Philippe-Henry Dacoury-Tabley, l'Ivoirien qui gouverne la Banque centrale des États d'Afrique de l'Ouest (BCEAO), vient d'être démis de ses fonctions pour avoir piégé Alassane Ouattara, le président élu de Côte d'Ivoire.
Il est reproché à ce gouverneur, proche de Gbagbo, viré lors du dernier sommet des 8 chefs d'État membres de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) à Bamako, dont la BCEAO est la banque d'émission, d'avoir enfreint l'ordre reçu de n'opérer de transferts financiers vers la Côte d'Ivoire qu'entre les mains du président Ouattara ou de son représentant dûment accrédité. Or, contre toute attente, tous les versements adressés à Abidjan, soit un montant compris entre 60 et 100 milliards de francs CFA (91,5 à 152,4 millions d'euros) depuis un peu plus d'un mois suivant la date de cet ordre, ont pris la direction de Gbagbo, permettant ainsi à ce dernier de contourner tout le dispositif mis en place par l'Union européenne pour le contraindre financièrement à quitter le pouvoir.
Certes, cette dernière l'a sanctionné en l'interdisant d'entrer dans son territoire et en y gelant ses avoirs, mais c'est toute la stratégie d'étouffement souhaité du chef d'État autoproclamé, préférée de loin à une intervention militaire, que l'acte d'insubordination dudit gouverneur remet en cause avec le risque que l'on sait, celui de donner les moyens au régime illégal de Gbagbo de perdurer.
Ouattara, en spécialiste financier qu'il est - puisqu'il avait occupé les fonctions de haut dirigeant du FMI - aura donc manqué gravement d'attention sur une question extrêmement sensible et ne doit donc s'en prendre qu'à lui-même.