Alterinfo.net - 28.12.2011
Le 19 décembre dernier, le maire de New York Michael Bloomberg a annoncé la création d’un nouveau campus de plus de 350 000 mètres carrés spécialisé dans l’ingénierie et les sciences appliquées au cœur de la ville de New York.
« Grâce à ce partenariat exceptionnel et à une proposition révolutionnaire de Cornell et du Technion, l’objectif de New York de devenir le leader mondial dans l’innovation technologique est désormais à portée de main », a proclamé Bloomberg. « Lorsque les gens regarderont derrière eux dans une centaine d’années, je crois qu’ils se souviendront de ce jour comme d’un moment-clé dans la transformation de l’économie de la ville », a déclaré Robert K Steel, adjoint au maire.
Le partenariat Cornell-Technion se traduira par un nouveau campus universitaire flambant neuf sur la Roosevelt Island, une tranche inactive et longtemps négligée de terre entre les quartiers de Manhattan et du Queens. Une subvention de 350 millions de dollars venue du philanthrope Charles Feeney, complétée de 100 millions de dollars de fonds publics américains permettra de financer la construction du campus. Le projet conjoint a été attribué après une compétition très médiatisée entre plusieurs universités de premier plan, et a été accueillie avec enthousiasme par le bureau du maire, ce qui lui a valu une couverture dans le New York Times. Toutefois, ni Bloomberg ni le Times n’ont pris la peine de mentionner quelques faits qui pourraient avoir choqué les contribuables locaux cantonnés dans le financement du projet.
Présenté comme une initiative normale de recherche et développement qui promet de produire des milliers d’emplois et des centaines d’entreprises « spin-off » [issues de l’institution] de haute technologie, le campus de Cornell-Technion sera une aubaine pour le complexe militaro-industriel des États-Unis et d’Israël.
Pendant des décennies, le Technion a fourni les cerveaux nécessaires à la création des mécanismes complexes de contrôle au profit d'Israël, afin d’asseoir son emprise sur la Palestine. Grâce à son partenariat avec l’industrie israélienne de l’armement en plein essor, les créations du Technion ont été intégrées dans des forces armées dans le monde entier. Selon la formule du chercheur israélien Shir Hever, le Technion « s’est complètement enrôlé dans l’armée ».
En 2008, le Technion a signé un accord de recherche avec Elbit Systems, le géant israélien pour la production d’armes et de systèmes de sécurité. Elbit est plus connu pour la fourniture du système de surveillance pour le mur de séparation israélien, une barrière de béton longue de 760 km qui s’avance dans la Cisjordanie occupée et qui permet l’annexion par Israël de dizaines de milliers de dunums de terres palestiniennes. La société produit également des drones militaires qui ont été achetés par le Brésil et les forces aériennes américaines. Les responsables d’Elbit organisent régulièrement des séminaires de recrutement pour les étudiants ambitieux du Technion.
Ces dernières années, le Technion s’est distingué dans le domaine de la robotique pour les systèmes d’armes, le développement de certains des plus récents drones aériens et véhicules de combat sans pilote, grâce à sa filiale « Arlene and Arnold Goldstein UAV & Satellite Center ».
Voici quelques créations de Technion destinées à renforcer l’occupation israélienne et à accroître la puissance en violence des véhicules blindés et avions sans pilote dans les guerres américaines et israéliennes en cours :
1 - Le bulldozer D-9 « Black Thunder » sans conducteur
Le bulldozer blindé est une arme essentielle de l’occupation israélienne, qui a contribué à la démolition de 25 000 maisons palestiniennes depuis 1967, selon le Comité israélien contre les démolitions de maisons. À certaines occasions, des bulldozers ont été attaqués par des combattants de la résistance et des enfants palestiniens lanceurs de pierres. Mais grâce à l’esprit novateur du Technion, qui se vante d’être le pionnier du bulldozer sans pilote, l’armée israélienne peut démolir des maisons, des oliveraies et des tunnels sans aucun risque pour la sécurité physique de ses soldats. Comme Yaakov Katz, correspondant au Jerusalem Post pour les affaires militaires l’a rapporté : « Le commandement des forces terrestres de Tsahal prévoit de doubler le nombre de bulldozers D9 blindés sans pilote dans l’arsenal de l’unité d’ingénierie après que le véhicule ait fourni des résultats exceptionnels lors de l’opération Plomb durci dans la Bande de Gaza en janvier [2009] ».
2 - Le drone « furtif UAV »
Selon le site Web de la American Technion Society, en 2010 les étudiants du Technion ont conçu « un drone ’furtif’ pour voler jusqu’à 2977 km sans ravitaillement. Il peut transporter deux ’bombes intelligentes’ de 499 kg chacune, et être équipé de différents capteurs (électro-optique, infrarouge et radar) pour permettre le fonctionnement dans l’obscurité et sous toutes conditions climatiques ». L’arme semble être une version sans pilote du B-2 américain « Spirit », connu aussi comme le bombardier furtif.
Selon le Centre palestinien pour les droits de l’homme, l’armée israélienne a assassiné avec ses drones 825 Palestiniens dans la bande de Gaza depuis 2006. La New America Foundation, un groupe d’études basé à Washington DC, a rapporté que l’armée américaine a assassiné plus de 1800 civils et militants au Pakistan pendant la même période.
3 - Le mini-drone « Dragonfly UAV »
Des drones de taille réduite, contrôlables à distance et capables de voler par les fenêtres dans des maisons et des bâtiments pour des opérations délicates d’espionnage sont la dernière folie de la technologie des drones. Les étudiants du Technion ont récemment conçu un drone de 9 pouces (23cm) de long et d’une envergure de 7,9 pouces (20cm), dans un design rappelant une libellule. « La vitesse de l’avion relativement faible lui permet d’entrer facilement dans les pièces même par de petites fenêtres et de renvoyer des images grâce à un appareil photo miniature », déclare le site Web de la American Technion Society.
Alors que l’industrie en Amérique est à l’agonie, les villes autrefois industrialisées veulent des projets high-tech en recherche et développement afin de stimuler leur économie à court de liquidités tout en remplissant des centres urbains à l’abandon avec une « knowledge class » jeune et en pleine ascension. Le campus de Cornell-Technion NYC, par ses liens directs avec le complexe militaro-industriel américain et l’occupation israélienne, révèle les dessous inquiétants d’un modèle en apparence progressiste de la rénovation urbaine.
Au nom de la transformation de l’économie de la ville de New York, les contribuables ont été enrôlés dans l’univers inquiétant des guerres robotiques « asymétriques », dans lesquelles des cibles humaines sans visage sont liquidées par télécommande. Toute une génération d’étudiants ambitieux à la recherche de carrières dans les domaines de l’ingénierie et des sciences, peut bénévolement fournir ses talents à l’occupation israélienne sans jamais avoir sous les yeux les conséquences de ses réalisations.
24 décembre 2011 - al-Akhbar - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.al-akhbar.com/conten...
Traduction : al-Mukhtar
(http://www.alterinfo.net/Israel-installe-ses-industries-de-mort-au-coeur-de-New-York_a68752.html)