Visite à Moscou sans intérêt pour Sarkozy

Au centre des entretiens que les deux présidents ont abordés, la question du nucléaire iranien aura sans doute pesé d’un poids considérable, lors de la visite officielle rendue par Sarkozy à son homologue Poutine.

Autant Sarkozy, farouche opposant aux recherches iraniennes sur le nucléaire, se croyait-il dans son bon droit d’exiger l’arrêt de ces dernières, pour satisfaire sans doute les attentes du tandem israélo-américain, autant Poutine, dont les vues sur la question sont totalement différentes, refuse de suivre le camp occidental dans son intention d’user au besoin de la force pour faire plier Téhéran.

Les deux positions étant restées très éloignées sur ce principal dossier, on ne pouvait non plus s’attendre à une approche différente à propos du Kosovo. Moscou, allié de la Serbie, ne peut avaliser le plan concocté par l’Europe visant à permettre au Kosovo de se constituer en Etat indépendant.

Bien sûr, dans le domaine économique, on a pu trouver quelques terrains d’entente allant dans le sens du développement des relations bilatérales. La Russie se déclare toujours disposée à recevoir des investisseurs français, sous réserve de réciprocité. La France, de son côté, est prête à soutenir ces derniers pour « entrer dans le capital » du géant gazier russe Gazprom. Car, au premier rang de ses préoccupations immédiates, Paris veut d’abord s’assurer la sécurité des approvisionnements en gaz.

Enfin, s’il a plu à Sarkozy de titiller Moscou sur ses atteintes aux droits de l’homme, notamment en Tchétchénie, les officiels russes n'y ont pas trouvé à redire, préférant même le laisser faire tout simplement.

La presse russe n’a pas été bien tendre avec Sarkozy.

Elle s’est gaussée d’abord de ses étourderies – d’un côté, il avait prétendu s’être réveillé sur la Place rouge, ce qui était inexact, son hôtel étant situé bien loin de cette célèbre place ; de l’autre, il avait osé tutoyer Poutine. Ensuite, elle a relevé avec un brin de méchanceté ses chaussures à talonnettes pour rappeler sa petite taille.

Loin d’accueillir avec satisfaction son désir de voir le capital français s’investir en Russie, les journaux lui ferment plutôt la porte. « Le Kremlin et la vision de la Place rouge lui ayant donné des ailes, Sarkozy a parlé lors de la conférence de presse du souhait des investisseurs français d’entrer dans le capital de Gazprom », écrit Nazavissimaïa Gazeta, sous le titre suffisamment clair : « Rêves et fantaisies de Nicolas Sarkozy ». « L’entrée du capital français dans le secteur énergétique russe n’est pas pour demain », renchérit le quotidien économique RBK Daily.

Enfin, Izvestia, un journal proche du pouvoir, constate, au terme de la visite du président français à Moscou, qu’ « il n’y a eu aucun résultat », tout en persiflant ce qu’il considère les « avances » du président français à Poutine dont il a noté une apparente froideur.