La résistance tenant bon à Misrata, une ville située à 120 km de la capitale libyenne, en dépit des bombardements intensifs qui ont causé la mort de centaines de personnes ces dernières semaines, l'armée de Kadhafi emploie désormais des bombes à sous-munitions pour la réprimer. Treize morts ont été enregistrés dans la seule journée d'hier parmi les civils.
Les témoignages prouvant l'emploi de ces armes prohibées par des conventions internationales abondent. Après HRW (Human Rights Watch) qui affirme avoir observé au moins trois bombes de ce type exploser au-dessus du quartier d’El-Shawahda à Misrata la nuit du 14 avril, c'est au tour du New York Times, photos à l’appui, d'indiquer que des bombes à fragmentation de 120 mm fabriquées en Espagne en 2007, ont été utilisées jeudi contre la rébellion.
Les bombes à sous-munitions, extrêmement dangereuses, sont capables en effet, quand elles n'ont pas immédiatement explosé, de mutiler ou de tuer des gens longtemps après leur emploi.
Le gouvernement a, bien sûr, démenti l'utilisation de ces bombes, mais, étant donné que lui-même n'a pas ratifié la convention entrée en vigueur en 2010, il peut toujours se prévaloir de cette échappatoire juridique pour ne pas être poursuivi.
Les conditions de combat de l'OTAN en Libye sont néanmoins appelées à évoluer considérablement, la communauté internationale ne pouvant se satisfaire des limites fixées par la résolution du Conseil de sécurité pour n'opérer qu'à partir du ciel contre les forces de Kadhafi. Ces dernières, au fil des jours, ont, il est vrai, réussi à s'infiltrer au sein des populations civiles des villes contrôlées par la résistance pour s'attaquer à elles. Arrivés en habits civils dans des voitures particulières et se dispersant facilement à travers les immeubles étatiques, les snippers de Kadhafi commettent des ravages considérables parmi les habitants qu'ils canardent à partir des toits avec leurs lance-roquettes. Et, pour les déloger, la question se pose pour les forces de l'OTAN d'obtenir du Conseil de sécurité une résolution additive qui les autorise à investir le sol et pas seulement les airs.
Si Londres, Paris et Washington semblent tout disposés à batailler pour faire voter une telle résolution, il leur faudra encore surmonter le véto de Moscou voire même de Pékin, autrement dit résoudre la quadrature du cercle... C'est bien là le hic !