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 Le nazi Papon au service de de Gaulle s'était particulièrement illustré un certain 17 octobre 1961

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Tarascon

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Nombre de messages : 225
Date d'inscription : 21/06/2007

Le nazi Papon au service de de Gaulle s'était particulièrement illustré un certain 17 octobre 1961 Empty
MessageSujet: Le nazi Papon au service de de Gaulle s'était particulièrement illustré un certain 17 octobre 1961   Le nazi Papon au service de de Gaulle s'était particulièrement illustré un certain 17 octobre 1961 EmptyLun 18 Oct - 11:03

Les massacres perpétrés, le 17 octobre 1961, contre des manifestants pacifiques algériens, par la police parisienne aux ordres de Maurice Papon, le nazi de Bordeaux il y a peu condamné à perpétuité pour ses crimes du temps de l'occupation, laissent aujourd'hui encore des traces indélébiles de la nature sauvage du colonialisme français.

Qui peut mieux, d'ailleurs, que le film présenté hier par France 2 restituer avec objectivité toute la trame de ce jour infernal où des milliers de policiers parisiens armés jusqu'aux dents tiraient à vue sur des foules d'hommes et de femmes s'avançant pacifiquement à la tombée de la nuit dans les carrefours de Paris ? Qui eût un instant pensé que de Gaulle, le résistant autoproclamé contre l'occupation allemande, fût capable de soutenir et de couvrir le sanguinaire Papon pendant et après cette tuerie aveugle et indigne d'un pays prétendument civilisé ?

Les manifestants, qui se croyaient un brin français et avaient eu le malheur de crier leur colère contre ce qu'ils appelaient une mesure injuste et sélective, celle d'établir un couvre-feu interdisant aux seuls Algériens de circuler entre 20 h 30 et 5 h du matin dans Paris, ont été broyés impitoyablement par des hordes d'assassins qui les cueillaient aux différents carrefours. Abattus alors froidement et systématiquement par des tirs d'armes automatiques sinon battus à mort à coup de bâton, les malheureux furent aussitôt jetés dans la Seine ou encore embarqués avec force brutalité dans des autobus pour être parqués dans des centres de tri. Là, délestés de leurs papiers, de leur argent, de leur montre, ils ont encore subi de nouvelles brutalités de policiers déchaînés s'en donnant à cœur joie pour bouffer du "bougnoule", de l'arabe, etc.

On ne saura, bien sûr, jamais le nombre de gens qui ont péri affreusement au cours de cette soirée et des jours suivants par balles ou sous les violences diverses exercées sur eux par des flics transformés soudainement en une meute d'animaux sauvages.

Certes, on pourra toujours prétendre qu'il y avait là une réponse aux rares attentats ayant visé auparavant des flics de la région parisienne et que, par besoin de calmer la colère de ces derniers, il fallait venger leurs camarades tués ou blessés.

Ce cycle de violences, qui s'était répété à profusion en Algérie même où près d'un million de bidasses massacraient jour après jour des centaines de milliers de civils innocents, avait un nom, celui de la colonisation qui réduisait les Algériens à des esclaves, donc à de simples êtres serviables et corvéables à merci, dont on exploitait les richesses et que l'on réduisait à la mendicité. C'était cela le visage, le vrai, du colonialisme français en Algérie, n'en déplaise aux extrémistes de tous bords qui osent encore croire aux bienfaits de l'ancienne occupation française de ce pays.

Quant à de Gaulle, les Algériens avaient toujours su qu'ils ne pouvaient rien attendre de l'homme qui leur avait fait l'une des guerres les plus meurtrières de l'histoire humaine, usant et abusant de tortures, de napalm et de destructions de toutes sortes, et qui, ne l'oublions pas, avait coiffé d'autres massacres aussi révoltants, ceux de Sétif de 1945.
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Tinhinane

Tinhinane


Nombre de messages : 233
Date d'inscription : 12/05/2007

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MessageSujet: Re: Le nazi Papon au service de de Gaulle s'était particulièrement illustré un certain 17 octobre 1961   Le nazi Papon au service de de Gaulle s'était particulièrement illustré un certain 17 octobre 1961 EmptySam 23 Oct - 13:38

Le commentaire suivant, dégoté dans http://www.intervalle-dz.com/algeriehistoirepeuples-et-civilisations-f38/massacre-du-17-octobre-1961-t2317.htm m'a paru très complet et digne d'être versé ici. Cependant, pour en rendre la lecture plus aisée, le texte a été tronqué de deux lignes incompréhensibles et, par ailleurs, quelques petites fautes d'orthographe et de ponctuation ont été corrigées.
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Massacre du 17 octobre 1961

par Syfou, DRS

Les évènements du 17 octobre 1961 désignent la répression ayant frappé une manifestation organisée par le Front de libération nationale algérien (FLN) en faveur de l'indépendance de l'Algérie à Paris. Des dizaines à des centaines d'Algériens, selon les sources, sont morts lors de la confrontation avec les forces de l'ordre alors dirigées par le préfet de police Maurice Papon. Certains d'entre eux ont été jetés dans la Seine. Les manifestants internés dans des centres de détention pendant quatre jours y auraient subi des violences.

Contexte historique - Le FLN et la communauté algérienne

(...) Le FLN, qui se distingue par une stratégie insurrectionnelle, se trouve en conflit frontal avec le Mouvement national algérien (MNA), nouveau parti des Messalistes. Dès le mois d'avril, le FLN décide de passer à l'assassinat des responsables messalistes en France. Jean-Paul Brunet considère que dès 1957, le FLN a pris le dessus sur son rival.

Cette guerre civile entre Algériens a sans doute coûté la vie à quelque 4 000 victimes. Un des enjeux de cette lutte fratricide que se sont livrée les deux organisations nationalistes, [notamment] sur le territoire français, était l'encaissement de l'impôt révolutionnaire prélevé sur les travailleurs algériens en France. À la fin de l'année 1960, le MNA n'aurait plus disposé que de 6 000 cotisants contre 120 000 pour le FLN.

La communauté algérienne en France connait une forte expansion: 211 000 personnes en 1954 et 350 000 en 1962. Une grande partie de cette communauté, 150 000 personnes, dont 8 000 femmes et 29 000 enfants en 1961, est concentrée dans le département de la Seine. Les travailleurs algériens, souvent simples manœuvres, parfois ouvriers qualifiés, vivent essentiellement dans des bidonvilles comme à Nanterre, Aubervilliers, Argenteuil ou Bezons ou dans les quartiers les plus miséreux de Paris comme la Goutte d'Or ou Ménilmontant.

L'imposition prélevée sur la communauté algérienne en France représente près de 80% des ressources du FLN, le restant provenant des aides de la Ligue arabe. Pour le travailleur algérien, il représente entre 5% et 9% de son salaire. L'emprise du FLN sur la communauté algérienne en France s'étend à certains domaines de la vie quotidienne. Par exemple, il prescrit le respect de la loi coranique et interdit la consommation d'alcool. Le recours aux tribunaux français est également prohibé. Les contrevenants peuvent être purement et simplement éliminés.

L'organisation militaire du FLN en France

Jusqu'en 1958, le FLN est organisé selon une structure pyramidale classique qui permet aux cadres un bon contact avec la base, mais qui rend l'appareil perméable à l'investigation policière. De fait, en septembre 1958, après des attentats spectaculaires, la police parvient à démanteler l'appareil du mouvement. Le FLN se réorganise alors en s'adaptant aux règles de sécurité basée sur de petits groupes de trois ou de six. Le FLN peut ainsi compter sur environ 450 hommes en région parisienne pour former ses groupes de choc en marge desquels il faut rajouter 8 katibas (compagnies) de 31 hommes chacune, constituant l' « Organisation spéciale », organisation de combat, formée de tireurs confirmés et de techniciens des explosifs, chargée des missions difficiles et de l'élimination des « traîtres ».

Les supplétifs algériens de la police française: la FPA

C'est à cet appareil militaire du FLN que la préfecture de police de Paris, dirigée par Maurice Papon à partir de 1958, doit faire face. Le 30 novembre 1959, le Premier ministre, Michel Debré, décide de constituer une Force de police auxiliaire (FPA) composée de musulmans algériens volontaires qui sera commandée par le capitaine Raymond Montaner.

L'objectif des FPA est de disloquer l'organisation du FLN, en arrêtant les responsables et en empêchant le prélèvement des cotisations. Ils parviennent à rallier les Algériens menacés de mort par le FLN et à recruter des indicateurs parmi les commerçants. La méthode utilisée par les hommes de Montagner est invariable: occupation d'hôtels habités par les travailleurs algériens, infiltration et recueil de renseignements, violences policières, tortures. Dans les archives policières, Linda Amiri a retrouvé une plainte déposée par un breton au teint mat, torturé pour qu'il avoue. Autrement dit, conclut Linda Amiri, toute personne au teint mat est soupçonnée de cotiser au FLN et susceptible de donner des informations.

La première compagnie de FPA implantée dans un quartier du XIIIe parvient à disloquer l'organisation frontiste dans cet arrondissement. Ce succès amène le préfet de police à implanter une deuxième compagnie dans le quartier de la Goutte d'Or. Dès lors, les patrouilles en file indienne de ces hommes en calots bleus, mitraillette à la ceinture, fait partie du paysage des XIIIe et XVIIIe arrondissements. Dans la lutte que mène la préfecture de police de Paris contre le FLN, les FPA sont en première ligne.

L'efficacité de la FPA, conclut Jean-Paul Brunet, a eu pour contrepartie l'emploi de moyens illégaux et moralement condamnables comme les arrestations et détentions arbitraires et la pratique systématique de la torture. Ces méthodes sont dénoncées dans la presse de gauche, et ce sont peut-être ces protestations mais aussi l'ouverture des premiers pourparlers d'Évian entre le gouvernement français et le GPRA à la fin du mois de juin 1961, qui aboutissent au regroupement des compagnies de FPA au fort de Noisy à Romainville. Toujours est-il que les négociateurs français d'Évian présentent le regroupement des FPA comme un geste de bonne volonté de la France, en échange duquel le FLN annoncera l'arrêt des attentats contre les policiers français.

Partisan de l'Algérie française et conseiller municipal de Paris, Bernard Lafay dénonce ce geste, alors que François Rouve, secrétaire du syndicat général de la police, présente au conseil général de son syndicat le regroupement comme la réponse positive du gouvernement à l'une de leurs revendications. Il précise même « nous avons obtenu que les cars conduisant les supplétifs soient conduits par des chauffeurs auxiliaires supplétifs, et non par des chauffeurs de la police municipale ».

Après une visite au fort de Noisy, Jean Viatte, président de la Commission de vérification des mesures de sécurité publique, qui représente également Maurice Patin, président de la Commission de sauvegarde des Libertés et droits individuels, termine son rapport en ces termes: « Le regroupement des forces supplétives et leur casernement à Noisy-le-Sec semblent avoir mis fin à certains excès antérieurs... ».

L'efficacité des FPA conduit rapidement le FLN à déclencher contre eux une guerre sans merci. Le poste de la Goutte d'Or est attaqué par deux groupes armés le jour même de son installation, le 20 novembre 1960 puis le 4 décembre. D'une façon générale, les postes et les cafés tenus par la FPA dans le XVIIIe arrondissement sont la cible de commandos qui y subissent de lourdes pertes, mais en provoquent également chez l'adversaire.

En avril 1961, les méthodes de la police et plus particulièrement des FPA en marge de la légalité sont à l'origine d'un différend opposant le garde des sceaux, Edmond Michelet, à Maurice Papon. Michel Debré donne raison à Papon et confirme que les Algériens peuvent être internés 15 jours avant que le procureur n'en soit informé. Il obtient également de la part de de Gaulle le renvoi de Michelet le 24 août.

Les attentats FLN contre la police française

Les supplétifs de la FPA ne sont pas les seuls à être visés par le FLN, il y a également des victimes parmi les policiers français depuis le début de la guerre. Dans certains cas, il s'agit de ripostes lorsqu'un suspect refuse d'être interpellé et tire sur ses poursuivants mais, dans d'autres cas, il s'agit d'attentats à l'initiative du FLN. Ces attentats connaissent une recrudescence en 1961 et plus particulièrement à partir du mois de septembre.

Parmi les 47 tués, on compte 15 FPA, 3 contractuels de la SATFMA (Services d'assistance technique aux FMA), 23 gardiens de la paix de la police municipale et 4 officiers de police judiciaire. Au total, depuis 1957, les services de la police ont dénombré 2124 attentats imputés au FLN. Dans la plupart des cas, il s'agit d'attentats visant des Algériens qui contreviennent d'une façon ou d'une autre à la loi du FLN. 1252 morts et 1291 blessés ont été enregistrés.

Les premières négociations d'Évian entre le gouvernement français et le GPRA débutent le 20 mai 1961. 15 jours après, on observe une suspension des attentats et cette trêve se poursuit pendant les pourparlers de Lugrin qui se tiennent à la fin du mois de juillet et pendant le mois d'août. Le 29 août, les attentats reprennent subitement. On en compte 5 à Paris et dans la proche banlieue. La vague d'attentats de septembre et octobre 1961 sera d'une ampleur que l'on avait jamais connue. Sept policiers en seront victimes en septembre. Il semble bien que les commandos du FLN aient reçu pour consigne d'attaquer indistinctement tout policier ou militaire en uniforme.

La cause de la reprise des attentats n'est pas claire : il est peu probable qu'elle ait été décidée par le GPRA vis-à-vis duquel de Gaulle a fait une concession le 5 septembre en reconnaissant le caractère algérien du Sahara. Jean-Paul Brunet a écrit qu'il a bien pu exister un décalage entre le GPRA et la Fédération de France et cite le nom de Mohammedi Saddek, le coordinateur de la Fédération de France qui aurait personnellement fait preuve d'indiscipline en lançant la vague d'attentats. Le 27 août, puis le 16 septembre, le comité fédéral de la Fédération de France, qui réside alors en Allemagne, écrit à Mohamed Zouaoui, chef de l'ensemble des opérations à Paris, pour lui demander sur quels principes ou quelles directives il se basait pour abattre de simples gardiens de la paix, puis, le 7 octobre, ordre est donné de cesser toute attaque contre les policiers. Pour les historiens britanniques House et MacMaster, la vague d'assassinats a été lancée à un niveau inférieur à celui de Zouaoui, par les chefs des deux wilayas de la région parisienne qui contrôlent les activités des Groupes armés (GA).

De la colère des policiers à la généralisation des sévices et aux assassinats

Les attentats dont ils sont victimes engendrent chez les policiers une véritable psychose. Il apparait que le corps des policiers, excédés par les attentats, est prêt à se faire justice lui-même. Dans le bimensuel du syndicat de la police parisienne, syndicat le plus représentatif des policiers, l'un de ses dirigeants, Paul Rousseau, se croit obligé d'écrire pour raisonner ses troupes : « Camarades du SGP, ne vous laissez pas aller à des actes qui ne sont pas en accord avec votre manière de penser; groupez-vous autour de vos cadres syndicaux, agissez comme des hommes représentant la justice, et non comme des justiciers ». L'ensemble de la communauté policière se sent concernée et les obsèques de chacune des victimes se déroulent en grande pompe dans la cour de la préfecture de police, en présence des plus hautes autorités. Le 3 octobre, aux obsèques du brigadier Demoën, Maurice Papon déclare dans son allocution : « Pour un coup donné, nous en porterons dix ». Dans la journée, il aura l'occasion de passer dans plusieurs commissariats où il autorise verbalement ses hommes à tirer dés qu'ils se sentent menacés. Il donne sa parole qu'ils seront couverts. Par ailleurs, il ne cesse de donner des consignes tendant au respect de la légalité. « Gradés et gardiens, écrit-il, se doivent de toujours garder leur sang-froid et d'éviter les brimades qui engendrent le ressentiment et la haine et qui font finalement de jeu de l'adversaire. » Dans un rapport au ministre de l'intérieur daté du 9 octobre, il attire l'attention sur le « malaise profond décelé au sein des services... qu'il n'est pas possible de laisser s'aggraver ... sans courir les plus grands risques ».

L'exaspération des fonctionnaires de police s'exprime en effet au cours des semaines qui précèdent le 17 octobre, par une pratique de sévices de plus en plus généralisée. À l'occasion des divers contrôles d'identité et formalités administratives auxquelles devaient se soumettre les FMA (Français musulmans d'Algérie) comme on appelle alors les Algériens, le passage à tabac devient de plus en plus fréquent. La hiérarchie se montre souvent incapable de tenir ses hommes. Les avocates Marie-Claude Radziewsky et Nicole Rein assurent souvent la défense des victimes de ces exactions policières. L'un de leur clients est un marchand de tapis arrêté le 17 octobre près du métro Barbès. Roué de coups, il se met à hurler. Un brigadier tente de s'interposer « Allez, ça suffit comme ça », mais le policier mis en cause lui répond « Je n'arrêterai que si je veux ». Outre les passages à tabac, les sévices peuvent consister en destruction de papiers d'identité ou en vols purs et simples, d'argent ou de montre. Encore le vol reste-t-il relativement rare, tandis que le bris volontaire des montres lors des passages à tabac est beaucoup plus répandu. Quand des plaintes sont déposées, l'IGS doit diligenter une enquête, mais suite aux consignes du préfet Papon, le commissaire divisionnaire de l'IGS s'efforce généralement de dédouaner les hommes mis en cause.

Au-delà des sévices ordinaires, certains policiers se laissent aller à des violences beaucoup plus graves. Malheur au suspect appréhendé après un attentat ! Le 4 octobre, au cours de la réunion hebdomadaire du SCINA (Service de coordination des informations nord-africaines), son président demande si la recrudescence des découvertes de cadavres de FMA dans la Seine ne pourrait pas être consécutives à des représailles policières. Les statistiques des homicides commis sur des Nord-Africains dégagent en effet une tendance particulièrement nette.

Parmi les 93 homicides du mois d'octobre, 55 ont été commis avant la manifestation du 17 octobre. Quelle part faut-il imputer aux policiers ou groupes parapoliciers opérant après les heures de service ? Jean-Paul Brunet qui a épluché les dossiers estime qu'une dizaine de cas sont presque certainement à mettre dans cette catégorie, mais qu'« à titre d'hypothèse provisoire», les morts d'octobre d'avant le 17 sont « en majorité imputables au FLN ». House et MacMaster, s'appuyant sur le fait qu'aucun élément ne vient étayer l'hypothèse d'une recrudescence d'assassinats fratricides au sein de la communauté algérienne, ni au sein du FLN, ni entre le FLN et le MNA, la majorité des homicides d'octobre doit être imputée aux violences policières.

Le couvre-feu

Le 5 octobre, le préfet de police Papon diffuse un communiqué de presse qui institue un couvre-feu pour les Nord-Africains. « Il est conseillé de la façon la plus pressante aux travailleurs algériens de s'abstenir de circuler la nuit dans les rues de Paris et de la banlieue parisienne, et plus particulièrement entre 20h30 et 5h30 du matin. » Officiellement, il s'agissait « de mettre un terme sans délai aux agissements criminels des terroristes algériens ». En fait, il s'agit pour Papon de riposter au FLN pour prendre un avantage définitif dans la « Bataille de Paris » qui oppose depuis 1958 le FLN, qui entend contrôler toute la population algérienne vivant dans la région parisienne, à la police parisienne dirigée par Papon. Le couvre-feu est effectivement une gêne considérable pour les activités vespérales du FLN. Parallèlement, les services de la SATFMA délivrent en grand nombre de laisser-passer, de mille à quinze cents par semaine. Le 15 novembre, sur les 90 000 travailleurs algériens du département de la Seine, 14 000 auront obtenu un laisser-passer.

Sur le plan intérieur, le couvre-feu est violemment critiqué pas seulement par les forces de gauche, comme le parti communiste et la CGT, mais également par le MRP, et même par le commissaire Dides, ancien député poujadiste qui présente la mesure comme « une manifestation de racisme contraire à nos traditions ». Selon la constitution de 1958, les Algériens étaient des citoyens à part entière et ils ne devaient donc pas être l'objet de mesures discriminatoires. Les 30 députés algériens dénoncent eux-aussi ces « mesures vexatoires, discriminatoires, pour ne pas dire racistes ». C'est d'ailleurs parce que le couvre-feu est légalement indéfendable que, selon le communiqué de Papon, il est seulement conseillé de s'abstenir de circuler la nuit. La police a naturellement donné à ce « conseil » un caractère tout à fait impératif.

Le FLN décide de riposter au couvre-feu en organisant une manifestation

Tout de suite après l'établissement du couvre-feu, le responsable parisien Zouaoui envoie au comité fédéral un rapport : il y mentionne le couvre-feu et la dureté de la répression engagée par Papon. Il préconise des actions nocturnes rassemblant hommes, femmes et enfants. Après avoir consulté en Belgique, le 10 octobre, les hommes de terrain, Zouaoui, Saddek et Omar Ouhadj, syndicaliste de l'AGTA (Amicale générale des travailleurs algériens), le comité fédéral conduit par Omar Boudaoud se réunit à Cologne et fournit des instructions détaillées pour une série d'actions articulées en trois phases. Le 14 octobre, Zouaoui transmet à son tour son plan d'actions détaillé au comité fédéral: Action de masse dans la soirée du mardi 17 octobre, grève des cafés, commerces et hôtels le 18 et manifestation de femmes et d'enfants le .

Le mot d'ordre est donné aux militants qui ne doivent le communiquer à la base que dans la journée même du 17 octobre pour que la police soit au courant le plus tard possible. Tous les Algériens, hommes, femmes et enfants doivent participer à la manifestation. Le port d'armes est absolument interdit. Les hommes seuls et les familles ont pour mission d'atteindre à 20 h 30 un certain nombre de lieux sur les principaux boulevards et places de la capitale. La participation à la manifestation revêt un caractère obligatoire pour les populations contrôlées par le FLN, ce qui n'empêche pas que par sympathie la majorité des manifestants penche du côté du FLN.

Mise en place du dispositif de police

Ce n'est que dans la journée du 17 que l'information parvient au cabinet de Papon. À 16 h 20, tous les services de la préfecture de police reçoivent un télégramme informant que « Le FLN ordonne à tous les FMA de sortir ce soir 17 octobre en fin d'après-midi et en soirée sur les grands axes de la capitale [...] afin de manifester pacifiquement contre les récentes mesures préfectorales ». Consigne est donnée dans ce même télégramme d'appréhender les manifestants, de conduire les hommes au Palais des sports, les femmes et les enfants au poste de police de la rue Thorel, dans le IIème arrondissement. Pour faire face à la manifestation, la préfecture mobilise 716 hommes de la police municipale, 662 hommes de la Gendarmerie mobile et 280 CRS, soit au total 1658 hommes, à peine quelques sections de plus que pour les journées de monômes du Bac, remarque Jean-Paul Brunet qui verra dans cette faiblesse des effectifs l'un des facteurs ayant conduit à la violence, ce qui n'est pas le point de vue de House et MacMaster.

La tension des policiers est extrême. Sur les fréquences districts de radio utilisées par la police et que peuvent capter les policiers qui rejoignent dans leurs cars leurs lieux d'affectation, circulent des rumeurs signalant que cinq policiers ont déjà été tués par les Algériens.




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