Sahara occidental - Le Conseil de sécurité n'a pas tranché

Réuni, hier, à New York, le Conseil de sécurité n'a pas pu trancher dans le dossier du Sahara occidental. Et pour cause, la France et les USA y ont essayé de faire prévaloir la thèse marocaine de l'autonomie interne, au détriment de celle du Polisario demandant l'autodétermination.

Notamment, le paragraphe qui "salue les efforts sérieux et crédibles du Maroc pour faire avancer le processus vers sa résolution" (du conflit), a suscité le désaccord au niveau du Conseil et empêché le vote d'une résolution demandant la reprise des pourparlers entre les deux parties. L'Afrique du sud, en particulier, n'a pas manqué de déplorer, en faisant référence sans les nommer à la France et aux Etats Unis, que "Certains pays... tentent de présenter la proposition marocaine comme étant plus importante que l'autre".

Il faut se rappeler, en effet, que Sarkozy, lors de sa visite au Maroc, avait pris publiquement fait et cause pour le Maroc, en jugeant sa proposition comme "sérieuse et crédible".

Sans succès, les négociations bilatérales entreprises, sous l'égide de l'ONU, l'été dernier, à Manhasset par les deux belligérants, doivent en principe reprendre avant la fin de l'année, quelque part en Europe, même en l'absence de la résolution attendue du Conseil de sécurité.

Dans une dépêche d'hier, la MAP, l'agence marocaine de presse a vite fait de tourner en ridicule le représentant sud-africain parce qu'il avait osé crier sa révolte contre l'injustice, lors de la réunion du Conseil de sécurité consacrée au problème du Sahara occidental.

Les pressions que voulaient exercer, en effet, les représentants des USA et de la France sur leurs collègues pour les amener à préférer la proposition marocaine à celle du Polisario paraissaient en effet si grotesques et insensées que ce diplomate a qualifié leurs manigances de "pure perte de temps".

En vérité, il n'avait pas tort, s'agissant en l'occurrence d'un problème de décolonisation pure et simple et non d'intérêts politico-économiques à préserver ou à partager.

Aussi et en dépit du simple bon sens, les Marocains et leurs gouvernants n'arrivent pas admettre la simple évidence que les Sahraouis, comme tout autre peuple pouvant se trouver dans leur situation actuelle, sont dans leur droit de choisir leur destin, conformément à la charte elle-même des Nations Unies.

D'après une dépêche de l'APS, la troisième rencontre entre le Maroc et le Front Polisario est programmée pour le 7 janvier prochain à Manhasset, dans la banlieue de New York. Elle durera en principe jusqu'au 9 janvier.

C'est une lettre envoyée à la RASD par Peter Van Walsun, envoyé spécial, pour le Sahara occidental, du secrétaire général de l'ONU, qui l'indique, selon les propos tenus au journal El-Khabar, aujourd'hui même, par Mohamed Ould Salek, ministre des Affaires étrangères de la République sahraouie.

Connaissant la position tranchée du royaume marocain au sujet de ces négociations bilatérales, il est malheureusement fort à craindre que, comme les multiples négociations précédentes, ces nouveaux entretiens se soldent par un échec. Plus que jamais confortés par le soutien franc et déclaré des USA et de la France à leur thèse, les Marocains continuent de s'en tenir exclusivement à des discussions autour de leur "projet d'autonomie", rejetant du même coup toute approche visant l'autodétermination.

Décidément, les Marocains ont un sacré culot d'enfreindre le droit international et de se plaindre, au nom de ce même droit, pour faire valoir leurs prétentions à interdire aux Sahraouis de tenir leur 12è congrès. Ils n'ont pas seulement fait main basse, illégalement, sur leur pays, ils entendent leur interdire de se réunir, de se concerter, de discuter de leur devenir, et plus précisément de se préparer au 3e round des négociations de Manhasset.

Au nom de l'on ne sait quelle justification, les chambres des Représentants et des Conseillers se sont jointes dans une protestation officielle adressée aux Nations Unies pour leur demander crûment d'intercéder en leur faveur, afin d'empêcher la tenue dudit congrès.

Puisque le royaume marocain, usant de la force, considère sien le territoire sahraoui, depuis sa libération du joug colonial espagnol, et qu'il dénie tout droit au Polisario de tenir les assises de son mouvement dans son propre pays, que faut-il penser de la présence marocaine aux diverses négociations bilatérales, donc d'égal à égal, avec les délégués du Polisario ? A en juger d'ailleurs par ses sempiternelles tergiversations à ces réunions, n'est-on pas fondé à penser que le Maroc fait office de simple figuration, le temps jouant sans doute en sa faveur ? De plus, quel poids accorder demain à sa parole pour un règlement du problème en suspens, si, d'ores et déjà, les droits élémentaires des Sahraouis sont bafoués et ne valent pas plus que de la roupie de sansonnet ?

Quant à l'énième dépêche de M.A.P. qui ressort la vieille rengaine de centaines de soi-disant séquestrés de Tindouf, "en violation du droit international", ne contribue-t-elle pas, plutôt, à renforcer les Sahraouis dans leur conviction de ne rien à attendre d'un royaume néo-colonialiste ? Ceux-là, qui se comptent en vérité non en centaines mais en milliers, eux, en tout cas, ont au moins la chance d'avoir accès à l'aide internationale, notamment algérienne. Et cette aide n'est malheureusement pas dispensée à leurs coreligionnaires restés au Sahara occidental, faute simplement par les autorités d'occupation de la laisser passer. Dit autrement, les réfugiés de Tindouf restent incomparablement mieux nantis que leurs frères de l'intérieur, le dussent-ils à la charité internationale, le Maroc étant bien loin de pourvoir à leurs besoins.

En zone libérée, à Tifariti, se tient comme prévu, depuis hier, le XIIe Congrès du Polisario. Il a réuni quelques 1500 congressistes qui ont eu à examiner, dès l'ouverture, le rapport moral présenté par le secrétaire général, Mohamed Abdelaziz. Ils ont dû se pencher aujourd'hui sur la stratégie à mettre en place, dans la perspective des prochaines négociations de Manhasset avec le Maroc, et de leurs conclusions prévisibles. La désignation d'une nouvelle direction est aussi attendue et, jusqu'à plus ample informé, rien ne permet d'augurer le maintien de l'ancienne équipe, les congressistes étant libres de choisir leurs futurs dirigeants.

Il semble que Mohamed Abdelaziz ait tenu, à cette occasion, à faire la lumière sur les faiblesses ou les erreurs qui ont accompagné son action à la tête du mouvement. Il les aurait revendiquées sportivement et accepté même d'en entendre les critiques exprimées librement.

Pour avoir réuni, en tout cas, ces 1500 délégués, le Front Polisario a administré au monde la preuve que ses troupes ne se résument pas aux centaines de ses concitoyens "séquestrés" à Tindouf, comme le claironne le Maroc, mais à des centaines voire à des milliers d'autres Sahraouis vivant sous domination marocaine.

A continuer d'ignorer sur l'échiquier la présence de ce mouvement indépendantiste, Rabat ne réussira qu'à pousser ce dernier à renoncer au statut quo qui a prévalu depuis 1991 à ses seuls dépens. Sortis d'une longue nuit coloniale sans le concours le plus mince du royaume chérifien, les Sahraouis ont vocation, comme tous les peuples placés sous domination étrangère, à recouvrer leur liberté et leur indépendance.

A en croire le reporter du Soir d'Algérie qui a couvert cet évènement, les débats très nombreux - 92 interventions individuelles -, intervenus durant ces derniers jours, ont tourné uniformément autour de la situation équivoque du statut quo en vigueur. Ni guerre, observaient certains, relègue aux calendes grecques l'issue d'un combat qui pourtant s'annonçait prometteur au départ. Ni paix, regrettaient d'autres, donne toute latitude aux occupants marocains d'imposer durablement leur volonté sur les territoires.

Aussi, la tendance générale militait-elle en faveur de la reprise des combats, et par conséquent pour l'arrêt du processus de négociations engagé sans lendemain. Abdelaziz a été bien malmené sur ces questions et, particulièrement, à propos de la libération des prisonniers marocains qui eussent pu servir de monnaie d'échange.

Répondant à ces critiques, dans une longue allocution, ce dernier a laissé entendre que la libération des prisonniers avait été décidée à titre simplement humanitaire, les détenus ayant pris de l'âge depuis leur mise hors de combat. Il a également ajouté qu'avant de songer à reprendre l'usage des armes, les Sahraouis gagneraient plutôt à manifester collectivement, dans une espèce d'intifada, leur hostilité à l'occupation marocaine. De cette façon, considère-t-il, il serait plus aisé de gagner la sympathie de la communauté internationale et en même temps de remettre en cause les soutiens dont se targue aujourd'hui le Maroc pour contrer les revendications du Front Polisario.

Une dernière dépêche de Reuters, reprise par le journal Le Monde d'aujourd'hui, nous apprend que le Front Polisario a dû prolonger les travaux de son congrès jusqu'à jeudi, le délai imparti au départ s'étant révélé trop court. Les congressistes, pour arrêter leur décision dans le sens des recommandations avancées par l'équipe dirigeante et sortante, avaient besoin de temps pour débattre en profondeur sur une double approche : se préparer à reprendre la lutte armée et poursuivre en parallèle les négociations bilatérales avec le Maroc.

La dépêche indique aussi que Tifariti est une localité libérée, située à 300 km à l'est d'El-Ayoun, capitale du Sahara occidental et ajoute que ce vaste territoire recèle d'immenses richesses minières, phosphates et hydrocarbures. La convoitise de ces ressources explique on ne peut mieux à la fois la fureur du régime marocain de s'opposer de toutes ses forces contre la tenue de ce congrès dans une zone hors de son contrôle et le vif intérêt qu'il cultive à considérer le Sahara occidental comme sien.

Bien que Rabat, en vérité, continue d'arborer les soutiens ouverts que lui témoignent les Etats Unis et la France, en particulier, aucun pays au monde ne s'est, jusqu'ici, déclaré en faveur de sa souveraineté sur le Sahara occidental.

Le congrès du Front Polisario s'est achevé jeudi, avec, en toile de fond, la perspective d'une reprise du combat armé, dans l'éventualité où les prochaines négociations bilatérales avec le Maroc se concluraient par un échec.

Mohamed Abdelaziz, qui a été reconduit à la tête de ce mouvement indépendantiste, semble plutôt privilégier la solution pacifique, dans un premier temps. C'est du moins le langage qu'il a tenu à l'APS.

La reprise des hostilités est une alternative qui devra se décider dans un congrès extraordinaire à réunir dans six mois, a précisé le Secrétaire général du Front Polisario. Aussi, voit-on avec quelques appréhensions le prochain round des négociations de Manhasset, programmé du 7 au 9 janvier prochain.

Par consensus, les 1725 congressistes ont fini par adopter de telles conclusions devenues incontournables dès lors qu'il a été constaté le peu de disposition du Maroc à discuter autre chose que son projet d'autonomie tant vanté sur les forums internationaux. Et parmi les principales recommandations retenues, la remise en état de combat de l'armée populaire de libération sahraouie figure comme première préoccupation.

En même temps, les congressistes n'ont pas manqué de fustiger l'attitude obscure de l'ONU qui, loin de répondre aux attentes du peuple sahraoui, s'est enlisée depuis seize ans dans des considérations sans rapport avec le droit des peuples à l'autodétermination.

C'est aujourd'hui que doit s'engager, en principe, le troisième round des négociations maroco-sahraouies, sous l'égide de l'ONU, à Manhasset, dans la banlieue de New York.

Il faut se rappeler que le deuxième round s'est clôturé sur un figement des positions des deux parties et que, depuis cette date, plane désormais la menace d'une reprise des combats armés par le Polisario, comme en avait décidé son dernier congrès.

Aussi, la tâche de Peter Van Walsum, envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, se révèle-t-elle ardue pour rapprocher les deux parties, d'autant que le Maroc s'entête toujours à mettre en avant, comme seule voie possible vers la paix, l'autonomie sous souveraineté marocaine.

Les prochains jours nous indiqueront le sens pris par ces nouveaux entretiens.

Comme attendu, le Maroc a réitéré, selon une dépêche de la M.A.P., sa position que l'on connaît déjà sur l'autonomie du Sahara occidental.

Il se dit intraitable sur la question de sa "souveraineté et de son intégrité territoriale" qu'il considère comme exclue de tout "marchandage ou concession".

Resté sourd aux résolutions 1754 et 1783 du Conseil de sécurité qui énoncent implicitement la tenue de négociations bilatérales maroco-sahraouies autour, principalement, du seul projet de l'autodétermination du peuple sahraoui, il s'entête à ne relever que le soutien des deux ou trois capitales occidentales, Washington, Paris, et peut-être Madrid pour son projet d'autonomie, en feignant surtout d'oublier qu'aucun pays au monde n'a reconnu jusqu'ici sa souveraineté sur le Sahara occidental.

Pire, il estime que la revendication des Sahraouis relève de l'idéologie de la guerre froide, condamnée, selon lui, par la communauté internationale. C'est à croire que le Maroc est sur une planète et le reste du monde sur une autre. Tout cela sonne comme un défi à l'opinion mondiale...

Enfin, pour l'énième fois, il s'en prend à l'Algérie qu'il rend responsable d'alimenter à ses yeux le conflit, en poussant le Polisario à reprendre les armes.

Une dépêche de l'Agence marocaine de presse (MAP) vient d'annoncer la fin, mercredi après-midi, des négociations à Manhasset entre le Maroc et le Polisario.

Elles ont apparemment achoppé, selon le site Tout sur l'Algérie qui reprend, comme suit, le communiqué de Peter Van Walsum, représentant du secrétaire général de l'ONU : "Au cours des deux jours de discussions, les parties ont continué d'exprimer de fortes divergences de vues sur les questions fondamentales en jeu. Le Maroc et le Front Polisario indépendantiste sont toutefois convenus de poursuivre leurs discussions sous l'égide de l'ONU du 11 au 13 mars prochain".

D'après l'Agence marocaine de presse (MAP) citant Tom Casey, porte-parole adjoint du département d'Etat, les Etats-Unis ont, une nouvelle fois, manifesté leur parti pris pour le Maroc en déclarant : "Nous estimons que la proposition marocaine d'accorder une véritable autonomie au Sahara occidental fournit une option sérieuse et crédible et nous espérons que le Polisario va engager des discussions sur cette proposition en tant que point de départ réaliste qui peut mener vers un règlement de ce conflit".

Si telle est vraiment la position de Washington sur cette question, il faudra se demander le rôle joué par ses pions installés au niveau du gouvernement algérien. Il est vrai que la loi concoctée par eux pour ouvrir aux compagnies américaines l'accès libre sur les gisements pétroliers sahariens a été vite abrogée, à la faveur, a-t-on dit, de la visite de Chavez à Alger. Mais, comme ces pions sont toujours en place, il importe de savoir, aujourd'hui, le sens de l'objectif poursuivi par l'équipe Bush pour se ranger ainsi au côté de Rabat.

Au demeurant, la question du Sahara occidental ressortissant exclusivement du volet de la décolonisation, il est permis de supposer que la présente déclaration du département d'Etat n'ait de finalité que pour peser sur des questions vitales concernant les intérêts américains en Algérie. Elle sert en quelque sorte de moyen de chantage et rien d'autre, d'autant que, et cela a été dit et répété, que les Etats-Unis n'ont jamais encore reconnu jusqu'ici la souveraineté du Maroc sur l'ex colonie espagnole.

Une nouvelle rencontre, c'est la quatrième, entre le Maroc et le Polisario, est programmée du 16 au 18 mars à Manhasset, dans la banlieue de New York, annonce Michèle Montas, porte-parole de l'ONU.

Parallèlement, le Premier ministre marocain appelle aujourd'hui même le Polisario et l'Algérie à être "positifs", à l'occasion de ces pourparlers. Pour Abbas El-Fassi, l'Algérie, en particulier, est invitée à s'inscrire sur le fond du projet "d'autonomie" présenté par le Maroc. Il réaffirme, en sus, la disposition permanent du Maroc "de négocier au sujet de l'autonomie, toute l'autonomie et rien que l'autonomie".

Sachant, d'un autre côté, que l'Algérie, par la voix de son président, vient de soutenir le droit du Sahara occidental à revendiquer l'autodétermination de son peuple, il est permis, d'ores et déjà, de considérer que les prochaines négociations vont achopper encore une fois sur l'intransigeance de Maroc resté fermé aux aspirations du peuple de l'ex Rio de Oro espagnol.

La quatrième conférence, qui a réuni, lundi et mardi, à Manhasset, le Maroc et le Polisario, s'est clôturée par un échec total.

La rencontre a buté une nouvelle fois sur l'intransigeance du Maroc à ne rien discuter d'autre que sa formule d'autonomie, dans les mêmes formes et les mêmes conditions qu'il l'a présentée les fois précédentes.

Pour Rabat, rien n'est négociable quant à sa souveraineté pleine et entière sur "son" Sahara. Du coup, c'est une nouvelle partie remise, la cinquième, à une date ultérieure qui "sera définie d'un commun accord", a déclaré l'émissaire de l'ONU pour le Sahara occidental, Peter Van Walsum, dans un communiqué.

Par ce procédé dilatoire qui bloque la discussion sur le fond, le Maroc, c'est l'évidence même, cherche surtout à renvoyer sine die le projet caressé par la frange dure du Polisario de reprendre la lutte armée. D'ailleurs, il espère même, avant que ce mouvement ne réussisse à se résoudre vraiment à cette extrémité, qu'il finira, à la faveur des agitations terroristes qui secouent aujourd'hui le Sahel, par faire l'amalgame entre les violences intégristes et l'activisme du Polisario, de sorte à faire inscrire ce dernier au nombre des appendices d'Al-Qaïda. Il s'offrirait alors le luxe d'obtenir des USA et de leurs alliés leur adhésion pleine et entière à son combat qui viserait à n'en pas douter l'éradication définitive du Polisario. De là, par conséquent, à découvrir demain, peut-être, quelque lien direct entre les services spéciaux marocains et les enlèvements d'étrangers qui s'opèrent en ce moment même au Sahara, l'hypothèse n'est pas à négliger.

Devant la Chambre des communes, Howells, le ministre britannique des Affaires étrangères a réaffirmé la position de son pays sur la question du Sahara occidental : "Le Royaume uni appuie les efforts du secrétaire général des Nations unies et de son envoyé spécial au Sahara occidental, M. Peter Van Valsum".

Répondant à un député, le secrétaire du Foreign office, relatant son entretien de juillet dernier avec son homologue marocain, Tayeb Fassi Fihri, lui aurait déclaré qu'il souhaitait "une solution politique mutuellement acceptable, à même de permettre au peuple du Sahara occidental d'exercer son droit à l'autodétermination".

Le Maroc n'est donc pas fondé à claironner sur tous les toits que le Conseil de sécurité approuve sa proposition d'autonomie, son cheval de bataille, à l'occasion de ses rencontres avec le Polisario.

A dire vrai, il n'y a que la France et les Etats Unis, membres de ce Conseil, à persister dans leur soutien à la formule avancée par le Maroc. Les autres pays, eux, s'accordent à laisser au secrétaire général de l'ONU l'initiative de la mise en application des résolutions adoptées jusqu'ici, et qui sont bien, en réalité, à contre courant des prétentions marocaines.

Une nouvelle résolution, portant n° 1813, vient d'être adoptée à l'unanimité par le Conseil de sécurité, après une séance marathon où deux clans s'étaient opposés : celui des USA et de la France soutenant la prétention marocaine de se satisfaire de l'autonomie du Sahara et celui des légalistes revendiquant l'autodétermination du peuple sahraoui telle que retenue dans les différentes résolutions de l'ONU prises jusqu'ici.

La dernière, en tout cas, demande aux parties en conflit de "poursuivre les négociations sous les auspices du secrétaire général (Ban Ki-moon), sans conditions préalables et de bonne foi", en insistant sur la nécessité de "parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental".

Le plus essentiel est dit dans la seconde partie de cette phrase : l'autodétermination. N'en déplaise aux Marocains qui ont fait, par ailleurs, une lecture totalement inverse de cette résolution, Ban Ki Moon a donc réussi à imposer l'approche officielle unique de l'organisation internationale, la voie plutôt favorable au Polisario et non au Maroc.

Américains et Français se sont pliés en fin de compte à la volonté de la majorité, puisqu'ils ont adopté cette résolution demandant une nouvelle fois au Maroc et au Polisario de reprendre leurs négociations dans l'objectif tracé et rien d'autre.

A l'occasion du 35è anniversaire de la création du Front Polisario, le président Bouteflika a adressé un message à ses dirigeants dans lequel il réaffirme le soutien de l'Algérie aux résolutions de l'ONU qui s'inscrivent en droite ligne dans les aspirations du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance.

Il forme le voeu que les négociations politiques entre le Maroc et l'Algérie aboutissent à la solution permettant au peuple sahraoui de s'autodéterminer.

C'est à Tifariti, zone libérée, que le Polisario compte organiser les festivités marquant cet anniversaire.

Il est hors de doute que le message algérien provoquera du côté marocain des protestations véhémentes, sachant combien l'affaire du Sahara reste-t-elle considérée par lui comme réglée. D'un autre côté, il faut s'attendre à ce que les autorités de ce pays élèvent le voix, une fois de plus, contre l'organisation à Tifariti des festivités projetées. Pour elles, c'est là un acte de provocation qui viole les règles du cessez-le-feu établi.

A priori, les Sahraouis sont bien loin d'atteindre leur objectif tant caressé, l'indépendance.

L'ONU, pour ne pas dire le machin en paraphrasant de Gaulle, semble suivre une pente quasiment à contresens de leurs intérêts.

Le Hollandais, Peter Van Valsum, "continuera dans sa fonction d'envoyé personnel du secrétaire général (de l'ONU) et il fera partie du processus qui prendra en considération les prochaines étapes à suivre", a indiqué Marie Okabe, porte-parole adjointe de Ban ki Moon.

Or, c'est le même personnage qui a osé récemment déclarer grosso modo que le Polisario se doit d'abandonner l'idée de l'indépendance et se concentrer sur la proposition marocaine d'autonomie interne.

Aussi, Marie Okabe n'a-t-elle pas hésité, dans sa conférence de presse tenue vendredi dernier, à prévenir que l'organisation internationale donnerait : "au processus un peu de temps supplémentaire de réflexion avant de convenir d'un cinquième rendez-vous de pourparlers".

Nous ne sommes plus, en vérité, dans les années soixante. Le machin est aujourd'hui contrôlé par les trois ou quatre grands de ce monde. Et ceux-là se disent opposés à l'émiettement des Etats...

Dans un communiqué rendu public aujourd'hui, le Polisario annonce qu'il est prêt à se rendre à Manhasset pour le cinquième round des pourparlers avec le Maroc, sous réserve que Peter Van Valsun, représentant du Secrétaire général de l'ONU, ne soit pas présent à la rencontre.

Le Polisario estime que ce dernier s'est discrédité en prenant position en faveur du Maroc, dans une négociation où sa neutralité était attendue.

L'on ne sait pas encore la réaction de Ban Ki Moon devant cette décision, qui ne manquera pas de poser problème au niveau du Conseil de sécurité.

Brahim Ghali, ambassadeur de la R.A.S.D. à Alger, a applaudi, dans une conférence de presse tenue aujourd'hui, la nouvelle reconnaissance de son pays par le Paraguay, intervenue ces derniers jours et qui s'inscrit à la 85è position des capitales qui ont accompli ce geste. Il faut rappeler que le Paraguay, après avoir reconnu une première fois la RASD, avait changé d'avis sous la pression sans doute des grandes puissances amies du Maroc.

Par ailleurs, le diplomate s'est félicité de constater que, le mandat de Peter Van Valsum arrivant à expiration le 21 août prochain, il y a de fortes chances qu'il soit mis fin à la fonction de médiateur de l'ONU que ce diplomate exerce jusqu'ici comme représentant du secrétaire général dans le dossier saharien. Contrevenant au devoir de neutralité, le chargé de mission avait, en maintes occasions, ouvertement pris position en faveur du Maroc en déclarant publiquement "irréaliste l'indépendance du Sahara occidental". C'est d'ailleurs pour dénoncer le parti pris de ce fonctionnaire que le Polisario a tenté récemment de le récuser à l'occasion de la préparation amorcée du cinquième round de pourparlers de Manhasset.

Le journal espagnol El Pais a annoncé aujourd'hui le retrait de Peter Van Valsum du dossier saharien, chose que l'intéressé confirme dans une tribune séparée.

Abondant dans le sens de la demande présentée par le Front Polisario, le secrétaire général de l'ONU a donc mis fin à la mission de ce diplomate hollandais qui avait ouvertement pris fait et cause pour le Maroc, dans son différend avec le Polisario.

Ce dernier peut donc se rendre au 5è round des négociations de Manhasset avec la certitude qu'il n'aura plus dans ses pattes un adversaire représentant, comble de l'ironie, l'Organisation des Nations Unies, qui a justement pour rôle d'apaiser les tensions et non de les réactiver, en adoptant une position de neutralité en tout état de cause.

Une lueur d'espoir est venue conforter le Front Polisario dans sa requête à l'ONU pour faire valoir l'aspiration de son peuple à l'autodétermination. Mettant fin à ce qui semblait être des manipulations venues d'Etats comme les USA, la France ou l'Espagne, la quatrième Commission de l'ONU chargée, en particulier, des questions de décolonisation, a pris par consensus, hier soir, une résolution engageant les deux parties en conflit, le Maroc et le Polisario, à entrer en négociations sérieuses devant déboucher sur l'autodétermination du peuple du Sahara occidental.

Après avoir réaffirmé le droit inaliénable de tous les peuples à l'autodétermination, principe bafoué par le Maroc et ses soutiens, la résolution invite les deux parties à faire preuve de volonté politique d'aboutir. Les négociateurs doivent exclure toute condition préalable et travailler de bonne foi à la solution de leur problème. En d'autres termes, la nouvelle résolution met un terme aux tergiversations marocaines qui voulaient limiter la discussion autour de leur proposition d'autonomie interne, rejetée pourtant formellement par le Polisario.

Le départ de Von Valsum aura été finalement bien bénéfique pour ce dernier. Le diplomate néerlandais ne manquait pas seulement de neutralité mais faisait fi des principes intangibles qui régissent l'ONU.

Un grand pas en avant vient d'être franchi par la République arabe sahraouie. Quatorze associations danoises composées d'hommes politiques, d'étudiants et de jeunes ont officiellement demandé à leur gouvernement de reconnaître cette jeune République.

Pour ces organisations, "Il est temps pour que la Norvège rejoigne d'autres pays comme la Suède et l'Afrique du Sud qui ont clairement affiché leur soutien à la lutte du peuple sahraoui pour son indépendance et son droit à l'autodétermination", est-il indiqué dans leur lettre adressée au ministère des Affaires étrangères. Mieux, elles reprochent même au gouvernement danois de "n'avoir entrepris aucune action de pression» sur Rabat en vue de l'amener à aller dans ce sens, rapporte le journal électronique TSA.com.

Par ailleurs, ajoute ce dernier, l'Internationale socialiste pour la femme a même accueilli, à sa réunion des 14 et 15 novembre dernier, une délégation de femmes sahraouies invitées comme observatrices. «La présence de la femme sahraouie à cette organisation aura un rôle capital dans la défense des objectifs pour lesquels lutte l'Internationale socialiste (IS) pour la femme», a affirmé la SG de cette organisation, Marlyn. Hass,
indique l'agence de presse sahraouie, SPS. Enfin, le PS français a reçu, de son côté, une autre délégation de membres du Polisario, également invitée au nombre des délégations étrangères ayant suivi les travaux de son 75è congrès.

Contrairement à ce que les agences de presse ont annoncé, lors de la visite à Rabat du ministre paraguayen des Affaires étrangères, Alejandro Hamed Franco, ce dernier n'a jamais soutenu le projet d'autonomie préconisé par le Maroc à propos du Sahara occidental.

A partir d'Alger où il vient d'être reçu par son homologue algérien, le ministre s'est plutôt déclaré en faveur d'une solution pacifique sous l'égide de l'ONU, sans autre précision.

Il a donc démenti les propos à lui attribués par l'Agence marocaine de presse dans un sens qui n'aurait jamais été évoqué par lui lors de ses discussions avec les autorités marocaines, dans le cadre de la réunion de la commission mixte.

De toute évidence, Rabat, que déstabilisent diverses déclarations contraires à ses vues provenant notamment d'Europe et surtout d'Espagne où il croyait disposer d'un véritable appui, cherche éperdument à relancer son projet d'autonomie. Ayant déchanté suite à l'éviction de Von Valsum, l'ex représentant de l'ONU chargé de la question du Sahara, qui avait pris fait et cause pour son projet, les Marocains s'agitent beaucoup ces derniers temps pour tenter de reprendre pied dans l'arène internationale et regagner l'audience qu'ils ont perdue relativement à cette affaire.

Cette fois, c'est Ban Ki Moon, le secrétaire général de l'ONU, qui reconnaît en personne l'échec des négociations successives engagées entre le Polisario et le Maroc. "Comme il semblerait, au vu des consultations tenues jusqu'ici, que la situation ait peu évolué depuis le dernier cycle de négociations, il faudrait, pour qu'un cinquième cycle de pourparlers aboutisse, procéder à des préparatifs minutieux", écrit-il dans un rapport destiné au Conseil de sécurité.

Le secrétaire général indique, par ailleurs, que selon son émissaire spécial pour le Sahara, Christopher Ross : "Les positions des parties demeuraient très éloignées sur les moyens de parvenir à un règlement politique juste, durable et mutuellement acceptable prévoyant l'autodétermination du peuple du Sahara occidental", ajoute-t-il.

Aussi, en arrive-t-il à la conclusion de se décharger à son tour sur le Conseil de sécurité pour "demander à nouveau aux parties de négocier sans conditions préalables et de bonne foi et de faire preuve de volonté politique pour engager un débat de fond et assurer le succès des négociations".

En somme, Ban Ki Moon a bien pris acte de la position manifeste du Maroc de rejeter l'autodétermination du peuple du Sahara occidental, cette même autodétermination que l'ONU a adoptée comme résolution dans un passé lointain. Mais, il se décharge négligemment sur le Conseil de sécurité du soin de rappeler Rabat à l'ordre. Or, c'est précisément ce même langage, cette même prise de position, ce renoncement à appliquer une résolution de l'ONU adoptés par ses prédécesseurs qui expliquent l'énorme retard pris sur le règlement de ce grave problème, aux dépens de populations entières réduites quasiment à la mendicité et à l'aumône internationale.