L' imposture du ministre allemand de la Défense révélée au grand jour

Karl-Theodor zu Guttenberg, 39 ans, ministre allemand de la Défense et étoile montante du gotha politique, qui était poussé vers la porte de sortie, pour cause de plagiat, a annoncé sa démission. « Je présente mes excuses à tous ceux que j'ai offensés », a-t-il dit. « C'est la décision la plus douloureuse de ma vie. C'est une question de décence. J'étais toujours prêt à combattre, mais j'ai atteint les limites de mes forces », a ajouté Guttenberg. Il faut dire qu'une pétition signée par 50 000 universitaires exigeait son départ auprès de Merkel. De plus, deux plaintes judiciaires ont été déposées en justice contre l'époux d'une comtesse surnommé « baron du copier-coller »

C'est aussi un coup dur pour Angela Mekel qui, semble-t-il, pensait déjà à lui pour sa succession à la chancellerie.

La thèse de doctorat présentée par Guttenberg a été reconnue pour moitié plagiée : 200 passages au moins étaient "empruntés" sans aucune mention de leur véritable auteur. Guttenberg, confondu, a été aussitôt privé de son doctorat par l'université de Bayreuth qui l'a délivré, malgré les regrets exprimés "du fond du cœur" par le plagiaire.

Un site dénommé Plagiapedia a même été créé à cette occasion, par un groupe d'internautes allemands, qui se proposent de vérifier si d'autres dirigeants politiques n'ont pas eux aussi obtenu leur doctorat de la même manière. Ils passent au crible les thèses de Merkel, de Helmut Kohl, etc. Les chercheurs vérifient en même temps si les règles de la recherche universitaire sont respectées, dans un pays où le nombre de docteurs s'est trouvé multiplié par deux en l'espace de trente ans.

Le plagiat est en fait une donnée courante dans le monde universitaire et même littéraire. Bien souvent c'est au bout de nombreuses années de recherches que se révèlent les plagiats dans une foison d'œuvres aussi lourdes que diversifiées. On peut passer aisément sur tout un chapitre partiellement ou totalement plagié sans le moindrement s'en douter. Il faut être l'auteur du texte original pour en être alerté. Or, il est impossible pour un auteur de prendre connaissance de toutes les publications qui sont réalisées au fil du temps, même dans un secteur bien déterminé.

Des logiciels sont aujourd'hui mis au point pour détecter les plagiats mais il n'est pas aisé de les appliquer si l'on ne dispose pas à portée de la main de toutes les œuvres mondialement publiées sur le même thème et parfois dans différentes langues. D'où la grande difficulté de rendre opérationnels de tels logiciels, ce qui complique davantage encore la lutte contre le plagiat.

avec lefigaro.fr

L'actualité nous offre un exemple de plagiat en examen. Seif-el-Islam Kadhafi, le fils du despote, est précisément soupçonné d'avoir plagié sa thèse sur la démocratisation des institutions internationales. L'AFP rapporte, dans l'une de ses dépêches reprise par lefigaro.fr, les démêlés qui le mettent aux prises désormais avec l'université qui lui a délivré son doctorat.
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lefigaro.fr - 01.03.2011
AFP
Un fils de Kadhafi soupçonné de plagiat

La prestigieuse London School of Economics (LSE) a indiqué aujourd'hui qu'elle enquêtait pour établir si le fils cadet du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, Seif Al-Islam, s'est rendu coupable de plagiat dans sa thèse sur la démocratisation des institutions internationales.

Seif Al-Islam a obtenu un doctorat à la LSE, avec une thèse de philosophie sur "le rôle de la société civile dans la démocratisation des institutions de gouvernance internationale", datée de septembre 2007. "La LSE est au courant des accusations de plagiat dans la thèse de Seif Kadhafi", a déclaré un porte-parole de la LSE. "L'école prend très au sérieux toutes les affirmations de plagiat et étudie la question conformément aux procédures de la LSE", a-t-il ajouté. Les accusations ont été lancées par des universitaires qui ont souhaité garder l'anonymat, selon le journal des étudiants de la LSE, The Beaver.

La semaine dernière, l'université avait annoncé couper tous ses liens avec Seif Al-Islam, en stoppant notamment un programme d'études sur l'Afrique du Nord, mis en place grâce à une dotation d'une fondation du fils de Mouammar Kadhafi, et un programme de formation de fonctionnaires libyens.

Homme d'influence, Seif Al-Islam n'occupe pas de fonctions officielles en Libye. Mais il s'est distingué ces dernières années en tant qu'émissaire le plus fiable du régime libyen, qui est en proie depuis le 15 février à une révolte réprimée dans le sang, selon de nombreux témoins.

L'une des victimes du plagiaire Guttenberg, surnommé le baron du "copier-coller", vient de déposer plainte au pénal contre lui. Le faux docteur en droit risque dès lors non seulement une grosse amende mais une peine de prison pouvant aller jusqu'à 3 ans.

Le parquet doit décider d'ici juillet si les plaintes sont recevables, auquel cas la carrière politique de l'ancien ministre allemand de la Défense s'arrête définitivement là.

L'université de Bayreuth a officiellement rendu hier ses conclusions accablantes sur la thèse de Guttenberg, jugeant que celui-ci avait agi "délibérément" et elle le démontre. « Il a selon toute évidence bafoué les standards de la pratique scientifique et a intentionnellement fraudé », est-il souligné dans le rapport de la commission ad hoc constituée à cette fin. Cette dernière a rejeté les arguments présentés par le plagiaire, qui a évoqué un surcroît de travail politique, comme député, et des charges de famille, pour justifier de soi-disant "oublis". Pour le président de cette commission, Guttenberg avait tenté délibérément de masquer ses multiples emprunts et, chose encore plus inadmissible, en s'appropriant plus particulièrement des notes du Bundestag auxquelles ses fonctions de parlementaire lui ouvraient l'accès. « Lorsque des textes sont repris de telle façon que seulement quelques mots sont changés, c'est intentionnel », estime le président de la Commission, avant d'ajouter : « Celui qui durant des années ne respecte pas les standards exigés n'agit pas par négligence, mais de façon délibérée, parce qu'il érige la violation des règles en méthode de travail. »

C'est surtout Angela Merkel, la chancelière, qui avait nourri l'intention d'en faire son successeur à la tête du pays, qui doit être profondément déçue...

avec Le Figaro.fr