Pour s'être proclamé le réel vainqueur des dernières élections truquées au Gabon et avoir organisé hier soir un simulacre de cérémonie d'investiture de chef de l'État, l'ancien candidat André Mba Obamé, leader du parti d'opposition l'Union nationale (UN), est accusé de haute trahison par le ministre de l'Intérieur, Jean-François Ndongou. Ce dernier a même décidé de dissoudre le parti UN.
L'ancien ministre André Mba Obamé, qui avait déjà composé son cabinet, a déclaré devant les militants de son parti à Libreville que c'est lui qui avait été élu et non Ali Bongo, ajoutant : "Assumons nos responsabilités, nous ne sommes pas moins courageux que les Ivoiriens et les Tunisiens... L'histoire est en marche, allons de l'avant".
Du siège du Programme des Nations unies pour le développement à Libreville où il s'est par suite réfugié, il a demandé par lettre à Ban Ki Moon, secrétaire général de l'ONU, de le reconnaître comme chef de l'État gabonais. "Je suis le président élu du Gabon. La légitimité est au-dessus de la légalité. Le peuple gabonais, encouragé par la liesse et le courage du peuple tunisien, est plus que jamais convaincu que quand un peuple veut, il réussit. C'est ce qui anime en ce moment les peuples égyptien, algérien... C'est le vent du changement", a-t-il déclaré.
Réagissant à la dissolution de son parti, Mba a estimé, s'agissant des membres du gouvernement : "Eux aussi sont coupables de crime de 'haute trahison' car ils ont fait un coup d'Etat. Ceux qui sont passibles de crimes, ce sont eux. A commencer par le ministre de l'intérieur, qui est venu lire les résultats [des élections en 2009] sortis de nulle part", a-t-il poursuivi.
En vérité, Mba avait toutes les raisons de protester contre le trucage des résultats des dernières élections présidentielles, où, comme l'indiquait une récente enquête présentée sur France.2 dans l'émission Françafrique, les résultats avaient été purement et simplement inversés. En d'autres termes, ce n'est pas Ali Bongo qui avait obtenu les 41 % de voix mais son outsider. Et ce micmac éhonté avait été concocté sur ordre et avec la bénédiction de Paris afin de ménager ses propres intérêts au Gabon, un pays qui a toujours financé les coups bas en Afrique des dirigeants français depuis de Gaulle.
avec Le Monde et l'AFP