Dans la nuit d'hier, sur les 200 à 300 passagers d'une embarcation, de 10 mètres environ, qui a chaviré près de Lampedusa, sur la côte italienne, 130 à 230 d'entre eux ont été engloutis par une mer déchaînée, annoncent les agences de presse.
Une vingtaine de corps seulement ont jusqu'ici été repêchés, mais l'on est encore sans nouvelle des autres. Et tous venaient, semble-t-il, de l'Érythrée et de la Somalie, deux pays très pauvres de la corne de l'Afrique. D'ordinaire, c'est vers Sanaa, au Yémen, que se rendent leurs migrants. Ils y font une escale de quelques jours avant de se disperser dans la péninsule arabique à la recherche d'un hypothétique travail dans les émirats. Mais les choses ont changé depuis au moins deux mois au Yémen. Le pays est soumis à une révolte populaire très sanglante qui s'éternise, d'où l'option pour les rives européennes.
Il est encore heureux que ces clandestins aient eu le réflexe d'aviser à temps par téléphone cellulaire les autorités maltaises de leur situation de détresse, en pleine nuit, sous les bourrasques mortelles. Ce geste a sans doute permis à la marine italienne d'intervenir immédiatement à bord de deux vedettes et d'un hélicoptère.
Vers 4 heures ce matin, l'une des vedettes a localisé l'embarcation renversée et ses passagers dans l'eau sous la nuit noire. Grâce aux sauveteurs, quelques dizaines de ces clandestins ont réussi à s'agripper aux canots pneumatiques, aux bouées qui leur étaient lancés. Mais combien d'autres sont restés prisonniers des eaux, incapables bien souvent de nager ?
L'embarcation venait de Libye, selon les gardes-côtes italiens, et ses passagers avaient vraisemblablement profité du désordre qui y règne pour se porter à l'assaut de l'Italie, une destination devenue privilégiée au lendemain de la chute du dictateur tunisien et qui comptabilise depuis plus de 20 000 clandestins ayant franchi ses frontières maritimes en provenance de la rive sud de la Méditerranée.