La bonne santé de l'économie allemande de ces dernières années, en suscitant un intérêt grandissant des investisseurs étrangers, pose désormais aux autorités politiques un sérieux problème de contrôle des industries clefs.
A l'exemple de ce que vit la Belgique depuis des décennies, l'Allemagne, au nom de la liberté économique, s'est laissée graduellement déposséder du contrôle de la majeure partie de ses entreprises de premier plan. Un article du journal Le Monde montre qu'il y dix ans, un dixième seulement du capital se trouvait entre des mains étrangères, avant de grossir à un tiers, depuis cinq ans, et de se retrouver aujourd'hui majoritaire, sauf dans quelques cas particuliers. Ce même article cite, au nombre des grands groupes industriels, Bayer détenu à 78 % par des étrangers, Adidas à 79 % et la Deutsche Börse, l'opérateur de la Bourse de Francfort à 84 %.
Si les analystes s'accordent tous à reconnaître le fort attrait des revenus assurés par les entreprises allemandes, dont les produits sont très recherchés un peu partout dans le monde, il est non moins vrai aussi que la mainmise qui s'exerce sur ces entreprises, y compris sur les plus modestes, provient essentiellement d'Asie, et plus précisément de Chine et d'Inde, laisse entendre le même journal.
Il y a là source d'une réelle inquiétude qui commence à gagner les milieux politiques peu disposés, apparemment, à laisser ce continent faire main basse sur les industries nationales à tout le moins stratégiques.
Par-delà la liberté d'entreprendre, chère aux théoriciens du capitalisme, l'esprit ou le réflexe chauvin et étroit du nationalisme veille non sans surprise, dans tout Etat dit avancé, sur ses intérêts primordiaux. Et, dans ce sens, Merkel et son équipe gouvernementale viennent de prendre des mesures conservatoires dont le contenu n'est pas encore révélé. Poussée ainsi dans ses derniers retranchements, l'Allemagne, à l'exemple d'autres pays développés, peut-être a-t-elle déjà trouvé quelque moyen de parer ainsi au transfert de technologie que les pays moins nantis s'apprêtaient à obtenir par la voie la moins bruyante, celle de l'argent !