Hérisson
Nombre de messages : 249 Date d'inscription : 07/04/2007
| Sujet: Le Sahara occidental et l’hystérie de la presse marocaine Jeu 25 Oct - 18:07 | |
| Sur un même registre, bien usé et même fripé, les journaux marocains saisissent n’importe quelle occasion pour rappeler leurs lecteurs, marocains bien sûr, au devoir d’entretenir le mythe de la marocanité du sahara, quitte à travestir la vérité des faits, ou même à mentir de façon aussi insolente qu’effrontée, comme le fait gaillardement et toute honte bue dans son papier d’ouverture, de ce matin, le quotidien « Aujourd’hui le Maroc ». Dès les premières lignes, ce canard ose écrire non sans mauvaise foi : « … résolution 1754 du Conseil de sécurité, qui a clairement salué les efforts du Maroc pour trouver une solution au conflit. » Ban Ki-moon, note, de manière sinon contraire du moins nuancée, au paragraphe 17 de son rapport auquel il est fait référence : « Même dans l’éventualité où le Maroc ne serait pas intéressé par les explications du Front Polisario, qui présument que l’on est ouvert à l’idée d’un Sahara occidental indépendant, il devra de toute manière participer aux pourparlers là-dessus s’il veut respecter la résolution 1754. Quant au sens que cette résolution a sur le plan pratique du point de vue du traitement à réserver aux deux propositions, mon envoyé personnel a pris pour acquis qu’elles étaient toutes les deux mises en discussion. Il est vrai que la résolution était plus détaillée quant à la proposition marocaine qu’elle ne l’était quant à celle du Front Polisario, mais le plus important en fin de compte est que le Conseil ait pris note des deux propositions dans une même résolution, dans laquelle il appelle les parties à engager des négociations. Par conséquent, ces deux propositions sont à l’ordre du jour et doivent être débattues. » Voila donc qui clarifie nettement la position exacte du Conseil de sécurité, et tout particulièrement son approche de la question des négociations bilatérales attendues des seules parties belligérantes, à l'exclusion de toute autre partie, comme l'Algérie ou l'Afrique du sud non intéressées directement au conflit. Le journal prétend, ensuite, dès sa seconde phrase, que le Polisario aurait contesté la résolution 1754 et que, à l’en croire, le secrétaire général de l’ONU aurait même pris note d’un tel refus, etc. Vraiment, c’est d’une inexactitude à couper au couteau, puisqu’on vient de lire la position réelle de ce dernier tout à fait aux antipodes de cette version mensongère. Le canard ose, plus loin, affirmer encore, contre toute attente, que « l’autonomie constitue une forme d’autodétermination puisqu’elle donne aux habitants des provinces sahariennes le droit de gérer eux-mêmes leurs affaires ». Les Marocains sont-ils donc habilités à s’autodéterminer à la place des Sahraouis pour juger en leur lieu et place de l’avenir qu’ils veulent se donner ? Jusqu’à plus ample informé, les dirigeants sahraouis eux-mêmes savent, pour avoir accepté les règles du jeu de l’autodétermination, que si leur peuple était conduit demain à s’autodéterminer librement en faveur de l'annexion de leur pays au Maroc, ils en acceptent d’ores et déjà le risque. Mais telle n'est pas la position du Maroc, qui, apparemment, craint fortement de perdre la partie en cas de référendum engagé dans ce sens, à telle enseigne d'ailleurs qu'il se refuse d'en courir le moindre risque. Pour s'être comporté, non pas en "mère patrie récupérant une province" comme il le clame si haut, mais en puissance vraiment dominante sur l'ex Rio de Oro se substituant à l'empire colonial espagnol, avec les déplorables conséquences au plan humanitaire que l’on devine aisément, le Maroc sait d’avance, depuis 1975, qu’il n’a guère de chance de faire plébisciter cette supposée annexion qu’il réclame tant pour faire l'impasse sur sa lourde responsabilité devant l'histoire à propos des enclaves de Melila et Ceuta devenues "messamir Djeha". Enfin, le reste du rapport de Ban Ki-moon est suffisamment édifiant quand il dénonce non sans raison les multiples entorses faites déjà au droit par l’occupant, au Sahara occidental : « Le nombre de violations de l’accord militaire, qui définit les termes du cessez-le-feu, n’a pas diminué… des restrictions ont continué d’entraver la liberté de mouvement des observateurs militaires des Nations unies lorsqu’ils désirent se rendre auprès d’unités, de quartiers généraux ou de points d’appui à des fins de vérifications ». De toute évidence, il devient illusoire pour les Sahraouis de s'attendre à meilleur traitement demain, si, par extraordinaire, leur pays devait passer un jour sous les fourches caudines de Rabat. | |
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