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| "Le changement ne peut venir que des Algériens eux-mêmes" | |
| | Auteur | Message |
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Nassima
Nombre de messages : 263 Date d'inscription : 02/06/2007
| Sujet: "Le changement ne peut venir que des Algériens eux-mêmes" Lun 31 Jan - 11:40 | |
| Comme à son habitude, Nordine Aït-Hamouda, député du RCD, a le verbe incisif et percutant pour fustiger le pouvoir algérien et ses dérives. Lisons le résumé, fait par le quotidien Le Soir d'Algérie, de son intervention devant les militants et sympathisants du parti à son bureau de Paris. ************************************************************************************ Lesoirdalgerie.com - 30.01.2011 De notre bureau de Paris, Khedidja Baba-Ahmed
De réputation, on lui connaissait sa gouaille, son verbe direct et fort, nous avons eu à le vérifier samedi dans les locaux du RCD à Paris, où il était venu débattre avec les militants et sympathisants du RCD, son parti. Nordine Aït-Hamouda, c’est de lui qu’il s’agit, député RCD et vice-président de l’Assemblée nationale, n’a ni mâché ses mots, ni pris des gants, ça n’est définitivement pas le style. A la foule nombreuse venue débattre avec lui (aucune place assise libre, beaucoup l’ont écouté debout) il a promis : « À vous qui allez venir en été dans le pays, je peux vous assurer que cet été, c’est une autre république que vous allez trouver installée. » Et tout au long de l’intervention et du débat, il a expliqué pourquoi et comment il en va « du respect de la couche d’ozone » de nous débarrasser de « ce pouvoir mafieux ».
D’entrée de jeu, il désarçonne l’auditoire et annonce que contrairement à ce que l’on pourrait penser, la situation en Algérie est très bonne « elle est même excellente » ajoute-t-il. Comment, en effet, les forces démocratiques ne pourraient pas qualifier ainsi cette situation alors que pour la première fois, dans notre pays, des associations ; des syndicats autonomes et un certain nombre de formations politiques se regroupent ? D’un autre côté, rappelle-t-il, « toute la société, jeunes, femmes, moins jeunes, est en train de bouger ».
« Face à des responsables occupés à piller, il est impossible que la situation reste en l’état »
Quant au pouvoir, il vit une bataille de succession qui dure déjà depuis quelques mois « et quand la bataille de succession fait rage, elle laisse des cadavres ». Et pour illustrer son propos, il rappelle que « le chef de la police a été assassiné dans son bureau ». « Face à des responsables algériens qui ne s’occupent que de ramasser et de piller le pays, il est impossible que la situation reste en l’état. » Quant au soulèvement qui serait à rapprocher avec ce qu’a vécu la Tunisie, le député rappelle alors que ce pays a marché pendant 15 jours, « nous, nous marchons depuis 20 ans ». La corruption est bien réelle dans les deux pays, mais n’a cependant aucune équivalence : « L’on ne peut comparer la corruption de Benali – quelques courgettes et tomates – avec celle de Bouteflika et les siens qui ont volé Sonatrach. » Aucune similitude donc mais un avantage pour l’Algérie, sur la Tunisie : Benali avait préparé sa femme, alors que Bouteflika a préparé son frère, « mais je peux vous l’annoncer aujourd’hui, c’est terminé. »
Ils ont squatté et cassé le pays depuis 1962
Jamais, s’élève encore le député, « l’Algérie n’a été aussi riche avec ses 350 milliards de dollars en banque alors qu’au même moment, les Algériens n’ont été aussi pauvres ! » Ce sont des milliards de dollars que ces responsables ont pris et ont même vendu au noir des bateaux de pétrole. Et de citer : « Khelil, qui a mis en coupe réglée la Sonatrach et dont l’épouse travaillait dans un grand groupe pétrolier américain ; Madjid Sidi Saïd, ce milliardaire, appelé – quelle paradoxe — non pas le secrétaire général mais le « patron du syndicat » et pour lequel, je promets, je sortirai le dossier dès mon retour à Alger ». Et toujours à propos de Sidi Saïd : « Il faudrait, par exemple, qu’il vienne nous expliquer à l’Assemblée, pourquoi Khalifa lui versait 20 000 euros par mois. Nous rendrons publics, d’ailleurs, les noms de tous les responsables et leurs enfants qui ont pris l’argent de Khalifa et les Algériens comprendront alors pourquoi l’Algérie n’acceptera jamais que Moumen Khalifa soit extradé. » Ce sont des escrocs, s’est écrié Aït- Hamouda. « Aujourd’hui, je n’ai plus des divergences politiques avec ces gens, avec Bouteflika, avec Ouyahia, avec l’armée, avec les ministres, mais j’ai des divergences morales. Ce sont des escrocs, et il va falloir les traiter en tant que tels. Mais ce n’est pas tout. Bouteflika a ramené 13 ministres de sa commune ; la plupart des walis sont de M’cirda et de Tlemcen ; la plupart des nominations militaires sont de chez lui. On ne peut squatter ainsi un pays, le gérer même pas comme une boutique familiale, parce que si c’était le cas, ils ne feraient pas ainsi ». Comment dans l’Algérie de 2011, s’élève-t-il encore, moi qui suis député, vice-président de l’Assemblée nationale, il me faut venir à Paris pour passer sur les antennes de Berbère TV et porter ma voix en Algérie ? Le mépris affiché vis-à-vis du peuple est, là aussi, une constante de ce pouvoir. Sinon, comment expliquer que le frère de Bouteflika, en présence du président et face à la télévision, annonce à Zidane – contre qui je n’ai rien, c’est un bon footballeur français – lui dise “ voilà mon numéro de téléphone…”. N’est-ce pas du mépris.» Et sur le ton de l’ironie, le député RCD ajoute : « Moi aussi j’aurais bien voulu que Saïd Bouteflika me donne son numéro de téléphone au cas où j’aurais besoin de 100 hectares de terrain ou d’un puits de pétrole à Hassi Messaoud. » « Toujours aussi méprisant, poursuit-il, le pouvoir dit que les gens qui sont sortis dans la rue sont des casseurs et de répondre à ce pouvoir “nous, nous avons cassé durant une semaine, mais c’est vous les casseurs qui avez cassé l’Algérie depuis 1962”. »
Le changement ne peut venir que des Algériens eux-mêmes
Quelle aide peut apporter l’extérieur pour que l’on sorte de cette situation ? a demandé un intervenant. Le changement ne peut être, selon lui, que l’œuvre de l’ensemble des Algériens eux-mêmes. « Pourquoi voulez-vous que les gens se battent pour nous, si nous en sommes incapables nous-mêmes ? Si nous en sommes incapables, cela voudra dire que nous sommes colonisables à merci. » Il informera dans la foulée que depuis une semaine, beaucoup de médias français ont demandé à ce qu’il leur parle mais il a refusé. « Je ne leur parlerai pas, je parle uniquement aux miens, car je ne crois pas que les Occidentaux, quelle que soit d’ailleurs, pour certains d’entre eux, la sympathie qu’ils auraient pour nous, je ne crois pas donc qu’ils vont faire le travail à notre place. Et ce, parce qu’ils ont leurs propres intérêts et c’est compréhensible, ce qui l’est moins, c’est que nos dirigeants ne connaissent pas l’intérêt du pays. » Selon le député, « plus le gouvernement algérien est corrompu, plus cela arrange les puissances occidentales parce qu’un président corrompu est un président qui signe n’importe quoi, qui se met à genoux devant eux ». Quant aux questions relatives à l’islamisme, sa présence ou non dans la révolution à venir et la position de l’armée, le député RCD aura en substance cette réponse qui devra animer les actions futures en vue du dégommage du régime actuel : « Personne ne pourra nous faire croire que le courant islamiste n’existe pas en Algérie. Il faut intégrer cette donnée, comme il faut intégrer le fait que l’armée a un rôle à jouer mais à cette seule condition et aux seules trois conditions ci-après : en premier lieu, des élections démocratiques avec une surveillance massive par des organisations internationales ; une armée dont le rôle est de défendre la Constitution et de défendre la République, pas d’ingérence donc dans les affaires politiques et c’est enfin à l’armée de veiller à ce que, constitutionnellement, l’on ne se prévale pas d’une religion comme d’ailleurs d’une région pour sortir du jeu démocratique et prendre le pouvoir au nom de Dieu. »
Changer le système a un coût, il faut être prêt à le payer
A plusieurs reprises, et comme message principal en direction des militants RCD et de toute la communauté, Nordine Aït-Hamouda martèlera : « Ces gens du pouvoir doivent partir et pour ce faire, soit, ils acceptent une transition démocratique, sans heurts et sans violence, c’est ce que nous demandons et c’est ce qui serait souhaitable. » Mais il ne les croit pas « capables d’avoir le moindre génie pour laisser le pouvoir ainsi ». Aussi, il demande à chacun d’être à l’écoute et d’être vigilant. « Une marche est programmée pour le 12 février par les forces démocratiques qui viennent de se constituer. Il faut relayer cette marche, relayer ce qui se fera dans le pays, et tout se fera dans le pays et pas ailleurs. » Et « à cette génération d’internet que vous êtes », il demandera d’utiliser cet outil précieux pour rendre compte de ce qui se passera et le faire savoir dans le monde entier. Ensemble et à ces conditions, « nous arriverons à changer le système politique en Algérie et arriver à la deuxième république », même si cela doit se faire dans la douleur et le sacrifice. Très applaudi, le député a dû rester longuement pour répondre aux uns et aux autres qui voulaient prolonger encore l’échange. K. B.-A.
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| | | Amar
Nombre de messages : 256 Date d'inscription : 27/05/2007
| Sujet: Re: "Le changement ne peut venir que des Algériens eux-mêmes" Lun 31 Jan - 12:29 | |
| Lesoirdalgerie - 31.01.2011 Par Ahcène Amarouche*
Algérie : le syndrome tunisien peut-il opérer ?
En ce début 2011, l’Algérie a connu durant quatre jours, sur tout le territoire national, des émeutes sanglantes ayant entraîné mort d’hommes. C’est le résultat d’une décennie d’un marasme généralisé, source d’un mal-être social qui a, d’année en année, gagné en intensité et en étendue. Les franges les plus nombreuses de la société sont frappées par une paupérisation grandissante, qui contraste avec la richesse d’une infime minorité, évidemment associée à la gestion des affaires (florissantes) de l’État.
La tension sociale est d’autant plus vive que le régime autoritaire a opposé à toutes les formes de manifestation pacifique de la société civile une fin de non-recevoir depuis le début des années 2000 en se prévalant de l’état d’urgence instauré en 1992, devenu le prétexte à un contrôle social omniprésent. Alors que le pays sortait à peine d’une guerre sans nom où l’État a failli sombrer sous le poids des hordes terroristes, les émeutes se sont multipliées, touchant toutes les régions et diverses franges de la population. En 2001, année de triste souvenir pour la Kabylie, 123 jeunes sont tombés sous les balles des gendarmes. La répression bat son plein depuis, n’épargnant aucun groupe social, aucun corps professionnel qui, pour exprimer publiquement et pacifiquement leurs revendications, sont contraints de braver l’état d’urgence. Les enseignants universitaires et les enseignants du secondaire, les journalistes et les employés de la presse écrite et audiovisuelle, les médecins spécialistes et le personnel hospitalier, tous représentés par leurs syndicats respectifs dont la loi reconnaît l’existence ; les résidants de quartiers défavorisés, les jeunes sans emploi, diplômés et non diplômés, etc. ont, à un moment ou à un autre, été matraqués sans ménagement par les forces de l’ordre, systématiquement déployées en grand nombre sur les lieux prévus des rassemblements. Partout et toujours, le pouvoir répond par la répression, les arrestations, le passage à tabac et l’emprisonnement des manifestants pris dans les rafles organisées par les forces de l’ordre. En dépit de l’existence de lois que le gouvernement a lui-même fait voter ou fait amender par le Parlement et qui, dans le texte déjà, limitent drastiquement les libertés individuelles et collectives, toute association de la société civile reste suspendue à la délivrance d’un acte administratif dénommé «certificat de conformité» par les autorités en charge des associations sous peine d’être frappée de nullité aux yeux des institutions publiques. Sur instruction du désormais ancien ministre de l’Intérieur de la décennie 2000, les services du ministère de l’Intérieur continuent de ne plus délivrer aucun certificat de conformité à quelque association que ce soit, celle-ci dût-elle s’occuper d’ornithologie ou de quelque autre inoffensif hobby. Divisée en deux courants antagoniques sur la question du projet de société (laïque pour l’un, théocratique pour l’autre), la société civile apparaît éclatée, infiltrée qu’elle est par les agents du gouvernement jusqu’au sein des groupes dirigeants. Un champ politique verrouillé par une prétendue alliance présidentielle aux ordres d’on ne sait qui, un champ associatif réduit aux soutiens circonstanciels d’un Président évanescent, usé par l’âge, la maladie et les intrigues de palais, une administration clientéliste, corrompue et incompétente, une justice ne possédant pas la technicité nécessaire pour traiter des affaires de corruption qui la submergent, soumise de surcroît aux ordres de l’exécutif, tels sont, avec le désert culturel ambiant que l’échec du projet éducatif n’a fait qu’accentuer, les aspects saillants de la situation de l’Algérie en ce début du vingt-et-unième siècle, pourtant si prometteur à son avènement. Il n’est pas étonnant que les émeutes soient devenues la seule forme d’expression d’une jeunesse en mal de vivre, privée de travail et de loisirs, sans revenus, sans logement et sans perspective de fonder un foyer ; elle que le matraquage d’un discours religieux mortifère et culpabilisateur a pourtant presque vidée de sa vitalité. Plusieurs interrogations interpellent l’observateur de la scène politique algérienne, de quelque profil ou tendance qu’il soit.
1– Un régime autoritaire qui se nourrit de ce qu’il dépense en prébendes.
On peut s’interroger en premier lieu sur les raisons de la permanence d’un mode de gouvernance qui procède par la répression des droits et libertés des citoyens et qui dénie toute forme d’existence à la société civile tout en se targuant de pratiquer la démocratie (réduite en vérité à des élections pluralistes truquées, dont attestent les taux ubuesques de suffrages exprimés en faveur des élus-désignés). Bien qu’héritier d’un régime non moins autoritaire (dont l’actuel chef de l’État avait été, au demeurant, une des figures marquantes), le régime présidentiel instauré par Abdelaziz Bouteflika se distingue par maints traits pourtant de celui de Houari Boumediène auquel nous faisons référence ici. Au populisme de ce dernier qui, en dépit de tout ce qu’on a pu ou qu’on pourra lui imputer comme crimes politiques et humains (le livre de Saïd Sadi est édifiant sur ce sujet ), a cherché à donner au pays les bases d’un développement économique dont on pouvait attendre, à défaut de liberté, un certain progrès social, le régime actuel a substitué le népotisme et la corruption comme forme de gestion des affaires de l’État sur fond de distribution de prébendes, de privilèges et de passe-droits dans un climat général de gabegie. Sans doute a-t-il aussi hérité des deux régimes présidentiels qui l’ont précédé (celui de Houari Boumediène et celui de Chadli Bendjedid) la pratique honteuse du bourrage des urnes, que les Algériens associaient, avant la guerre, au nom de triste mémoire de l’un des gouverneurs généraux de l’Algérie coloniale – le socialiste Naegelen. Mais au moins ces deux régimes ne se prévalaient-ils pas de la démocratie pluraliste comme c’est le cas de l’actuel. Jamais, excepté peut-être sous le régime finissant de Chadli Bendjedid, le pays n’a connu pareille décrépitude sociale, ni un tel degré de corruption du personnel politique et administratif. Par-delà les similitudes des trois régimes présidentiels (qui ont en commun le même noyau dur constitué par les anciens du MALG ), le régime autoritaire actuel se distingue par un degré inouï de concentration des responsabilités publiques entre les mains d’un personnel politico-administratif corrompu, issu en quasi-totalité d’une seule et même région du pays (voire en majorité d’une seule localité) – celle dont est originaire le président lui-même. Une réponse partielle à l’interrogation ci-dessus est à rechercher dans l’existence de la rente pétrolière dont le régime use comme d’une manne providentielle. Coïncidant avec la phase ascendante des prix du pétrole sur le marché mondial, le régime présidentiel de Bouteflika s’est instauré sous les meilleurs auspices. Noyé sous une masse d’argent qui dépasse de loin les capacités d’absorption de l’économie du pays (dont le potentiel productif a été anéanti plutôt que revigoré par le programme d’ajustement structurel adopté en 1995 sous la férule du FMI), il a poussé jusqu’à l’absurde la pratique de la sous-estimation systématique des prix du pétrole dans l’élaboration du budget de l’État. Le résultat aberrant recherché (et obtenu) peut être formulé comme suit : tandis que le dit budget est fortement et structurellement déficitaire au point que le fonctionnement normal de certaines institutions et organismes publics ne peut être régulièrement assuré, les banques publiques et les institutions financières croulent littéralement sous le poids des surliquidités qu’elles n’arrivent pas à placer en la forme habituelle de crédits à l’économie. Une épargne oisive s’est donc constituée, grossissant chaque année de sommes faramineuses qui ne demandaient qu’à être dépensées ; ce que les soutiens du président allaient s’atteler à faire pour assurer une base sociale élargie au régime – et, le cas échéant, une succession dynastique. Soustraite aux contrôles institutionnels les plus élémentaires dès lors qu’elle n’est pas inscrite en ressources au budget, retirée du circuit économique pour être accumulée dans les coffres des banques publiques agissant en autant de doublures du Trésor sans être soumise aux mêmes règles de contrôle de la dépense que les ressources de ce dernier, cette épargne est livrée à tous les appétits. Outre les détournements d’argent en la forme de commissions sur marchés publics, de faux en écriture, de passation de marchés de complaisance, de crédits à des entreprises sans fonds propres etc., des sommes faramineuses ont été dépensées à l’occasion des élections présidentielles dans ce qui s’apparente à un achat massif des voix des électeurs dans toutes les régions du pays. Sur simple instruction du président, les dettes des agriculteurs (dont de riches propriétaires terriens qui se sont lancés dans des investissements de reconversion sur crédits publics) ont été effacées lors des précampagnes électorales de 2004 et de 2009. Des octrois de fonds à des institutions-relais du régime (telles les zaouïas) sont effectués tandis que de prétendus programmes régionaux de développement non inscrits au budget de l’État ont été financés à fonds perdu sur décision intempestive de la même autorité lors de ces mêmes précampagnes ou à d’autres occasions. Ne parlons pas des investissements pharaoniques dont les coûts exorbitants intègrent commissions et intéressement des parties algériennes contractantes (autoroute Est-Ouest, projets de Sonatrach, etc.), ni des projets de pur prestige d’un coût estimatif dépassant l’entendement (Grande Mosquée d’Alger). Tels sont quelques-uns des procédés par lesquels l’argent public a servi (et sert encore) à étendre la base sociale du régime sans que personne ne soit redevable de comptes à la nation.
2– L’effet boomerang de la libéralisation économique.
On peut se demander en second lieu pourquoi la libéralisation n’a pas produit les effets attendus sur l’économie et sur la société. Décrétée lors d’une période de contraction drastique des recettes de l’État consécutive à la chute brutale des prix du pétrole et du gaz, la libéralisation a d’abord consisté à démanteler des pans entiers du secteur public économique représenté par les entreprises de production de biens et services. Instrumentalisées par le régime de Chadli Bendjedid dans sa quête de légitimité pour octroyer prébendes et privilèges en situation de pénuries, ces entreprises étaient devenues des gouffres financiers pour le budget de l’État qu’elles étaient censées alimenter en ressources. Comme, de surcroît, elles étaient sous la tutelle administrative des ministères qui les obligeaient à contribuer à une prétendue politique de plein emploi, elles se sont vite trouvées en situation de sureffectifs ; situation dont les effets pervers n’étaient pas que d’ordre financier : souffrant grandement de l’impossibilité d’organiser efficacement la combinaison productive des facteurs, ces entreprises ont vu leur productivité tomber en chute libre et le principe de compétence ne plus déterminer les niveaux de hiérarchie, de responsabilité et d’autorité. Clientélisme et népotisme étaient érigés en critères de gouvernance des administrations publiques – et des entreprises d’État ! Le démantèlement de ces dernières a libéré une masse de travailleurs de tous âges, de toutes conditions et de toutes qualifications, venus grossir les rangs des chômeurs effectifs (personnes en demande d’emploi) et potentiels (étudiants, lycéens, jeunes en formation et autres futurs exclus de l’école). Par suite, la libéralisation a bien eu pour effet de libérer les initiatives. Mais c’est pour faire exploser littéralement le commerce d’importation de produits de base (monopolisé par les barons du régime usant de noms d’emprunt et accédant sans formalités aux ressources en devises du pays) et le commerce informel consistant en la revente non contrôlée des produits d’importation de toutes natures. Ni les entreprises publiques ayant échappé au démantèlement ou à la privatisation, ni les entreprises privées de production n’ont pu faire face à la déferlante des produits d’importation comprenant pêle-mêle les biens alimentaires (dont la date de péremption était parfois contrefaite), les biens durables, les biens intermédiaires et les biens d’équipement ; le tout envahissant le marché algérien dans une anarchie propice à tous les trafics et à toutes les arnaques. La part de la production industrielle hors hydrocarbures dans le PIB chuta de 16-20% à 4-5% entre 1980 et 2010. Subissant les contrecoups des importations massives en provenance de Turquie, de Chine et des autres pays asiatiques via Dubaï, les activités artisanales connurent un déclin brutal, ajoutant à la situation dramatique des sans-emploi, leur lot de nouveaux chômeurs, composés de familles nombreuses soudainement privées de tout revenu. Des régions entières du pays, traditionnellement versées dans telle ou telle activité artisanale, se sont retrouvées plongées dans la désolation, tandis que les jeunes qui en sont issus n’avaient plus pour perspective que l’exil – parfois en payant de leur vie leur rêve chimérique de quitter le pays pour l’Europe.
3– Démocratisation des besoins, creusement des écarts de revenus et dévalorisation du pouvoir d’achat des salariés.
La situation sociale et politique brièvement décrite ci-dessus paraît d’autant plus intenable à moyen terme que, sous l’effet de la mondialisation, il y eut, au cours des deux dernières décennies, une démocratisation irrépressible des besoins. Chaînes de télévision satellitaires étrangères, internet et autre téléphonie mobile ont successivement déferlé sur le pays, ouvrant pour les jeunes Algériens de toutes conditions une fenêtre virtuelle sur le monde. Si l’effet immédiat produit sur eux a été de généraliser une perception édénique du monde véhiculée par le modèle de consommation des pays riches dont, déjà dans les années 1980, la voiture était le produit-phare, ce changement de perception a gagné les sphères sociale et politique. Bien que de fortes contradictions se font jour dans la sphère sociale où s’affrontent deux projets de société antagoniques, la même exigence d’ouverture du champ politique émane des deux versants de la société civile depuis que les forces intégristes ont été militairement vaincues et que leurs succédanés islamistes (dits modérés) ont accepté de jouer la carte de la légalité. Mais le régime a moins à faire à la société civile dans ses formes traditionnelles d’organisation et d’action qu’à une jeunesse débordante de vie, peu encline aux conciliabules de salon, dont la situation économique tranche avec le modèle de consommation auquel tout la convie à se conformer. Ni sur le plan social, ni sur le plan politique, ni sur le plan économique, le régime ne réalise ne serait-ce que le smic des conditions exigées par le nouveau modèle de consommation.
- Au plan social, le creusement des inégalités de revenus se double d’un accès discriminant aux ressources et aux produits soutenus par l’État (comme le logement) en raison de la prévalence des rapports personnels sur la réglementation au sein même de l’administration publique.
- Au plan politique, la contradiction est criante entre le poids de la composante « Jeunes » dans la population totale (et plus encore dans la population active ) et le monopole du pouvoir par une gérontocratie qui n’en finit pas de s’accrocher à une légitimité historique qu’elle a au demeurant confisquée aux vrais acteurs de la guerre de Libération nationale.
- Au plan économique, le mode de gouvernance tel que décrit ci-dessus ne cesse d’accroître l’écart des revenus, de rogner sur le pouvoir d’achat des salariés et d’accumuler les frustrations des jeunes sans emploi épisodiquement pourchassés pour exercer quelque activité informelle de subsistance.
Telle est, brièvement décrite, la situation potentiellement explosive de l’Algérie en ce début 2011, aggravée par des tensions soudaines sur les produits de première nécessité à fort contenu en importation (lait, céréales, huiles végétales), dont l’augmentation des prix sur le marché mondial a été répercutée sans transition sur les prix intérieurs.
En guise de conclusion
Ironiquement, l’on voit apparaître de temps en temps dans la presse nationale et les revues d’économie, des discussions byzantines sur la nécessité de réévaluer le dinar pour les uns, de lever les obstacles administratifs devant sa convertibilité complète pour les autres, chacun se prévalant d’enseignements de la théorie économique dont ni les uns, ni les autres ne perçoivent le ridicule de leur simple transposition au cas algérien. Pris dans la nasse des contradictions de la logique de l’économie de rente qu’il a poussée jusqu’à son extrême limite, le gouvernement ne sait plus, quant à lui, s’il faut dévaluer le dinar pour préserver un tant soit peu la production nationale (quitte à réduire d’autant le pouvoir d’achat des salariés et susciter un plus grand mécontentement social aux conséquences imprévisibles) ou le réévaluer pour préserver le pouvoir d’achat des salariés (quitte à porter un nouveau coup dur à la production nationale qui se réduit comme peau de chagrin sous le poids des importations bon marché). Dans cette équation de l’absurde, et en attendant que les jeunes manifestent de nouveau leurs frustrations et leur désarroi face à l’avenir de la seule façon qu’il leur soit donné de le faire – c’est-à-dire par les émeutes – chacun s’emplit les poches comme il peut. Sait-on jamais en effet où tout cela peut déboucher ? Le syndrome tunisien est dans toutes les têtes tandis que se profile déjà l’échéance du troisième mandat d’un Président qui pourrait vouloir – en dépit du bon sens et de la sagesse – se succéder à lui-même ou pis, amorcer une succession dynastique dans un pays réfractaire à tous les pouvoirs illégitimes. A. A. *Universitaire, enseignant-chercheur en économie ******** 1 La dernière élection présidentielle (avril 2009) aurait été remportée par Abdelaziz Bouteflika à plus de 90% des voix exprimées, le second en nombre de voix – Madame Louisa Hanoune – n’ayant obtenu qu’un peu plus de 4%.
2 Amirouche, une vie, deux morts, un testament. Une histoire algérienne, mai 2010, (sans Maison d’édition), imprimé sur les presses Les Oliviers, Tizi-Ouzou, Algérie. L’auteur impute à Boumédiene le déterrement des ossements de deux héros légendaires de la guerre de libération nationale – les colonels Amirouche et Si El Houes – pour les séquestrer dans les caves de la gendarmerie nationale à Alger où ils ont été découverts en 1983 (ré-inhumés dans le carré des martyrs au cimetière d’El Alia à l’est d’Alger). Notons en outre que sous le régime de Boumédiene, de grandes figures de la guerre de libération nationale ont été assassinées dans plusieurs capitales étrangères où elles ont trouvé refuge contre l’emprisonnement et la torture.
3 Il est édifiant de constater combien les anciens du MALG sont nombreux aujourd’hui encore dans les rouages de l’Etat : dans une contribution écrite publiée en réponse à un article de presse de Azzedine Mabroukine paru dans le Quotidien El Watan des 26 et 27 décembre 2007, Dahou Ould Kablia, actuel ministre de l’Intérieur et néanmoins Président de l’Association des anciens du MALG, citait pas moins de 150 membres (non compris l’actuel Président qui en était issu) exerçant ou ayant exercé des responsabilités politiques ou militaires. VoirEl Watan du 3 janvier 2008.
4 Les liquidités dormantes accumulées dans les banques publiques ne cessent d’augmenter : plus de 4 200 milliards de dinars (soit environ 60 milliards de dollars) à fin 2008 selon l’ancien ministre des finances Abdellatif Benachenhou, plus de 5 200 milliards de dinars (soit environ 75 milliards de dollars) à fin 2009 selon le secrétaire général de l’Association des Banques et Etablissements financiers (ABEF).
5 Au plus fort de la phase ascendante des prix du pétrole (qui ont atteint 147 dollars en 2008), les autorités ont continué à estimer les recettes budgétaires sur la base d’un prix du baril de 37 dollars.
6 On estime à plus de 70% de la population active les jeunes de moins de trente ans.
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| | | Ouchen
Nombre de messages : 283 Date d'inscription : 01/06/2007
| Sujet: Re: "Le changement ne peut venir que des Algériens eux-mêmes" Jeu 10 Fév - 20:58 | |
| Appel pour une transition démocratique en Algérie.
le 10.02.11
L’Algérie vit un moment dramatique de son histoire, potentiellement aussi explosif que celui qui affecte d’autres pays de la région, du fait des blessures encore ouvertes des deux dernières décennies, des politiques économiques incohérentes et des politiques sociales injustes.
Les blocages du système politique autoritaire sont tels que l’émeute apparaît comme l’unique recours à une grande partie de la population qui subit le déni des droits et la hogra des détenteurs du pouvoir. De plus en plus de voix s’élèvent aujourd’hui pour revendiquer un changement radical du système politique autoritaire et corrompu qui préside aux destinées de l’Algérie depuis son indépendance.
La dernière initiative en date, une marche nationale pacifique le 12 février prochain, émanant d’une « Coordination nationale pour le changement démocratique » vient de se voir signifier une interdiction en violation des droits et libertés garantis par la Constitution.
Un pouvoir, déconnecté de son peuple et sourd aux aspirations des populations, semble décidé à employer tous les moyens répressifs pour empêcher toutes expressions et manifestations populaires et notamment celles de la jeunesse dépossédée de son présent et de son avenir. Ira-t-il jusqu’à l’irréparable comme ce fut le cas en octobre 1988 et avril 2001 ?
L’Algérie et les Algériens, non encore remis d’une guerre civile qui a causé des centaines de milliers de morts, des milliers de disparus, des blessures physiques et psychologiques profondes doivent pouvoir retrouver la paix, jouir de conditions d’existence décentes.
Nous appelons tous les patriotes où qu’ils soient pour agir et peser de tout leur poids afin d’en finir avec la répression et d’engager l’Algérie dans une véritable transition démocratique.
Cette transition démocratique veillera à la mise en place des institutions nécessaires à l’établissement et au fonctionnement de l’Etat de droit et définira les politiques pour la réalisation d’une société plus juste, plus égalitaire et plus solidaire.
Le contexte exige que s’engage un véritable débat national qui associera toutes les sensibilités politiques et culturelles pour une refondation de la République algérienne.
Cette refondation, tout en tenant compte des sacrifices et de l’héritage de la lutte de libération nationale, ouvrira la voie au respect effectif des droits et des libertés garantis par les différents pactes internationaux que l’Algérie a ratifiés.
Paris le 9 février 2011
Mohammed Harbi(Professeur d’histoire) ; Madjid Benchikh (Professeur de droit) ; Aïssa Kadri (Professeur de sociologie) ; Ahmed Dahmani (Maître de conférences en économie)
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| | | Arthémis Admin
Nombre de messages : 174 Date d'inscription : 17/03/2007
| Sujet: Re: "Le changement ne peut venir que des Algériens eux-mêmes" Ven 11 Fév - 13:52 | |
| Anouar Benmalek : « Qui êtes-vous pour refuser aux Algériens le droit de manifester pacifiquement ? »
El-Watan - 10.02.2011
L’écrivain Anouar Benmalek, auteur d’œuvres comme L’Enfant du peuple ancien, Les Amants désunis, O Maria ou encore Le Rapt réagit en tant qu’intellectuel algérien à propos de l’effet des révolutions tunisienne et égyptienne, les émeutes des jeunes en Algérie, l’interdiction des marches pacifiques, l’état d’urgence… - Votre réaction à propos des émeutes des jeunes en Algérie et votre analyse, voire votre lecture en tant qu’intellectuel algérien.
Laissez-moi dire d’abord que ce qui se passe actuellement dans le monde arabo-berbère relève, à mon sens, d’un moment historique considérable, sans exagération aucune. Il correspond probablement à un basculement d’une ampleur gigantesque du vécu sociopolitique des sociétés de cette région. Il annonce le début de la fin de l’assujettissement sans limite d’aucune sorte, ni politique ni juridique, de ses habitants aux pouvoirs militaro- policiers en place, ce que d’aucuns avaient appelé «l’exception arabe» avec un mépris non dénué de racisme.
Le fait que le processus de cheminement vers la démocratie ne soit qu’à son commencement, le fait qu’il sera long, ardu et tortueux ne doit en aucun cas masquer l’envergure de ce qui a déjà été réalisé en Tunisie et en Egypte et l’incroyable effet d’entraînement produit dans le reste de la région.
Ce que viennent de nous apprendre les héroïques manifestants de ces deux pays tient en une simple constatation : le roi est nu ! Tous les rois et despotes arabes sont nus ! Ils peuvent encore faire beaucoup de mal, mais ils sont nus ! Ces dirigeants autoproclamés ont pu mettre des forces armées impressionnantes et de redoutables services de renseignements à leur service personnel ; emprisonner, torturer et tuer leurs opposants ; s’accrocher au pouvoir pendant plusieurs décennies en se moquant des Constitutions de leurs nations respectives, au point de prétendre transmettre leurs prérogatives de prédation à leurs enfants ou à leurs frères ; ils ont pu amasser des fortunes colossales en détroussant les nations qu’ils étaient censés gérer au mieux des intérêts de leurs concitoyens ; il suffit, pour que cesse cette criminelle indignité, qu’un peuple enfin proclame, en vainquant sa peur: « Assez, nous ne sommes pas du bétail, nous ne sommes pas vos esclaves taillables et corvéables à merci, nous sommes nés pour être libres dans des pays libres, que vous le vouliez ou non ! »
- En d’autres termes…
En d’autres termes, malgré leurs armées répressives, malgré leurs polices sans foi ni loi, les dictateurs peuvent être chassés du pouvoir si les peuples décident de le vouloir.
« Dégage ! », ont dit, au prix de leur sang, les Tunisiens à Ben Ali, et il a fini par fuir lâchement comme le bandit qu’il était. « Dégage ! » clament à présent les Egyptiens à Moubarak, et celui-là finira par déguerpir avec sa famille de corrompus. « Dégagez, potentats incompétents, présidents voleurs, dictateurs tortionnaires et assassins ! », voilà le nouveau mot d’ordre que reprennent en écho avec un courage admirable les jeunes et les moins jeunes de cette partie du monde, ceux qu’on traite d’ordinaire de gueux et d’émeutiers et qui ne désirent au fond qu’une chose : recouvrer leur statut de citoyens, responsables en dernière instance de leur pays et de leurs destinées, un point c’est tout !
C’est cette revendication de dignité et de respect qui, au-delà des revendications économiques et sociales, anime à mon avis, les jeunes révoltés d’Algérie et d’ailleurs. Ils veulent du travail et des logements, certes, mais surtout du respect.
- Ces émeutes sont-elles un sursaut salutaire ayant interpellé la classe politique laminée par le pouvoir ?
Dans leur rapport au peuple, les dirigeants algériens ne diffèrent pas beaucoup de leurs homologues des autres régimes arabes : ils paraissent sincèrement « étonnés » dès que quelqu’un ose leur rappeler cette vérité tout à fait élémentaire qu’ils ne sont pas propriétaires à vie du pays et de ses institutions.
Usant de tous les moyens militaro-policiers, financiers et médiatiques pour s’éterniser à la tête de l’État, ils se sont révélés d’une terrifiante efficacité dans la domestication d’une grande partie de la classe politique traditionnelle algérienne. Il n’est que de voir les pseudo débats du Parlement algérien pour être pénétré de dégoût envers la plupart de ces prétendus représentants du peuple. L’exemple type de ce répugnant exercice de lâcheté collective et de soumission moyenâgeuse au sultan du moment a été la mascarade de l’amendement de la Constitution pour permettre au Président de le demeurer jusqu’à plus soif. L’habileté du pouvoir algérien et sa capacité à perdurer résident donc, non dans une intelligence exceptionnelle des courants traversant la société algérienne, mais plus prosaïquement, dans son impressionnante capacité à corrompre ceux qui gravitent autour de lui.
Ces émeutes de jeunes sont là pour rappeler que les Algériens, et, en particulier les jeunes Algériens, ne se reconnaissent absolument pas dans le personnel politique censé les représenter.
- Une expression juvénile, spontanée et désespérée (harraga et immolations…) se substituant au vide politique ?
Quelle tragédie que des jeunes gens en arrivent à jouer leur vie à pile ou face dans des embarcations de fortune ou, pire, à offrir leur corps aux flammes pour simplement clamer: je ne veux plus vivre dans cette Algérie de tricheries et de désespoir, je préfère mourir dans la plus effroyable des souffrances que de respirer une minute de plus dans ce pays où je suis moins considéré qu’un chien ! Chaque immolation est un acte d’accusation sans appel : partez, messieurs du pouvoir, partez ! La honte devrait vous envahir d’être capables de provoquer pareil geste chez les plus jeunes de vos concitoyens !
Chaque immolation s’adresse aussi, et tragiquement, au reste du peuple algérien : comment peut-il supporter sans réagir qu’un des siens flambe, au sens propre du mot, de colère et de tristesse devant le sort fait au pays qui est le bien commun de tous ceux qui l’habitent ?
- L’effet des « révolutions tunisienne et égyptienne » aidant, l’état d’urgence en Algérie va être levé d’une manière sélective (sauf dans la capitale, Alger). La répression de la marche pacifique du RCD et l’interdiction de celle du 12 février sont-elles des preuves patentes que le régime est autiste ?
À propos de cette interdiction de la marche du 12 février, j’ai envie de poser une seule et simple question: qui êtes-vous, monsieur le Président, monsieur le Premier ministre, messieurs les ministres pour refuser à des Algériens le droit inscrit dans la Constitution de manifester pacifiquement, dans leur capitale ou dans d’autres villes d’un pays où tant de martyrs ont donné leur existence pour que, justement, leurs enfants puissent exercer enfin des droits de citoyens ? Qui peut croire un instant à vos arguments sur la sécurité publique ? Ne serait-ce pas plutôt la peur de voir remettre en cause la pérennité de votre pouvoir par des citoyens ordinaires usant de leurs droits constitutionnels ?
- Les leçons tunisienne et égyptienne n’ont-elles pas été retenues ?
Les dirigeants autoritaires croient toujours pouvoir ruser avec les aspirations profondes des peuples. Forts de leur armée et de leur police, ils le peuvent un temps. Mais les exemples tunisien et égyptien démontrent de manière éclatante que la ruse finit toujours par être déjouée. J’espère seulement que le prix à payer pour cette nouvelle libération ne sera pas trop élevé. K. Smail | |
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