent gloire d’avoir fait ce qui a été fait lors de la colonisation. La France est un pays belliqueux. Elle a fait la guerre à la moitié de la planète. Il est tout de même extraordinaire qu’on ne vienne pas présenter des excuses au peuple algérien », a‑t‑il ajouté. Il a estimé que l’Algérie n’a pas à pardonner aux harkis (supplétifs de l’armée coloniale française). « Comme si la France avait elle‑même pardonné à ses collaborateurs [avec le régime nazi, NDLR] durant la Seconde Guerre mondiale. La France a toujours refusé de pardonner à ceux qui ont collaboré avec les Allemands et elle vient nous demander de pardonner aux harkis. Cela est inconcevable. Je ne comprends pas pourquoi la France ne balaie pas devant sa porte avant de venir nous conseiller et nous donner des leçons de morale sur des gens qui ont trahi leur pays », a‑t‑il souligné.
Farouk Ksentini a précisé qu’il parlait des harkis, pas de leurs enfants. « Je parle des gens qui se sont engagés dans l’armée française pour combattre l’ALN et le peuple algérien », a‑t‑il spécifié. Il s’est dit scandalisé par la façon dont les médias français ont traité le sujet de la célébration du cinquantenaire du 18 et 19 mars (signature des accords d’Évian et cessez‑le‑feu). « Il y a un refus de reconnaître que la colonisation est un crime et que la France a commis pendant un siècle et demi des crimes dans ce pays. La France a tué à tour de bras. Elle a littéralement supprimé un pays qu’elle a annexé. C’est quelque chose d’indigne d’une grande démocratie. Nous sommes capables d’écrire nous‑mêmes notre Histoire, de redresser les choses et faire apparaître la vérité et le bon sens », a‑t‑il dit.