L'on ne répétera jamais assez qu'il faut se méfier des réseaux sociaux et autres boîtes aux lettres Internet, où l'on dévoile souvent le fond de sa pensée et à qui l'on confie son courrier et même ses secrets. Yahoo puis Google ont démontré leurs limites en Chine, où ils ont dû, pour préserver leurs gros intérêts financiers locaux, céder au chantage de livrer l'identité des auteurs de critiques envers l'État contre l'autorisation de poursuivre leurs activités sur place.
Tout récemment encore, les autorités américaines ont sommé Twitter, Facebook et autres concurrents de livrer les logings et mots de passe d'utilisateurs soupçonnés de mener des activités dites sinon illicites du moins préjudiciables aux intérêts des USA. Et, jusqu'à plus ample informé, les sites visés n'avaient d'autre choix que de se plier à l'oukase.
Autant dire qu'il ne faut jamais révéler son identité exacte et moins encore son adresse ou ses coordonnées téléphoniques sur Internet, quels que soient le motif ou l'intérêt invoqués par le demandeur.
Voici ce qui est arrivé aux utilisateurs de Twitter en Grande Bretagne.
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AFP - 30.05.2011
Pour la première fois au Royaume-Uni, le site américain de micro-blogs Twitter a révélé l'identité d'usagers britanniques accusés de diffamation, après un jugement obtenu aux États-Unis par une autorité locale anglaise.
Twitter a donné aux autorités locales de South Tyneside (nord-est) les détails des comptes d'usagers accusés de commentaires diffamatoires contre des responsables et des conseillers locaux, a indiqué le porte-parole de cette autorité, Paul Robinson. Ces éléments "sont en cours d'examen par des experts techniques", a-t-il ajouté dimanche soir. La mesure suit un jugement obtenu par South Tyneside auprès d'un tribunal de Californie, où le site est basé.
Ahmed Khan, un conseiller de South Tyneside qui compte parmi les accusés mais nie être l'auteur des messages, a confirmé que Twitter lui avait indiqué avoir révélé les coordonnées qu'il avait lui même données lors de l'ouverture de son compte, comme son adresse de courriel et ses numéros de téléphone. Les détails de trois autres comptes ont également été divulgués, selon M. Khan. Le conseiller dénonce une situation "orwellienne", en référence au livre de George Orwell (1984) qui dépeint une société totalitaire.
Selon les médias britanniques, c'est la première fois que Twitter révèle l'identité d'un usager britannique. Aux États-Unis, le site a déjà été condamné par la justice fédérale américaine à divulguer les informations confidentielles de personnes en contact avec WikiLeaks.
"Je n'ai pas connaissance d'autre cas où un Britannique poursuit Twitter devant un tribunal californien afin de le contraindre à révéler les identités de particuliers", a indiqué à la BBC Mark Stephens, avocat spécialiste des médias qui a représenté le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, accusé d'agressions sexuelles en Suède. Cette première britannique pourrait avoir des répercussions significatives au Royaume-Uni, où Twitter est au centre d'une vive polémique.
Le footballeur britannique Ryan Giggs a obtenu une injonction ordonnant au site de révéler des informations sur les internautes ayant enfreint une décision judiciaire interdisant à la presse de révéler sa liaison extra-conjugale. Mais cette injonction a été accordée par un tribunal britannique et reste à être appliquée aux États-Unis.