L'on sait que le président Wade du Sénégal, devenu d'ailleurs très silencieux ces derniers temps, a déjà renoncé de mauvaise grâce sans doute à son idée, empruntée à ses collègues arabes notamment, de tout mettre en œuvre pour se faire succéder par son fils, quand bien même celui-ci n'avait même pas réussi à recueillir un nombre de suffrages suffisants pour être élu comme simple conseiller municipal à Dakar.
L'on sait aussi que Bya du Cameroun, qui se préparait pourtant à se faire réélire pour un nième mandat, s'enfonce désormais dans un silence assourdissant par crainte de susciter la colère de ses concitoyens.
Mais l'attitude d'un Mugabe du Zimbabwe, qui n'avait pas gagné les dernières élections et s'était imposé par la force, exactement comme Gbagbo de Côte d'Ivoire, reste toujours ambiguë à propos de sa probable candidature aux prochaines élections attendues pour l'an prochain.
La réaction de Blaise Compaoré du Burkina Faso, face à la mutinerie d'hier de la garde présidentielle, augure néanmoins d'un possible retrait, si tant est que la révolte est appelée à se poursuivre durablement à Ouagadougou.
Les militaires en charge de sa propre sécurité se sont rebellés à cause d'une simple prime de logement promise et restée impayée. Ils ont occupé la rue, tiré des coups de feu en l'air et procédé à des pillages.
Leur mutinerie s'est étendue à une deuxième puis une troisième caserne de la capitale, forçant le dictateur en poste depuis 24 ans à abandonner précipitamment et de nuit le palais présidentiel pour aller chercher refuge dans son patelin d'origine situé à une trentaine de kilomètres d'Ouagadougou.
Une telle révolte, qui succède à une manifestation populaire du début avril demandant son départ, ne parviendra-t-elle pas à chasser ce tyran du pouvoir et lui demander entre autres par suite des comptes sur l'assassinat de son prédécesseur, le capitaine Sankara, pour lui ravir son poste ?
avec Le Nouvel Observateur