À un an de l'élection présidentielle en France, une foison de candidatures se déclare à gauche pour des primaires qui tardent à venir, pendant qu'à droite, où la majorité a déjà volé en éclats ces derniers mois, l'on commence à mesurer maintenant seulement les conséquences des dérives du mandat de Sarkozy. Plus gravement encore, par l'entêtement de ce dernier, malgré sa chute libre dans les sondages, à vouloir se maintenir comme candidat à un second mandat, l'UMP et surtout les partis satellites avec qui elle partage le pouvoir se sentent piégés et même emprisonnés dans un cercle infernal. Il n'est pas question pour eux d'envisager d'autre candidature que celle de Sarkozy ni même de primaires, au risque de ne pas pouvoir faire franchir à ce dernier la barrière du premier tour.
Aussi, les amis et soutiens d'hier commencent à prendre leurs distances. Borloo, qui catalyse de grands espoirs au centre, s'est déclaré lui-même candidat possible. Morin, autre cheville ouvrière du centre, qui n'a pas écarté l'éventualité de soumettre, lui aussi, sa candidature à ses pairs d'abord, ouvre un réquisitoire très violent, dans un ouvrage à paraître, contre Sarkozy qu'il rabaisse au niveau d'un gamin "capricieux", responsable d'un "gâchis"...
C'est ainsi en tout cas qu'un article du journal Le Figaro analyse une telle estocade dont voici le détail.
**********************************************************************************
Le Figaro.fr - 5.05.2011
par Thomas Vampouille
Dans un livre à paraître le 11 mai, l'ancien ministre de la Défense du gouvernement Fillon mène une charge violente contre le président de la République, qualifié de "brutal" et comparé à un "petit garçon capricieux". »
Il y a à peine six mois, il était son ministre de la Défense. Aujourd'hui, Hervé Morin passe à l'attaque sans concession contre le président Sarkozy. Dans un livre intitulé «Arrêtez de mépriser les Français», le président du Nouveau Centre critique très durement le style de Nicolas Sarkozy et fait l'inventaire de son quinquennat, entre «incohérence» et «gâchis».
Pour Hervé Morin, Nicolas Sarkozy «n'a jamais réussi à se glisser dans l'amidon de sa fonction». «Il a construit une représentation du pouvoir à son image : brutale, outrée, parfois indécente», écrit l'ancien ministre. Au fil des pages, il dénonce «un président qui confond volontarisme et annonce permanente», adepte d'une «stratégie du derviche tourneur», qui «s'adresse à des catégories ou à des clientèles sans souci de cohérence globale». «Nous sommes mal à l'aise lorsqu'il tape dix fois sur l'épaule de Barack Obama pour montrer qu'ils sont ‘copains'», poursuit l'auteur, qui évoque des comportements «de petit garçon capricieux».
L'ouverture, une «salade qui décore le fond de l'assiette»
Hervé Morin stigmatise par ailleurs des initiatives atour de la laïcité et de l'islam, «tous les dangereux débats exhumés ces derniers mois, ces stigmatisations répétées de boucs émissaires, ces convocations d'inutiles nostalgies». «Cette instrumentalisation de la religion pour tenter de reconquérir un électorat est insupportable et détestable», fustige-t-il. La politique d'ouverture du début du quinquennat «n'était qu'un alibi, en fait la salade qui décore le fond de l'assiette», de même que la diversité au gouvernement, poursuit-il. Quant au bouclier fiscal, que Nicolas Sarkozy vient de supprimer, il est qualifié d'«énorme erreur politique (...) un vrai échec et, pour la majorité, une machine à baffes». Finalement, à propos de ses trois années passées au gouvernement, Hervé Morin écrit qu'elles lui ont «souvent donné le tournis, et l'impression d'un grand gâchis».
À celui du chef de l'État, le centriste oppose le style de son premier ministre, François Fillon, dont «la pondération (...), le pesé de son expression rendent plus criant le manque de maîtrise de Nicolas Sarkozy.» «C'est pourquoi le rétablissement de la sobriété à la tête de l'État est un sujet clé pour restaurer la confiance entre le pouvoir et les Français». Au passage, il attribue au locataire de Matignon une critique amusée de Nicolas Sarkozy qui se vante de recevoir «un accueil formidable» chaque fois qu'il est dans la rue. François Fillon aurait déclaré : «En fait, il parlait de son dernier déplacement en province, où seuls les militants UMP ont le droit d'être au pied des barrières et où les manifestants sont bloqués loin des caméras».
Avocat déterminé d'une candidature centriste à la présidentielle de 2012, Hervé Morin publie son livre au moment où le Nouveau Centre s'apprête à constituer avec le Parti radical de Jean-Louis Borloo, également ancien ministre de Sarkozy, une «confédération des centres». Celle-ci aura vocation à présenter un candidat en 2012.
Avec Reuters