Il s'en était fallu de peu que trois députés UMP - parti au pouvoir en France - fussent reçus par la grande porte en Côte d'Ivoire par Gbagbo qui avait tissé un beau traquenard dans lequel il voulait confondre Sarkozy qui lui est resté toujours hostile.
Ces parlementaires, Jean-François Mancel, Cécile Dumoulin et Yves Censi, étaient invités à Abidjan pour rencontrer Gbagbo, le président du Conseil constitutionnel - celui-là même qui avait trafiqué les résultats électoraux, le président de l'Assemblée nationale et ils devaient enfin se fendre d'une visite aux soldats de l'ONU et de l'armée française dans le cadre d'une courte visite étalée sur deux jours, à compter de vendredi prochain.
Dans l'esprit du responsable de leur groupe parlementaire, Christian Jacob, "
Ils partaient dans l'esprit de porter un regard le plus objectif possible sur la situation ivoirienne..." Joint à celui des deux avocats, Dumas et Vergès, un tel regard aurait pu être, en effet, d'un soutien considérable pour Gbagbo et son équipe.
L'information publiée sur la "Lettre du Continent", journal consacré à l'Afrique, a alerté alors l'Élysée qui s'en est immédiatement offusquée, tant l'initiative parait aux antipodes de sa position officielle qui condamne le coup de force de Gbagbo.
Le trio a fini par renoncer à son déplacement, suite aux injonctions adressées de l'Élysée par l'entremise de Christian Jacob, qui a quand même reconnu qu'"
il y avait un risque évident d'exploitation là-bas sur place", a-t-il déclaré.
Si l'entreprise n'avait pas échoué, Gbagbo aurait ainsi capitalisé, aux dépens du gouvernement français, une espèce de reconnaissance tacite destinée à brouiller toutes les cartes qui continuent toujours de le désigner comme le dictateur assoiffé de pouvoir qu'il est et que la force internationale seule peut et doit déloger.
Son maintien en poste constitue, à n'en pas douter, un grave précédent susceptible d'être utilisé par tout autre dictateur de son espèce en Afrique ou ailleurs dans le monde.