Tandis que tous les médias restent silencieux sur les manifestations - voire les émeutes - qui ont pour théâtre le bassin minier de Gafsa, en Tunisie, le site Rue89 rapporte, dans le détail, ce qui s'y passe depuis maintenant huit mois.
Dans cette région, où l'on produit d'importantes quantités de phosphates, semble-t-il, étudiants et lycéens, ouvriers et mères de famille multiplient grèves et manifestations publiques en signe de protestation contre le chômage, la corruption et la cherté de la vie. Les forces de l'ordre, qui ont reçu ordre de contenir cette révolte et d'éviter surtout qu'elle ne se propage ou ne se sache au-delà des frontières, s'efforcent d'y installer un black out total, interdisant du même coup aux journalistes de pénétrer dans les lieux.
Les premiers incidents auraient éclaté à la suite d'un concours de recrutement de personnel, opéré en janvier dernier, et qui aurait été truqué. Les nombreux recalés de la localité, parmi lesquels de nombreux diplômés, ont dès lors protesté violemment contre l'entreprise initiatrice de ce concours, la Compagnie des phosphates de Gafsa, le seul employeur important de la région. Ils ont par suite décidé d'occuper les locaux du siège du syndicat des travailleurs, l'U.G.T., avant d'être rejoints par les membres de leur famille, lesquels ont installé carrément des tentes devant ce siège, pour inscrire leur mouvement de soutien dans la durée. Devant le nombre désormais croissant des protestataires, les pouvoirs publics ont réagi en bouclant le périmètre pour l'interdire aux médias.
Une équipe pirate de télévision réussit pourtant à prendre des images de la révolte et à les diffuser par le satellite. S'ensuivent dès lors des arrestations et des passages à tabac de tous les journalistes suspectés d'être impliqués dans la diffusion des images. En parallèle, le pouvoir tente de rassurer l'opinion en démentant les informations ainsi diffusées.
Benali, le président tunisien, dans une tentative destinée à calmer les révoltés, se décide du même coup de limoger le gouverneur de Gafsa, ainsi que le directeur de la société CPG. Il promet de réserver une part des recettes d'exportation des phosphates au développement des infrastructures locales. Mais ne tenant pas ses promesses, il finit par déterminer le peuple à réagir en intensifiant ses manifestations.
Pour contrer ces dernières, la répression s'est abattue cette fois sur des dizaines de syndicalistes et de journalistes que l'on défère par brassées entières devant les tribunaux.
La situation en est toujours là, semble-t-il ; les forces de l'ordre comme les manifestants refusant de céder la moindre parcelle de leurs positions respectives.
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