Il n'y a pas que le président russe, Medvedev, à dénoncer les frappes de l'OTAN en Libye. D'autres pays et notamment les Brics, Chine, Russie, Inde, Brésil et Afrique du Sud, pays suffisamment représentatifs du monde émergent, partagent le même avis et dénient à la coalition puis à l'OTAN le droit, offert par la résolution 1973 du Conseil de sécurité, de bombarder les forces régulières libyennes.
Pour Medvedev, chargé d'être leur porte-parole suite à leur réunion d'hier, ladite résolution n'autorise pas une telle action militaire.
En revanche, tous ne formulent aucune solution pour écarter le tyran libyen, désormais largement discrédité à cause des massacres de populations qui lui sont directement imputés. À l'exemple d'Alger et de Damas, ces Brics se disent tous opposés à l'écrasement des forces régulières libyennes mais ne condamnent en rien la répression du dictateur ni n'avancent de réponse pour l'empêcher ou protéger les citoyens libyens exposés à la mitraille et aux canonnades d'une armée dirigée par des illuminés.
Certes, les Brics ont vocation à se concerter souvent sur des questions économiques pour améliorer leurs échanges, développer leurs industries, mais peu sur la matière politique, d'autant qu'un désaccord profond les divise notamment sur la question de l'admission de l'Inde et du Brésil comme membres permanents du Conseil de sécurité. Pékin comme Moscou, qui bénéficient d'un droit de véto à ce conseil, ont déjà exprimé, chacun pour des raisons propres, leur opposition à l'élargissement de cette assemblée restreinte, sans réussir à convaincre ni les prétendants ni la communauté des autres pays du tiers monde.
Aujourd'hui, les Brics s'accordent en tout cas à fustiger une fausse interprétation de la résolution 1973, manière de montrer leur approche différente des questions internationales menées jusqu'ici rondement par les cinq puissances disposant du droit de véto.