Les avoirs de Mubarak à l'étranger seront-ils gelés ?

Dans le prolongement des mesures entreprises pour geler les avoirs de Ben Ali et de ses proches dans l'U.E. en vue de les restituer au peuple tunisien, l'on s'interroge aujourd'hui sur la nécessité d'étendre les mêmes mesures à la famille Mubarak.

Vince Cable, le ministre du Commerce du Royaume Uni, qui reconnaît au micro de la chaîne BBC1 que Mubarak détient d'énormes avoirs dans son pays, pose la question de savoir s'il n'est pas plus opportun d'envisager sur le sujet "une action internationale concertée", de sorte à rendre automatique toute disposition de gel dans le monde entier. "Cela n'a pas de sens pour un gouvernement d'agir tout seul, mais nous devons absolument nous pencher sur la question. Cela dépend aussi de la manière dont ont été acquis ces avoirs", a-t-il ajouté.

Jusqu'ici seule la Confédération helvétique a d'ores et déjà pris la décision de geler les avoirs détenus chez elle par l'ancien despote égyptien.

En attendant, dans une mesure conservatoire, Vince Cable a menacé les établissements financiers de son pays de graves sanctions s'ils s'avisaient d'aider l'ancien président égyptien à transférer des fonds. "Une des taches auxquelles le gouvernement s'est attelé depuis son arrivée au pouvoir est de mettre fin aux opérations d'évasion fiscale pour le compte de leurs clients, entreprises ou particuliers", a-t-il indiqué.

Paris et d'autres capitales occidentales ont été saisis par les autorités égyptiennes à l'effet de geler les avoirs de certains responsables du gouvernement et du monde des affaires en Égypte, sans évoquer jusqu'ici Mubarak et ses proches.

Sans faire de distinguo à ce sujet, la cellule Tracfin, dite anti-blanchiment, installée au ministère français des Finances a d'ores et déjà donné des instructions aux organismes financiers du pays pour mettre sous surveillance l'ensemble des opérations liées à l'Égypte, y compris bien sûr celles pouvant être attribuées à l'ex dictateur et sa famille.

Par un tel procédé, différent du gel, qui se circonscrit à une liste nominative de personnes bien définies, sont visés les "retraits substantiels en espèces, achats de métaux précieux, envois de fonds vers l'étranger, etc", explique le communiqué de Tracfin.

Seule jusqu'ici la Confédération helvétique a pris les mesures conservatoires nécessaires pour geler les avoirs et autres patrimoines détenus par la famille Mubarak, dans le sillage des dispositions concernant les consorts Ben Ali de Tunisie.

Par la voix du procureur général, Abdel Méguid Mahmoud, le Caire a demandé officiellement le gel des avoirs à l'étranger de Mubarak et de sa proche famille. Il s'agit exactement de sa femme Suzanne et de ses deux fils, Alaa et Gamal.

Déjà, d'autres demandes de gel ont été établies à l'encontre de plusieurs responsables ministériels et autres du régime de l'ancien dictateur.

Son "représentant légal" a "catégoriquement démenti", dimanche, auprès de l'agence d'information officielle MENA, "les rumeurs infondées" sur sa fortune, qui ont récemment circulé dans plusieurs médias. Il a "catégoriquement démenti les informations fausses et mensongères et les rumeurs infondées publiées (...) par certains médias à l'intérieur (du pays) et à l'étranger ces dernières semaines sur le montant de sa fortune ou l'existence d'avoirs ou de toutes propriétés à l'étranger", rapporte une dépêche AFP.

Il ne s'agit, bien sûr, que d'une fausse parade, Londres ayant lui-même reconnu que Mubarak disposait dans la capitale anglaise d'un important immeuble qui a d'ailleurs donné lieu, durant la révolte en Égypte, à des manifestations d'Égyptiens réclamant sa saisie.