TSA - 11.03.2012
par Merouane Mokdad
« Gouverner, c’est prévoir. Un gouvernement, tel que celui qui est en place et qui fait du bricolage, n’est pas digne de gouverner », a déclaré, dimanche sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, Mohamed Cherif Taleb, président du Parti national pour la solidarité et le développement (PNSD). Il a reproché à l’équipe d’Ahmed Ouyahia l’absence de mesures prospectives sur le plan économique, notamment sur l’après‑pétrole et l’après‑gaz naturel. Il se dit favorable à une troisième voie économique, ni socialiste ni capitaliste, entre soutien à la libre entreprise et répartition équitable de la richesse nationale. « Le crédit est la fortune de tous. Il faut permettre aux jeunes de devenir entrepreneurs, débureaucratiser l’accès aux crédits et instaurer une culture managériale pour permettre aux jeunes de s’impliquer dans le champ politique d’une manière libre », a‑t‑il proposé.
Selon lui, la réforme fiscale est inévitable. « Beaucoup de gens détournent des sommes faramineuses. Il faut s’attaquer au marché informel. Par obligation, les jeunes ont trouvé dans l’informel la seule source de revenus. Or, un État qui se respecte doit mener les réformes nécessaires pour récupérer de l’argent de la fiscalité ordinaire et investir ensuite dans les domaines productifs, seuls susceptibles de résorber graduellement le chômage », a‑t‑il plaidé. Il a évalué le nombre de diplômés au chômage à 80 000. « Sinon, ils sont récupérés dans le filet social à 3 000 dinars ! Ce n’est pas une solution pour que la matière grise nationale devienne un élément enrichissant pour le pays. Il faut qu’il y ait un rapprochement entre les entreprises et les universités pour intégrer les jeunes diplômés dans les processus de création de richesses. Nous préconisons l’octroi d’une subvention de 10 000 dinars pour les titulaires de diplômes supérieurs aux fins de préserver leur dignité en attendant qu’ils trouvent des emplois », a‑t‑il déclaré.
Le président du PNSD a salué la demande faite aux partis par Habib Yousfi, président de la Confédération générale des entrepreneurs algériens (CGEA), de publier leurs programmes économiques. Il a reproché aux médias de ne s’intéresser qu’aux aspects politiques dans l’action des partis. « Le PNSD ne sacrifie pas le combat politique pour le fatalisme économique. Il s’oppose à toute politique théocratique menaçant les aspirations démocratiques de la nation », a‑t‑il souligné. Selon lui, le PNSD est un parti démocratique, nationaliste et patriotique, « au sens le plus large ». « C’est un parti qui s’engage au maintien du caractère républicain de l’État. Sur le plan idéologique, le PNSD ne s’inspire que de la Déclaration du 1er novembre 1954. Les partis algériens ne sont pas tous démunis d’un programme économique ou d’une vision prospective », a‑t‑il relevé.
Pour les prochaines législatives, Mohamed Cherif Taleb a prévenu contre l’élaboration de listes électorales sur une base régionaliste, népotique ou mercantiliste (politique de la "chkara"). « Nous espérons avoir après le 10 mai 2012 un Parlement courageux et compétent qui assume réellement sa fonction de représentation nationale et qui contrôle l’action du gouvernement. Le Parlement ne doit plus être une chambre d’enregistrement comme cela se fait actuellement », a‑t‑il noté. Le PNSD va, d’après lui, choisir des intellectuels et des jeunes comme têtes de liste. « Nous avons déjà six femmes têtes de liste. Nous appelons à la mise en place d’un ministère chargé des droits de la femme et nous souhaitons que le gouvernement qui viendra après le 10 mai soit composé à 50 % de femmes », a‑t‑il dit. Le courant nationaliste et démocrate a, d’après lui, toutes ses chances pour le prochain scrutin.