Le directeur de l'A.I.E.A. a jugé personnellement "très grave" la situation actuelle née autour des centrales japonaises de Fukushima 1.
Non seulement sur place, au Japon, mais partout dans le monde, l'incapacité des Japonais de juguler les fortes émissions de radioactivité à partir de ces centrales accidentées, et principalement du réacteur n° 4, place le monde entier dans une profonde angoisse. Et cette angoisse grandit à mesure que, le temps passant, toutes les solutions tentées jusqu'ici pour refroidir ce réacteur se révèlent toutes inopérantes et sans succès. En particulier, l'ultime tentative d'arroser d'eau ce réacteur à partir d'un hélicoptère qui le survole a été très vite abandonnée à cause des fortes radiations détectées dans les hauteurs. Un espoir ténu subsiste néanmoins avec l'expérimentation prévue dans les prochaines heures de pompes à haute pression que Washington s'est proposé d'y envoyer.
Les vapeurs d'eau surchauffée atteignent des températures très élevées, de l'ordre de 300° qui rejettent dans l'atmosphère des particules de plus en plus fortement irradiées qui menacent la vie des intervenants sur place d'abord et ensuite des populations alentour. L'eau de mer utilisée pour le refroidissement complique encore le problème en fixant après usage, davantage que l'eau potable, des particules radioactives.
Les radiations transportées par le vent, qui souffle pour l'instant dans la direction sud, donc vers le Pacifique fort heureusement, peuvent dangereusement menacer désormais Tokyo, situé à quelques 250 km seulement, où d'ores et déjà elles atteignent 300 fois leur niveau admissible.
Des craintes très vives sont aussi alimentées à présent par le risque porté par les "piscines", où baignent les déchets hautement toxiques du combustible, d'une part en provoquant la fusion de celui-ci aux conséquences très dangereuses, d'autre part en produisant l'explosion du réacteur lui-même pouvant déboucher sur une catastrophe du type Tchernobyl.
Ce que retiennent enfin les scientifiques, tous plus ou moins circonspects devant l'insuffisance des informations diffusées par les autorités japonaises, c'est qu'un drame majeur est potentiellement prévisible dans les deux ou trois jours à venir.