À peine a-t-il annoncé par voie de presse l'organisation pour le début mai d'un "méga meeting" à la Salle Harcha, à Alger, Saïd Sadi, le leader du R.C.D., un parti d'opposition, doit réviser son programme.
Les responsables du Complexe olympique qui sont en charge de la gestion de cette salle viennent en effet, selon les médias, de lui rejeter sa demande de réservation, prétextant que de longs travaux de réfection y sont d'ores et déjà engagés.
Empêchés par des cordons de police, pour la 8è ou 9è fois en deux mois, de réaliser leur marche depuis la place du 1er mai jusqu'à l'Assemblée nationale pour revendiquer leur droit au "changement" et à "la démocratie", les militants de ce parti ont été rappelés à l'ordre par les autorités politiques leur enjoignant d'organiser leurs manifestations dans des salles fermées, toute manifestation sur la voie publique restant prétendument interdite par la loi depuis 2001.
Mais, en se pliant à présent à cette règle que d'autres partis ont déjà appliquée, voici le docteur Sadi placé dans une position bien fâcheuse : la salle convoitée lui est refusée.
Il est clair, en vérité, qu'un tel refus, avant de devenir officiel, aura d'abord été soumis au pouvoir politique, et c'est donc lui qui l'aura décidé s'il ne l'a pas lui-même suggéré dès le départ. Le bras-de-fer que croisent Bouteflika et Sadi n'a rien d'une nouveauté, même si, tout au début du règne de Bouteflika, leurs rapports étaient au beau fixe durant un temps.
Cependant, pour Sadi, le rejet de sa demande, qui vient se greffer à l'interdiction totale de manifester sur la voie publique, constitue une véritable aubaine, pouvant être immédiatement mise à profit contre le régime de Bouteflika. Il démontre à souhait le peu d'empressement que témoigne ce dernier à répondre aux attentes de la communauté internationale et notamment des USA et de l'UE qui viennent de rappeler à bon escient le devoir de l'Algérie d'appliquer à la lettre les conventions souscrites par elle en matière de protection des libertés et des droits de l'homme. En d'autres termes, il est du droit des Algériens, comme de tous les autres nationaux, d'exprimer dans la rue leur mécontentement et éventuellement leur volonté de changer de gouvernement et de dirigeants. Et toute loi ou règlement pris localement en contradiction avec cette disposition reste sans valeur.