Dans cette Algérie, dite pourtant de cocagne, on aura tout vu, sauf à imaginer, même de façon fugace, qu’on puisse s’en prendre à un enfant de 28 mois, pour l’enlever et, de ses parents, exiger pour sa libération une rançon de 5 millions de dinars.
C’est bien pourtant, d’après la presse de ce matin, le cas d’Abderaouf, fils d’un concessionnaire automobile de Tizi Ouzou, qui a été ravi à sa famille, à l’occasion d’une visite rendue aux grands parents, sis à Beni-Tamou, dans la wilaya de Blida.
L’enfant jouait avec son oncle, au moment de l’enlèvement. La séquestration, puis les négociations intervenues par suite entre les ravisseurs et sa famille sous le contrôle de la gendarmerie dûment alertée, la libération enfin du jeune captif donnent de la société, d’une part, et de l’Etat, d’autre part, une image décadente et exécrable. Jugeons-en !
D’abord, le principal instigateur du rapt n’est autre que son propre oncle, un jeune de 20 ans, étudiant en informatique de son état, qui était de mèche avec trois ou quatre autres camarades, également étudiants, qui avaient ensemble prémédité le coup et attiré, depuis Tizi Ouzou, leur lieu de résidence, les parents de l’enfant dans le guet-apens tendu aux environs de Blida. Question : L'école devient-elle, le vivier de la délinquance, après avoir montré trop de dispositions à former des terroristes de la nébuleuse intégriste ?
Ensuite, si cet enlèvement est intervenu après des dizaines d’autres, qui se sont soldés généralement par la libération des otages, moyennant paiement des rançons exigées, se pose l'autre brûlante question de savoir où est la place de l’Etat, le rôle des services de sécurité, la loi elle-même qui est censée répondre beaucoup plus énergiquement à cette nouvelle forme de terrorisme et dissuader d’éventuels ravisseurs de cette engeance ?
Nous avons vu le sort réservé à des milliers de terroristes capturés pourtant au prix le plus fort payé par les soldats, les policiers, les gendarmes et les patriotes. Nous connaissons l’étendue des primes et autres avantages qui leur ont été grassement distribués pour avoir, en bêtes sauvages et immondes qu'ils sont, atrocement égorgé des dizaines de milliers de leurs compatriotes, innocents le plus souvent, appartenant pour la plupart au petit peuple, et qui avaient eu le seul tort de résider dans des villages isolés et peu sécurisés. Nous savons à quel fonds de commerce se sont livrés les thuriféraires de l’odieuse réconciliation nationale, pour encenser son initiateur et tenter même de soutenir en sa faveur un dossier d’attribution du prix Nobel. Mais alors, que faut-il faire, désormais, pour mettre fin à cette étrange démission de l’Etat tout entier devant ses responsabilités les plus élémentaires ?