Sa responsabilité étant désormais reconnue indirectement dans les tueries perpétrées par les services de la sécurité d'État, autrement dit la police politique aujourd'hui dissoute, l'ex dictateur du Caire risque désormais sa tête par pendaison, si la justice décide de lui faire un procès.
Le juge Omar Marwane, secrétaire général d'une commission d'enquête sur les violences qui ont été exercées en Égypte contre les manifestants dès le 25 janvier dernier, a accusé hier Mubarak de complicité dans le meurtre prémédité de 846 civils, pour la plupart atteints à la tête ou à la poitrine, signe évident qu'ils avaient été visés par des snippers. 6 000 blessés ont été de plus recensés au cours de cette enquête.
Le rapport de la commission s'est fondé sur l'audition de 17 000 témoins et responsables qu'appuient 800 vidéos et photos produites par des manifestants.
Or, a encore révélé l'enquête, les tireurs, spécialisés dans la lutte anti-terroriste, n'étaient autorisés à faire usage de balles réelles que sur ordre express du président lui-même. À l'évidence, l'implication et la responsabilité de ce dernier sont donc pleinement engagées dans ces assassinats.
Le rapport précise encore que les balles «
n'ont pas tué les victimes, elles ont mutilé leurs visages et détruit leurs yeux », comme le constat en a été fait dans divers hôpitaux qui les ont traitées.
Plus gravement encore, il est aussi reproché à Mubarak et à Habib el-Adli, l'ex ministre de l'Intérieur d'avoir autorisé délibérément l'écrasement des manifestants par les blindés de la police. Ce ministre fait d'ailleurs l'objet d'un procès où il doit répondre des accusations formulées dans ce sens contre lui. Le vice-président Souleiman a lui aussi été interrogé sur le même sujet.
Enfin, Mubarak, dont l'état de santé périclite, peut donc être très rapidement jugé sur ces différents crimes, si la justice s'avise de le poursuivre. Mais, rien n'est moins sûr, apparemment, les responsables actuellement aux commandes de l'État ayant eux-mêmes, comme anciens proches collaborateurs, des reproches à se faire pour leur participation même passive devant ces mêmes événements.