Les manifestants étaient une centaine de milliers, rassemblés hier sur la Place Tahrir, pour exiger que l'on juge l'ex dictateur Mubarak et que l'on respecte les idéaux de leur révolution.
7 officiers subalternes, des lieutenants, se sont joints à eux à cette occasion pour réclamer "le jugement des corrompus" et une épuration de l'armée. A minuit, ils étaient encore là, sous une tente protégée par des manifestants décidés à s'opposer à leur arrestation.
Mais, dès l'aube ce matin, des centaines de militaires sont arrivés sur les lieux pour disperser tout le monde. Ils ont tiré en l'air et provoqué alors des échauffourées. Les manifestants disposaient de gourdins et de pierres pour se défendre. D'après les traces de sang relevées par des témoins, il semble qu'il y eut de nombreux blessés dans les deux camps.
Un bus et un camion de l'armée ont fait à leur tour les frais de ces rixes : ils ont été brûlés par les manifestants qui criaient leur colère et réclamaient le départ du maréchal Tantaoui, 75 ans, le premier responsable de l'armée aujourd'hui et ancien ministre de la Défense durant les vingt dernières années sous le régime du dictateur.
Il faut rappeler qu'hier l'armée a employé la force, en tirant sur la foule réunie sur cette même Place Tahrir. Deux manifestants ont été tués et quelques autres blessés, a-t-on indiqué.
Ces événements nouveaux sont destinés à creuser le fossé qui sépare désormais le peuple poussé à bout des autorités militaires en place. Celles-ci étaient si profondément impliquées dans la conduite de la dictature mise en place par Mubarak qu'elles ne peuvent accepter de faire amende honorable et de se soumettre à la volonté populaire qui veut faire place nette des sanguinaires et autres corrompus du précédent régime.